« Le carême, un temps pour vivre intensément ce qui doit être notre quotidien » par le P. Michel Deswarte

En cette année sacerdotale, des prêtres partagent leur façon de vivre et de voir le Carême.
Eclairage et témoignage du père Michel Deswarte, prêtre du diocèse de Lille
 

Je revis ce carême comme un temps de retour aux sources. J’y vois une démarche personnelle mais aussi communautaire : la communauté se prépare à retrouver ses racines dans le mystère pascal et à accueillir de nouveaux baptisés ; ils seront cinq dans la paroisse cette année. Je suis sensible à cet appel au vivre mieux le message évangélique.

Concernant la prière, je veille à conjurer la routine : ne serait-ce que dans le ton de voix, je m’efforce de toujours prendre conscience que je parle à Quelqu’un et non que j’accomplis des rites, de prendre des temps de silence.

Dans les multiples réunions, je veille à ce que s’expriment tous les participants, car, tandis que certains prennent facilement la parole et risquent même de l’accaparer, d’autres n’interviennent guère, et j’y vois une forme de pauvreté. Prêtre depuis 70 ans, l’expérience m’a appris qu’il est des silences riches, mais dont la richesse a besoin d’être sollicitée pour être partagée. L’Esprit travaille dans le silence.

Je suis attentif et je demande aux autres d’être attentifs à tout ce qui nous laisse trop indifférents à un statu quo de la misère qui est scandaleux, on s’habitue trop à l’injustice sans s’indigner, surtout sans travailler à l’éradiquer. Les prophètes n’hésitaient pas à secouer leur peuple. Tels Osée ou Isaïe, dont nous lisions un extrait particulièrement percutant le vendredi après les cendres.

Dans le message de carême de Benoît XVI et dans de nombreuses interventions récentes, nous retrou-vons en d’autres termes cet appel à la justice. Certes, le pape met d’abord l’accent sur le changement du cœur, car nous avons tendance à attribuer le mal de l’injustice uniquement à des causes extérieures, à des structures inadaptées, à un système…… Mais il rappelle que Dieu « s’est ému de la misère de son peuple » et que Jésus demande « une justice  »plus grande », celle de l’amour ». Et il en conclut : « Fort de cette expérience, le chrétien est invité à s’engager dans la construction de sociétés justes où tous reçoivent le nécessaire pour vivre selon leur dignité humaine et où la justice est vivifiée par l’amour ».

Vaste programme. Ma conviction est très forte que la visibilité de l’Église passe obligatoirement au-jourd’hui par l’engagement au combat vigoureux, par une parole forte et par le témoignage sur le ter-rain. Au-delà du caritatif, il faut en amont agir sur les causes. C’est le moment favorable, ce sont des jours salutaires !

Père Michel Deswarte