Focus sur Amoris laetitia : l’exhortation apostolique post-synodale du pape François sur l’amour dans la famille, qui a eu un très large écho, sera au cœur de la prochaine Rencontre mondiale des familles. La rencontre de Dublin s’annonce comme une grande fête, assurent les organisateurs, d’autant que le Saint-Père devrait rejoindre les participants. Son déplacement n’a pas été annoncé officiellement, précise le cardinal Kevin Farrell, mais le pape François lui a dit personnellement qu’il avait l’intention de venir.

Sous le feu des questions des journalistes, le cardinal Farrell reconnaît qu’Amoris Lætitia a suscité et suscite un débat à l’intérieur de l’Église ; qu’elle a été accueillie par des réactions critiques voire hostiles – certaine très vives – et même par des Dubia formulés par quatre cardinaux. Mais ces polémiques sont le fait d’une minorité, souligne-t-il. Et puis, nous n’allons pas nous focaliser sur le chapitre huit, le plus controversé. L’objectif principal de la rencontre de Dublin est de présenter la vision chrétienne de la famille et de la vie ; de promouvoir le mariage chrétien ; de montrer que le monde a besoin de familles solides. Or, Amoris Lætitia invite justement à redécouvrir la beauté de l’amour humain et du projet chrétien pour la famille. Le cœur de son message, c’est la miséricorde, l’amour, la compassion de Dieu pour ses enfants. Du coup aucune souffrance n’est ignorée, ni celle des migrants, dont les familles sont souvent séparées, ni celle des divorcés remariés…Pour l’Église, insiste le cardinal Farrell, tout être humain est digne de l’amour de Dieu, personne n’est exclu. Et la force d’Amoris Lætitia c’est qu’elle n’ignore pas les blessures.

Pédophilie, environnement, œcuménisme

Et puisque les blessures ne peuvent être ignorées, un séminaire sur le drame de la pédophilie figure au programme de la rencontre de Dublin, alors que l’Église d’Irlande a été l’une des premières à être sévèrement ébranlée par les scandales. Le président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston sera présent à Dublin. Autre question sensible : le défi environnemental ne sera pas non plus passé sous silence. Surnommé à juste titre la Verte Irlande, le pays entend bien rester vert, a plaisanté le cardinal Farrell, lui-même originaire de Dublin. La rencontre aura également une dimension œcuménique grâce à la participation de représentants d’autres confessions chrétiennes.

Pour préparer Dublin, les organisateurs ont mis au point sept catéchèses et pour les rendre plus accessibles, ils ont choisi, pour la première fois, de recourir aux outils numériques. Une vidéo en cinq langues sera mise en ligne le 2 février sur le site www.laityfamilylife.va et sur la chaîne YouTube du Dicastère. Les catéchèses, simples et efficaces, s’ouvrent par une prière et s’achèvent par des questions à partager en famille ou au sein de la communauté ecclésiale. L’itinéraire catéchétique en sept étapes commence par un regard concret sur les familles actuelles et montre que malgré ses fragilités, la famille est créatrice d’une culture nouvelle.

Remettre à flot l’institution familiale

Chaque étape est accompagnée de chants exécutés par le grand ténor italien Andrea Bocelli et par les images de la basilique de Barcelone, Sagrada familia, l’œuvre emblématique de l’architecte Antonio Gaudì. Grâce à force de la musique et de l’art sacrés, explique un père de famille italien venu présenter ce projet novateur, nous espérons remettre à flot l’institution familiale. On notera enfin que la rencontre de Dublin se déroulera quelques semaines avant l’ouverture du Synode des évêques sur la jeunesse, la foi et le discernement vocationnel et sera précédée au mois de mars par un pré-synode auquel sont attendus quelque 350 jeunes. Et ce n’est pas anodin, relève le cardinal Farrell, car il y a un lien étroit entre le mariage et les jeunes. Le synode traitera de la vocation humaine et le mariage est l’une des vocations.

Reste à savoir si le pape François s’exprimera à propos du referendum prévu au printemps en Irlande et qui vise à assouplir la loi sur l’IVG actuellement illégale dans le pays sauf en cas de menace pour la vie de la mère. Interpellé à ce sujet par un journaliste, le cardinal Farrell répond sans hésitation : le Saint-Père s’est déjà exprimé clairement au sujet de l’avortement. La doctrine de l’Église catholique n’a pas changé et aucun doute n’est possible quant à la position du pape François qu’il décide ou non d’évoquer le referendum irlandais.