Attaque de l’EI à Kirkouk
Dans un communiqué de presse daté du 23 octobre 2016, Mgr Yousif Thomas Mirkis, o.p., archevêque chaldéen de Kirkouk (Irak), réagit aux attaques des terroristes de Daesh, dans la nuit du 20 au 21 octobre 2016.
« Quand l’amour et le courage se rencontrent le miracle se réalise ! »
Dans la nuit du jeudi — vendredi 20 — 21 octobre 2016, la ville de Kirkouk en Irak a été attaquée par un groupe important de terroristes (Daesh) visant le gouvernorat et les édifices de la police et de la sécurité. Mais compte-tenu de la forte résistance des troupes de sécurité, les terroristes se sont réfugiés dans les maisons environnantes.
Parmi ces bâtiments environnant le gouvernorat, il y avait le couvent des sœurs dominicaines de Ste Catherine de Sienne et quatre maisons ou notre archevêché logeait des étudiantes universitaires. Notre archidiocèse des Chaldéens accueille en effet, depuis trois ans, les élèves refugiés de notre peuple irakien et toutes les dénominations : chrétiens (pas seulement des chaldéens !), des Yézidis, des musulmans et des Sabéens, leur nombre a dépassé jusqu’à présent 500 étudiant-étudiantes.
Dans les quatre maisons des étudiantes, il y avait 71 étudiantes. Elles se préparaient à commencer les cours à l’université dans diverses disciplines des 13 facultés que comprend l’université de Kirkouk.
Sous la direction M. Imad Matti, (Abu Duraid) qui s’occupe des étudiants et des personnes déplacées dans le diocèse. Nous l’avons interrogé sur ce qui s’est passé, il a répondu :
« A l’aube du vendredi 21 octobre, les étudiantes ont senti qu’il y avait des gens qui escaladaient les maisons et étaient terrés dans les jardins, et commençaient à faire l’appel à la prière musulmane. L’une d’elles a même a photographié l’un d’entre eux fortement armé avec des ceintures explosives. Nous avons prévenu les forces de sécurité sur la gravité de la situation. Elles sont restées toute la journée dans la peur, dans les maisons sans électricité jusqu’au soir, où l’assaut a été donné par les forces spéciales iraquiennes, mais le feu était si intense dans toutes les directions, ils n’ont pas pu les libérer. J’ai fait un plan pour le sauvetage des filles de la première maison, leur nombre était 14, et ce fut fait en dépit des tireurs d’élite sur les toits voisins. Puis nous sommes revenus à 2 heures du matin, pour le deuxième groupe des filles, elles étaient sept. Mais le plus dangereux fut que quatre terroristes étaient déjà dans la même maison où les sept filles étaient cachées dans une pièce adjacente. Les terroristes mangeaient et buvaient, les filles sont restées sous les lits, et le Seigneur a aveuglé les terroristes. J’étais en contact avec les filles par le portable, j’ai pris un risque leur demandant de sortir pieds nus, vers le mur de derrière la maison où nous allions les accueillir une à une. Cela devait se faire en une minute, et ce fut fait. Les forces avec moi ont été d’une efficacité et d’un courage exemplaires. Ainsi dans le noir de la nuit, et en dépit des tirs qui pleuvaient autour de nous, elles ont été toutes sauvées.
Quant au troisième groupe qui était de 30 filles, elles ont été sauvées à cinq heures du matin du samedi, par les forces de « Swat » (contre-terrorisme de la ville de Souleimaniyah).
Je dois dire que je suis en admiration devant le courage de ces 71 filles, leur discipline, et leur obéissance aux instructions, et quelle précision !
Il faut dire aussi que le téléphone portable a joué un rôle crucial dans l’orientation et le déplacement d’un endroit à l’autre de cette opération de sauvetage. Nous ne devons pas oublier non plus le rôle joué par les forces de sécurité et l’efficacité et le professionnalisme dans l’encerclement des terroristes qui se sont confinés et ils se sont fait exploser à l’intérieur d’une maison des étudiantes, le samedi matin.
L’étonnant est le fait que sept étudiantes sont restées sous les lits pour 18 heures sans faire un mouvement, et l’un des quatre terroristes ne s’est douté de rien.
Dans la matinée du samedi les étudiants et les étudiantes ont été transférés à Erbil en bonne santé, pour souffler et récupérer un peu de leurs émotions et rassurer leurs parents et proches ».
Nous espérons que cet incident va leur donner courage, volonté et détermination pour compléter le parcours de leur études, que notre diocèse Chaldéen à Kirkouk a décidé de les prendre en charge, malgré toutes les difficultés, et nous rendons grâce au Seigneur, qui nous a comblés de sa bénédiction, c’est un vrai miracle qu’il a donné, cette nuit à ses enfants. Nous prions aussi pour ceux qui sont morts, et demandons la guérison pour les blessés et tous ceux qui ont souffert un traumatisme ou de pertes.
Mgr Yousif Thomas Mirkis, o.p.
Archevêque chaldéen de Kirkuk et Souleimaniyah
Tweet de Mgr Olivier Ribadeau Dumas, Secrétaire général de la CEF
Avec l’Oeuvre d’Orient, la Conférence des évêques de France finance les études des jeunes étudiants de Kirkouk dont parle Mgr Mirkis. Merci de les aider à continuer à étudier pour rester dans leur pays.
Quelle joie de savoir que les cloches de certaines églises ont pu sonner dans des villages de la plaine de Ninive. Mais à quel prix !