Patrick Gohet, délégué interministériel aux personnes handicapées

Logo_pastorale des personnes handicapéesMesdames, Messieurs,

Vous m’avez proposé d’intervenir à la fin de vos travaux. J’ai été sensible à votre invitation et c’est bien volontiers que je vous aurais rejoint si mon emploi du temps me l’avait permis. Malheureusement, je suis retenu par des activités qui s’inscrivent dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne.

Aussi, c’est au moyen de ce message que je tiens à m’adresser à chacune et chacun d’entre vous. Tout d’abord, je tiens à saluer le thème que vous avez retenu et à souligner le fait que vous y ayez associé les personnes handicapées.

Dans notre société démocratique, la vision de chaque famille de pensée doit pouvoir être exprimée et concourir au plus large accord possible pour le service de la promotion de la personne humaine.

Si, parmi nos concitoyens, il en est dont la qualité de vie dépend d’un tel accord, ce sont bien les personnes handicapées.

Le 11 février 2005 était promulguée la loi dite pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. En tout premier lieu, cette loi définit le handicap. Elle affirme qu’il est le fruit de la rencontre entre les incapacités qu’une personne peut connaître du fait de déficiences, d’une part, et l’inadaptation de la Cité, d’autre part.

Cette définition constitue un progrès considérable. En effet, en reconnaissant des causes collectives à la production du handicap, elle établit et précise les responsabilités de la société. Elle libère les personnes handicapées d’une stigmatisation qui les isole et peut provoquer leur souffrance.

Une fois cette définition retenue, la loi apporte une réponse à chacune des deux sources de handicap.

Aux incapacités, elle répond par une compensation personnalisée qui prend la forme d’aides humaines, techniques, animalières…, de l’aménagement du domicile, du véhicule…

A l’inadaptation de l’environnement, la loi nouvelle oppose une politique d’accessibilité profondément rénovée. En effet, l’accessibilité concerne dorénavant toutes les formes de handicap : moteur, auditif, visuel, mental, psychique, cognitif, multiple…

Par ailleurs, cette accessibilité s’applique à toutes les activités de la Cité : les établissements qui reçoivent du public et les transports, certes, mais aussi l’enseignement, l’emploi, le logement, la culture, les loisirs, le sport, la santé, la vie citoyenne…

Pour garantir la mise en œuvre réelle d’une telle politique, la législation du 11 février 2005 contribue à la constitution d’un authentique réseau de solidarité. Les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) pour la simplification des procédures et la proximité des réponses, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) pour l’égalité de traitement sur l’ensemble du territoire national.

Voici brossé dans ses grandes lignes le tableau des nouvelles dispositions qui concernent nos concitoyens handicapés.

Cette loi du 11 février 2005 n’est pas uniquement un texte de circonstance. C’est une authentique loi de société qui vise à répondre à la première des aspirations des personnes handicapées : être regardé et considéré comme une personne à part entière, être regardé et considéré comme un acteur de sa propre vie et de celle de la collectivité, être regardé et considéré comme un sujet de droit accomplissant les devoirs de tous…

La politique du handicap procède évidemment de la solidarité due à celle et ceux d’entre nous qui sont confrontés à des obstacles dans leur autonomie et leur insertion, dans leur mobilité, leur communication avec autrui, leurs difficultés d’appréhension de l’espace et du temps.

Au-delà, cette politique s’inscrit dans la mise en œuvre de la troisième des valeurs de la République : la fraternité. Le principe est clair : quels que soient ses origines, sa condition, ses convictions, son état physique et mental, tout individu est égal en valeur à n’importe lequel des autres membres du corps social.

Le message auquel vous vous référez et qui vous unit ici, le christianisme, tient une place essentielle, avec d’autres approches, dans l’édification d’une telle conception de la personne humaine.

Au cours de ces trois journées, vous ne manquerez pas d’approfondir les multiples facettes et les nombreuses implications de la doctrine de vie qui fonde votre pensée et votre action.

A la faveur du dialogue entre vous-même et les différentes familles de pensée, vous contribuez à l’harmonie au sein de notre société. Cette harmonie ne peut résulter que de l’écoute réciproque, du respect mutuel, de la compréhension des divergences de point de vue et de la recherche de la plus large entente possible. C’est là que réside sans doute l’essentiel de l’aventure humaine.

A l’évidence, celles et ceux d’entre nous que l’on dit handicapés ou en situation de handicap ont besoin que de telles valeurs président aux destinées de notre société pour que celle-ci leur soit la plus accueillante et la plus fraternelle possible.

Patrick Gohet,
Délégué Interministériel aux Personnes Handicapées