23 février 2018 : prier et jeûner pour la paix au Congo

La Conférence épiscopale du Congo, dans une déclaration publiée le 19 février, au terme d’une assemblée plénière extraordinaire consacrée à la crise que connait actuellement le pays, réaffirme son engagement en faveur du bien-être du peuple, de la promotion de la dignité de la personne, du respect des libertés et des droits fondamentaux. Cette déclaration était très attendue dans la perspective de la nouvelle marche annoncée par le Comité Laïc de Coordination pour le dimanche 25 février, alors que le pape François a invité à une journée de prière et de jeûne pour la paix « en particulier pour les populations de la République démocratique du Congo et du Soudan du Sud », le 23 février prochain.

26 septembre 2016 : Le pape François reçoit Joseph KABILA, président de la République Démocratique du Congo en audience privée au Vatican, Rome, Italie. September 26, 2016: Pope Francis meets the President of the Democratic Republic of the Congo Joseph KABILA in the private library of the apostolic Palace at the Vatican.

Qu’est-ce que je peux faire, moi, pour la paix ? Telle est la question que le pape François renvoie à chacun, en même temps qu’il invite à une journée de prière et de jeûne pour la paix « en particulier pour les populations de la République démocratique du Congo et du Soudan du Sud », le 23 février prochain. Le 10 janvier dernier, Monseigneur Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, adressait un message de soutien au cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa.

Que se passe-t-il en République Démocratique du Congo ? Le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, aurait dû quitter celui-ci en décembre 2016, la constitution de son pays lui interdisant de se représenter. Un peu plus d’un an plus tard, il est toujours à sa tête…

Sous différents prétextes, Joseph Kabila a reporté les élections, maintenant prévues en décembre 2018, gagnant ainsi en toute illégalité deux ans de mandat. Pour sortir de la crise, un accord dit « de la Saint-Sylvestre » avait été conclu en décembre 2016 entre le gouvernement et l’opposition, grâce à la médiation de la Conférence épiscopale congolaise (CENCO). Il prévoyait un temps de transition politique pour permettre d’organiser des élections libres et transparentes (présidentielles, législatives et communales) avant la fin 2017. Cet accord est resté lettre morte, et le 31 décembre 2017, un collectif d’associations catholique, le Comité Laïc de Coordination, a appelé dans tout le pays à des manifestations pacifiques pour demander à la fois l’application de l’accord de la Saint-Sylvestre, le départ du président Kabila et l’alternance démocratique. Des marches violemment réprimées jusqu’à l’intérieur des églises, des arrestations en nombre, des morts dans plusieurs villes du pays.

L’Église qui était en première ligne dans les résolutions de sortie de crise est également en première ligne dans la lutte pacifique pour une véritable démocratie au Congo, comme elle l’est en tant que victime de la répression qui s’ensuit. Le Comité Laïc de Coordination est soutenu par la Conférence épiscopale, le cardinal Monsengwo et d’autres évêques n’ont pas hésité à associer les morts du 31 décembre à une messe pour les martyrs de l’indépendance. « Il est révolu le temps où l’on cherchait à conserver le pouvoir par les armes, en tuant son peuple. Celui qui respecte la Constitution n’a rien à craindre de la justice », affirmait déjà le cardinal il y a un an dans son homélie de la messe de Noël, « Il est temps que les médiocres dégagent », lançait-il il y a un mois. Et Monseigneur Fridolin Ambongo Besungu, qui vient d’être nommé évêque coadjuteur de Kinshasa, est connu pour être un opposant au régime. La crise est plus que jamais ouverte entre le pouvoir et l’Église congolaise.

Qu’est-ce que je peux faire, moi, pour la paix ? Le Congo peut nous sembler loin, mais des possibilités nous sont offertes pour contribuer au retour de la paix. Cette journée de prière et de jeûne proposée par le pape François en est une, alors qu’il invite en même temps à dire concrètement non à la violence, « parce que les victoires obtenues avec la violence sont de fausses victoires, alors que travailler pour la paix fait du bien à tout le monde ! »

Nous pouvons aussi exercer notre droit de citoyens à alerter sans cesse l’opinion publique et notre gouvernement pour qu’il exige le respect des droits des citoyens congolais comme condition préalable au dialogue avec le pouvoir congolais. Plusieurs ambassadeurs occidentaux, dont l’ambassadeur de France, étaient d’ailleurs présents à la messe pour les martyrs de l’indépendance qui s’est terminée par un plébiscite contre Kabila et à nouveau des mesures de répression policière.

Un certain nombre d’ONG et d’associations, catholiques ou non, restent très attentives à la situation en RD Congo, exerçant une veille sur le respect de la démocratie. Nous pouvons au minimum nous informer auprès d’elles https://mission-universelle.catholique.fr/sinformer/afrique/  ou pourquoi pas les rejoindre.

Nous pouvons aussi participer à la Journée Afrique organisée par le Service national de la Mission universelle qui aura lieu le 11 juin prochain. Elle se centrera sur l’engagement de l’Église dans les transitions démocratiques en Afrique. La RD Congo sera bien sûr l’un des pays abordés

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