A La Passerelle, donner à boire à ceux qui ont soif
Au 1er étage du centre commercial Euralille existe, depuis 1994, un espace de silence, d’accueil et d’écoute. Ceux qui ont soif trouveront à boire à La Passerelle, lieu de ressourcement œcuménique et ouvert à tous.
Un non-sens commercial ! C’est sans nul doute ce qu’ont pensé dans leur for intérieur les directeurs qui se sont succédés depuis l’ouverture du centre Euralille, il y a déjà plus de 10 ans. Car il n’y a rien à vendre à La Passerelle ! « C’est décalé » confirme Annie Delgéry, laïque missionnée par le diocèse de Lille pour animer ce lieu unique en son genre. Comme il n’a rien d’évident, elle s’applique à participer aux « soirées commerçants », pour le faire (re)connaître. Elle espère profiter prochainement de l’arrivée de nouvelles enseignes pour obtenir de la direction du centre une meilleure signalétique. « On nous trouve quand même grâce aux écrans tactiles » assure-t-elle.
A la création d’Euralille, catholiques et protestants se sont proposés pour faire vivre ce territoire de gratuité prévu par l’architecte dans l’enceinte de cet emblème de la consommation. Aujourd’hui, l’équipe se compose d’une cinquantaine de bénévoles, formés à l’écoute bienveillante. Ils assurent des tranches de 2 heures, du lundi au vendredi, de 10h à 18h. Parce que certains visiteurs sont en grande détresse, les écoutants sont régulièrement supervisés.
Soif de silence… ou de parole
Employés des boutiques et des administrations environnantes, passagers en partance pour la gare, musulmans qui viennent prier… Tous peuvent trouver le calme ou une oreille attentive.
« Il faut aller les chercher » note néanmoins Annie. Pour ce faire, elle a concocté, pour 2015-2016, une programmation sur le thème : « Hymne à la vie ». Conférences, rencontres avec des écrivains (Gabriel Ringlet le 22/02, Paule Amblard le 23/03), contes bibliques pour les enfants, prière du mardi à 13h… Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, est venu célébrer le Mercredi des Cendres, le 10 février dernier.
Et inaugurer l’exposition photos consacrée au Père Bernard Willem, « France-Brésil ». « 60 ans de sacerdoce : un vrai témoin de la Miséricorde » commente Annie, en clin d’œil au Jubilé. Elle aussi a vécu sous d’autres latitudes – Chili, Brésil, Martinique – d’où certainement ce besoin d’ouverture qu’elle insuffle à La Passerelle.
Annie se sent en accord avec ses valeurs, « unifiée ». Le cahier d’intentions de prière est un recueil de « mercis », témoignages que La Passerelle fournit un service qui n’a pas de prix ! « Acquiers la paix intérieure et des âmes par milliers trouveront auprès de toi le salut » disait le saint orthodoxe Séraphin de Sarov (1754-1833). Bien avant les centres commerciaux.