Sœur Emmanuelle, blogueuse et religieuse
Emmanuelle Bertho, connue aussi sous le pseudo Cybersister, fête ses cinquante ans de vie religieuse. Cinquante ans d’apostolat au service des jeunes à Fontenay-le-Comte (Vendée), au sein d’une congrégation, les Sœurs des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie (Mormaison), qui célèbre son bicentenaire. Rencontre à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour les vocations ! Par Florence de Maistre.
Brune, petite et tonique, sœur Emmanuelle reçoit dans le pavillon, juste à côté d’un centre commercial, où elle vit en communauté avec deux autres sœurs âgées de 86 et 87 ans. Elle, préfère éviter de parler de son âge, mais lance : « Je suis arrivée ici le 29 février 1968, encore un anniversaire ! » Originaire de Bures-sur-Yvette en région parisienne, elle découvre la vie religieuse grâce à la communauté locale des Sœurs de l’Union Chrétienne. Elle apprécie le charisme de fraternité des religieuses et sympathise en particulier avec sœur Odette. Son conseil ? « Va voir la maison mère à Fontenay ! » La dimension d’ouverture est un des critères qui guide Emmanuelle dans son choix, la congrégation ayant une mission à La Réunion. Finalement, sa vocation s’épanouit pleinement en Vendée… et sur le web.
Grâce à sa formation initiale en secrétariat, sœur Emmanuelle enseigne au lycée Notre-Dame à Fontenay-le-Comte, d’abord auprès des élèves de BEP, puis au sein de la section médico-sociale. En fin de carrière, elle assume aussi un tiers temps de documentaliste. « J’ai connu toutes les évolutions depuis la machine à écrire mécanique. J’ai tout de suite trouvé Internet génial ! Je me suis formée sur le tas à chaque fois pour répondre aux attentes des élèves », explique sœur Emmanuelle. Aujourd’hui encore, elle aime découvrir de nouveaux outils pratiques et y initier son entourage : « j’ai proposé à notre curé d’utiliser doodle et google agenda ! » Les réseaux sociaux n’ont pas de secret pour elle, mais elle préfère prendre la parole sur son blog, « la web attitude, le blog de cybersister ». Elle l’anime sans contrainte ni de rythme, ni de style, s’autorise parfois quelques coups de gueule. « Je sens qu’il y a sur ce terrain-là une forme d’évangélisation possible. J’ai par rapport à certains évènements quelque chose à dire en tant que religieuse, en tant que chrétienne. C’est une bouteille à la mer. » Message reçu cinq sur cinq au-delà des frontières : elle a notamment reçu les encouragements de Vendéens expatriés !
En 2011, la congrégation des Sœurs de l’Union Chrétienne de Fontenay fusionne avec les Sœurs des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie. « Nous partageons cette même forte implantation dans le diocèse de Luçon. Cet enracinement nous permet de vivre en proximité avec les habitants, de soutenir les prêtres. C’est auprès des gens que nous croisons tous les jours que nous sommes appelées à être témoin du Christ et de sa Bonne Nouvelle. » Depuis plus d’un an et jusqu’au 10 juin prochain, les Sœurs des Sacrés Cœurs jubilent ! L’anniversaire des deux cents ans de leur fondation est l’occasion de faire mémoire de l’histoire, mais aussi d’engager de nouvelles dynamiques et d’en rayonner.
L’un des temps forts ? La création de la comédie musicale « L’Hôtel du cœur » ! Soixante jeunes volontaires, collégiens et lycéens de l’enseignement catholique de Vendée, accompagnés par Tristan de Groulard et son association Comédie Musicamp, ont relevé le défi. Les représentations ont rassemblé cet hiver plus de 5650 spectateurs. « Certains jeunes acteurs étaient déjà engagés dans un chemin de foi. D’autres auront peut être fait des découvertes, au moins sur le plan humain, relationnel et personnel. Tous ressortent véritablement transformés par cette expérience. C’est une grande joie de les voir épanouis ! Nous sommes heureuses de leur avoir fait confiance et offert cette chance. La suite leur appartient ! » Pour l’heure outre ses divers engagements en paroisse, sœur Emmanuelle réfléchit, avec le conseil provincial dont elle est membre, à la restructuration de la congrégation et porte le souci de l’accompagnement de ses sœurs dans ces prochaines évolutions. Comme de nombreux diocésains, elle attend aussi un nouvel évêque, « un homme de paix et d’écoute ».
En chiffres
Fondée par le P. Pierre Monnereau en 1818 aux Brouzils (Vendée), la congrégation des Sœurs des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie compte 520 religieuses. En France, elles sont 380 réparties en 43 communautés dans neuf diocèses, y compris La Réunion, dont 28 petites communautés dans le diocèse de Luçon. La congrégation est présente à Madagascar, en République dominicaine, au Congo et au Canada. Les sœurs travaillent à l’humanisation et à l’évangélisation dans un esprit d’amour, de proximité et de solidarité avec le peuple dont elles font partie. Elles privilégient les services d’éducation, de santé, de pastorale.