Vocations : Dieu appelle là où on ne l’attend pas

congres_vocations_2016Une délégation française, emmenée par Mgr Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, et président du Conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes, a participé, du 19 au 21 octobre à Rome, à un congrès international sur la pastorale des vocations, organisé par la Congrégation pour le Clergé. Les congressistes ont été reçus par le pape François le 21 octobre. Rencontre à l’issue de l’audience. Par Romilda Ferrauto.

D’un bon pas, sourire aux lèvres, ils sortent de la Salle Clémentine où le Pape vient de les mettre en garde contre l’activisme organisateur, la précipitation, la bureaucratisation… Composée de dix personnes, six hommes et quatre femmes – une quasi parité dont elle est fière – la délégation française est l’une des plus importantes numériquement, et ce à la demande de la Congrégation pour le Clergé. « Il faut dire que la France a été le premier pays, il y a plus de cinquante ans, à avoir un Centre national des vocations », précise sœur Nathalie Becquart, directrice du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations (SNEJV), à la Conférence des évêques de France. Et c’est le fondateur de ce centre qui a suggéré au Vatican d’instituer la Journée mondiale pour les vocations. Ce congrès international ? Un beau dépaysement pour Mgr Moutel. « On nous a rappelé, souligne-t-il avec enthousiasme, qu’il ne faut pas trop restreindre le champ de Dieu ». Il peut appeler là où on ne l’attend pas.

Nous nous retrouvons dans un restaurant bruyant du centre de Rome ; une courte pause, dans la bonne humeur, avant de reprendre les travaux. Directeur adjoint du SNEJV,  le Père Didier Noblot constate avec satisfaction que plusieurs dynamiques de l’Eglise en France sont validées par ce congrès, notamment l’idée qu’un service diocésain des vocations doit faire la promotion de l’Evangile et de toutes les vocations. Un point de vue que partage pleinement le Père Thibaud de la Serre, délégué aux vocations pour le diocèse d’Agen. « Le fondement de tout, c’est l’appel universel à la sainteté ».

La crise des vocations, c’est d’abord la crise des vocations chrétiennes, des baptisés… En France, on manque d’abord de chrétiens

Et pourtant, la « crise des vocations » est bien réelle, comment le nier ? « Ce n’est plus une crise quand ça dure, réagit le Père Luc Beneteau, du diocèse d’Angers, une crise c’est momentané ». Pour lui, il faut s’habituer à cette nouvelle réalité « qui peut être douloureuse, mais qui nous oblige à repenser les choses d’une autre manière ». Sœur Sabine Voirin, religieuse du Très Saint Sauveur, du diocèse de Troyes, s’enflamme : « Il faut préciser de quoi on parle quand on parle de crise des vocations. La crise des vocations, c’est d’abord la crise des vocations chrétiennes, des baptisés…..En France, on manque d’abord de chrétiens ».

Mais qu’ont-ils apprécié et retenu de ce congrès ? La rencontre des différences, répond sœur Marie-Valérie Lagarrigue, religieuse de l’Assomption, du diocèse de Bordeaux. « Un corps international a pu entendre une même parole forte », souligne-t-elle avec passion. Même ton chez le Père François Triquet, du diocèse de Cambrai ; avec ses 32 ans, il est le plus jeune membre de la délégation. Pour lui, pas de doute possible : cette diversité lui a permis de confronter les pratiques pastorales, de réajuster quelques points d’orientation.

Le monde a besoin d’hommes et de femmes qui rayonnent l’Evangile

Le Père Luc Beneteau, quant à lui, retient surtout qu’il faut aller au-delà de ses habitudes, aller semer dans des champs nouveaux. En clair : sortir des catégories organisées, adopter une attitude résolument missionnaire. « Quand le pape nous dit de « sortir », moi ça me parle », confie-t-il. Sortir annoncer l’Evangile dans un pays comme la France ? « Non seulement c’est possible, je dirais même que c’est un devoir, vue la situation dans laquelle nous sommes », ajoute Sœur Sabine Voirin.

« Le grand défi, à présent, sera de mettre à profit cette expérience », s’inquiète pour sa part sœur Dorota, du diocèse de Metz. Une préoccupation qui rejoint celle du pape François : « S’il-vous-plaît, que tout ne se résume pas à un beau congrès », leur a-t-il lancé dans son discours. Sœur Dorota est en contact avec des jeunes qui se posent des questions, vocationnelles ou pas. Elle entend bien partager la richesse qu’elle a reçue à Rome et la mettre en pratique concrètement dans des propositions pastorales.

Un congrès international, en tous cas, qui tombe à pic pour les Français car, comme le confirme Mgr Moutel, lors de la prochaine Assemblée plénière des évêques, du 4 au 9 novembre à Lourdes, une séquence importante sera consacrée à l’appel à la vocation de prêtre diocésain.

moutel_becquart_vocations_rome_2016250 congressistes invités par la Congrégation pour le clergé

Près de cinquante évêques et une quarantaine de laïcs et de religieuses, se sont retrouvés pendant trois jours à Rome. Les africains et les asiatiques, qui affichent un dynamisme vocationnel à faire pâlir d’envie, n’étaient pas là, à l’exception des Philippines. Les pays autrefois dit « de mission », dépendent d’un autre dicastère romain : la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. L’appel vocationnel de Matthieu a été largement repris lors du Congrès. Dans son discours, le pape François a appelé les congressistes à sortir de leurs forteresses rassurantes. Il a par ailleurs recommandé aux évêques d’être vigilants et prudents dans la sélection des candidats au sacerdoce. Il faut un discernement dans la vérité car « L’Eglise et le monde ont besoin de prêtres mûrs et équilibrés, de pasteurs intrépides et généreux ». Le congrès international a été précédé par une enquête menée auprès des différentes conférences épiscopales qui ont reçu un questionnaire. Une synthèse a été présentée à l’assemblée. A noter que le prochain synode des évêques, en 2018, portera sur le thème : « Les jeunes, la foi et les vocations ».

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