Catherine de Sienne, co-patronne de l’Europe, un modèle pour aujourd’hui ?
L’Europe dans laquelle vécut Catherine de Sienne était marqué par les conflits et l’incertitude du lendemain : le pape avait fui en Avignon, semant la division non seulement au sein de l’Eglise mais entre les villes, les pays…. La peste noire fauchait les populations des cités européennes.
Si bien sûr le contexte d’aujourd’hui n’a plus rien à voir, les tensions, les incertitudes, les découragements n’ont pas pour autant disparus. A qui en douterait, l’actualité est là pour nous le rappeler.
A sept siècles de distance, en quoi la vie et l’action de Catherine de Sienne peut-elle nous éclairer ?
La première leçon à tirer de son existence est son refus de la résignation. Devant les souffrances et les divisions de son temps, elle ne baissa pas les bras et s’engagea inlassablement au service de la paix et de la réconciliation. Elle était convaincue que « ce n’est ni par le glaive, ni par la guerre, ni par la cruauté » que l’on peut faire le bien mais « par la paix, les prières humbles et continuelles ». Pour cela, elle, la jeune femme analphabète, n’hésita pas à s’adresser aux grands de ce monde, qu’ils soient dirigeants politiques ou religieux, face à face ou par lettre qu’elle dictait, pour les rappeler à leurs devoirs de chrétiens. Ce fut le cas notamment de Charles V de France, Elisabeth de Hongrie, Louis le Grand de Hongrie et de Pologne, Jeanne de Naples. De même, son intervention pour la réconciliation de Florence avec le pape fut significative.
Comme le rappelait le frère Timothy Radcliffe, ancien maître de l’Ordre des Prêcheurs, « Catherine nous invite au courage d’être des faiseurs de paix », parce c’est suivre les pas du Christ qui fit la paix entre Dieu et l’humanité.
La seconde leçon à tirer c’est le refus d’une paix facile, bon marché. La paix pour laquelle elle s’est battue était exigeante, elle n’entendait pas lui sacrifier la vérité ou la justice. L’exercice du pouvoir ne peut être séparé de celui de la charité et de la justice. Il ne peut pas plus s’exonérer de « la sagesse et du courage de dire la vérité ouvertement, avec des mots qui rassemblent au lieu de diviser, qui illuminent au lieu d’obscurcir et qui guérissent au lieu de blesser » (Timothy Radcliffe).
Voilà au moins deux bonnes raisons de découvrir ou redécouvrir Catherine….
Sœur Marie-Laure Dénès,o.p. ex-Directrice du Service national famille et société