Une « année sacerdotale », par Mgr Dupleix

Pour quelles raisons, le pape Benoît XVI a-t-il décidé de relayer l’année saint Paul qui s’achève ces jours-ci par une année sacerdotale ? L’on perçoit assez aisément, a priori, le lien solide qui existe entre l’Apôtre des nations et tous ceux qui, depuis le début de l’Église et en collaboration avec le ministère des évêques, répondent à l’appel du Christ en engageant leur vie entière au service de l’Évangile.Mais il y a plus. Cette année sacerdotale coïncide également avec le 150ème anniversaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney, patron non seulement de « tous les curés de l’Univers » mais, conformément au désir du pape, de tous les prêtres du monde, quelle que soit leur responsabilité. Elle peut donc aider les communautés catholiques à prendre davantage conscience du rôle essentiel des prêtres pour la vie et la mission de l’Église dans le monde.

Nous connaissons, en France en particulier, la situation difficile dans laquelle se trouve le clergé du fait de la diminution effective du nombre des prêtres et séminaristes. Mais cette situation ne pose-t-elle pas, en creux, la question de la responsabilité des communautés chrétiennes et celle de la prise en charge de l’évangélisation ?

Le ministère des prêtres est absolument indispensable à la vie de l’Église. Le contenu et la finalité de ce ministère sont radicalement les mêmes depuis les premiers siècles, même si la forme en a nécessairement évolué. La référence au saint Curé d’Ars ne peut être envisagée, en ce sens, comme une copie conforme mais doit être comprise comme une dynamique spirituelle et pastorale, Jean-Marie Vianney pouvant continuer d’en être, aujourd’hui, le modèle et la source.

Nous ne pouvons éviter de nous demander, nous prêtres, si nous apparaissons suffisamment crédibles pour donner envie de nous suivre. Je ne pense pas qu’il faille nous imputer fragilités ou faiblesses plus qu’il ne convient – ceux qui ne risquent pas leur vie ne risquant pas l’erreur – mais peut-être le véritable sens de nos engagements et de notre mission n’est-il pas suffisamment perçu…

Tout, dans l’existence des disciples du Christ et nonobstant leurs insuffisances, est façonné par l’Évangile et son message d’amour et de réconciliation, de liberté et de paix. Mais cela va indissociablement de pair avec la conscience d’être attaché à la personne du Christ définitivement et sans limite.

Fallait-il consacrer une année à cette conviction ? Personnellement, je le pense, mais nous jugerons aussi cette initiative à ses fruits…

Mgr André Dupleix, secrétaire général adjoint de la conférence des évêques de France, Juin 2009.