Depuis mon ordination en 1986, une phrase de l’évangile de Luc a guidé ma vie de prêtre : « Dites aux gens, le Royaume de Dieu est tout proche de vous ». Cette phrase peut sembler étonnante et pourtant, au fur et à mesure de mon histoire, j’ai compris à quoi elle m’appelait : être témoin comme prêtre de la présence déjà active de Dieu au cœur de la vie de chacun, accueillir une parole de foi sur ce qui se vit au plus profond de chacun. Dieu est tout proche de notre vie, Dieu s’intéresse à ce qui nous touche. Etre prêtre, c’est proposer à chacun d’en prendre conscience et de s’en réjouir (…) Ce qui m’est donné, et aussi à la communauté chrétienne, à travers toutes ces rencontres, c’est de pouvoir m’émerveiller avec vous de l’action de Dieu en chacun, du Christ qui nous rencontre dans les moments difficiles comme dans les moments joyeux. Chaque rencontre est comme la possibilité d’accueillir un des traits du visage du Christ, chaque rencontre me fait découvrir un peu plus avec la communauté chrétienne ce que c’est que d’être prêtre.
 

(…) De 1961 à 1965, années d’insertion et de grand séminaire, c’est le concile Vatican II. Chance de vivre ces années d’études à la découverte, pas à pas, du concile. Nous avions conscience que des chemins nouveaux s’ouvraient pour la vie en Eglise et pour sa manière de se situer dans le monde. Je crois me souvenir que nous sommes passés de l’image du prêtre homme du sacré à celle de celui qui partage la vie des hommes, en proximité, et qui, avec eux, lit les signes des temps à la lumière de l’Evangile. Le séminaire et le concile ont nourri notre spiritualité de cette conviction : la foi et la vie se fécondent mutuellement. Prêtres, nous sommes envoyés pour que l’Eglise serve, conjointement, la vie et la rencontre de Jésus-Christ (…)
 

(…) Quelques convictions et conseils pour l’actuelle et future mission du prêtre diocésain en lien avec ce que j’ai vécu : le prêtre diocésain est appelé à être un ministre itinérant pour des communautés stables, et non plus un curé résident chargé de tout ou presque. Ce qui suppose un partenariat et un partage des responsabilités sans prise de pouvoir ni abus d’autorité, aussi bien de la part du prêtre que de la part des laïcs. Ces ministres itinérants nous rappellent l’expérience de saint Paul et de ses compagnons visitant sans cesse les communautés et leurs responsables.
Cela suppose une relation vraie et renouvelée qui est avant tout un service, ce qui entraîne une certaine dépendance au temps, et qui demande avant tout de vivre le présent. Le temps est un don de Dieu : nous recevons le temps comme nous accueillons la vie, nous n’en sommes pas propriétaires. Entre le passé qui n’est plus et l’avenir qui n’est pas encore, vivre le moment est le grand secret de la vie spirituelle aujourd’hui. Le temps est un cadeau que Dieu me fait à chaque minute.
Nous sommes des prêtres de la nouvelle alliance, à la suite et à l’image du Christ, appelés par Dieu et par l’Eglise à être les pasteurs du peuple de Dieu, à la fois proches de Dieu et proches des hommes, dignes de foi et de miséricordieux suivant les termes de la lettre aux Hébreux.