Quelle inspiration pour l’Europe ?
Le pape François s’est exprimé à plusieurs reprises sur l’Europe (cf. textes fondateurs). Il invite les chrétiens à contribuer à la construction européenne, à « redonner une âme à l’Europe ». Quelle est donc cette possible contribution chrétienne ? Et comment participons-nous à la construction européenne ? Eléments de réponse avec le père Grégoire Catta, directeur du SNFS.
Redonner une âme à l’Europe ?
Tout d’abord, l’invitation à « redonner une âme à l’Europe » doit être bien comprise. Il ne s’agit pas d’imposer un modèle politique et social chrétien préétabli mais, en entrant en dialogue avec d’autres, croyants ou non, de puiser dans notre tradition une inspiration pour construire ensemble un projet commun, comme l’arbre fait monter de ses racines une sève qui lui donne un élan.
Personne et communauté
Dans cet esprit on peut alors souligner qu’au fondement du projet européen qui s’est mis en œuvre après la Seconde Guerre mondiale et qui est devenu peu à peu l’Union Européenne il y avait le désir de donner vie à une réalité humaine avant d’être institutionnelle, politique ou sociale. Comme le disait un ministre belge au jour de la signature du traité de Rome en 1957 : il s’agit « d’une conception de la vie à la mesure de l’homme fraternel et juste » [1]. Or mettre l’accent sur la personne humaine est bien une valeur fondamentale du Christianisme. « La plus grande contribution que les chrétiens puissent offrir à l’Europe d’aujourd’hui, c’est de lui rappeler qu’elle n’est pas un ensemble de nombres, d’institutions, mais qu’elle est faite de personnes » [2]. Mais reconnaître que nous sommes des personnes c’est immédiatement souligner aussi que nous sommes des êtres de relations appelés à former une communauté. Dans la tradition chrétienne, nous parlons de corps, de peuple, de famille humaine… La racine du projet européen est précisément dans une aspiration à s’unir dans les différences, à approfondir les coopérations, les solidarités, à faire davantage communauté.
Dialogue, inclusion, solidarité, développement, paix
A partir de ces fondements que sont la personne et la communauté, le pape invite les chrétiens à apporter diverses pierres à l’édifice Europe [3]. Contribuer à faire de l’Europe « un espace de dialogue » où tous, y compris les exclus, les sans-voix, les oubliés, puissent être écoutés et contribuer à la poursuite du bien commun. Contribuer à faire de l’Europe « une communauté inclusive », qui sache valoriser les différences, les accueillir comme des richesses, les intégrer pour en faire un patrimoine commun. C’est notamment le défi posé par la question migratoire. Contribuer à faire de l’Europe « un espace de solidarité » notamment par la sollicitude marquée vis-à-vis des plus faibles et également le souci de la collaboration et du soutien mutuel entre les générations. Contribuer à faire de l’Europe une « source de développement », un développement qui soit intégral c’est-à-dire pas seulement matériel et économique mais aussi humain, relationnel, spirituel… Un développement de tout l’être humain et de tous les êtres humains [4] indissociablement lié au soin à porter à la création, notre maison commune. Contribuer à faire de l’Europe une promesse de paix, une paix qui nécessite de promouvoir une véritable culture de la paix qui est recherche de justice.
[1] P.H. Spaak, Discours prononcé à l’occasion de la signature des traités de Rome, 25 mars 1957.
[2] François, Discours aux participants à la conférence ‘(Re)thinking Europe’, 28 octobre 2017
[3] François, Discours aux participants à la conférence ‘(Re)thinking Europe’, 28 octobre 2017
[4] Paul VI, Populorum progressio (1967), 14.
Père Grégoire Catta, directeur du Service national Famille et société