Un festin pour s’interroger sur la faim dans le monde

Festin solidaire 2008 CCFD-Terre solidaire

 

Au cours d’un repas animé par des comédiens, les convives sont invités à prendre la place d’un paysan, d’un éleveur ou d’un pêcheur. Chacun a son histoire et son menu. Une expérience originale du CCFD, à vivre du 16 au 19 octobre à la Villette, à Paris.

 

« Le temps d’une heure, je me suis senti être Joseph. Même si c’est le fruit d’une mise en scène, il n’y a que l’expérience vécue qui permette de comprendre quels drames plus de 925 millions de personnes vivent actuellement, si je parle de ceux qui ont faim et que vivent près de 3 milliards de personnes, si je parle de ceux qui ont des problèmes d’alimentation ».

Medhi Drissi est le représentant de la FAO en France (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation). Il fait partie du Comité scientifique du « Festin Solidaire », une initiative du Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement (CCFD). C’est l’ONG française de développement la plus importante, avec 40 millions d’euros de budget et plus de 500 initiatives soutenues chaque année dans 70 pays. Joseph est l’un des dix personnages de ce repas insolite, jeu de rôle convivial et décalé, dont la deuxième édition a lieu du 16 au 19 octobre.

Le temps d’un déjeuner, chaque convive change de vie. Jacques est un éleveur français victime de la crise de la vache folle. Pongtip cultive le riz en Thaïlande et n’arrive plus à nourrir sa famille. Mourad immigre clandestinement en Espagne et devient journalier dans les serres d’Andalousie. Chacun a sa problématique propre et son menu : boulettes de bœuf pour le Français, riz à l’ananas et dés de poulet pour la Thaïlandaise, potée de pommes de terre au concentré de tomate épicée pour le Marocain.

A travers l’évolution des personnages et le contenu des assiettes, des clés sont données pour comprendre les émeutes de la faim qui ont marqué le printemps 2008. On aborde aussi les questions soulevées par les OGM et les agro-carburants. L’interaction avec les comédiens provoque des échanges entre les hôtes et aboutit à la rédaction de propositions concrètes. Medhi Drissi (FAO) souhaite une meilleure régulation des marchés et des investissements significatifs dans l’agriculture, notamment l’agriculture biologique.

Ce qu’en pensent les Français

Parallèlement à cet événement qui veut faire réfléchir et agir le grand public, le CCFD publie son baromètre annuel BVA, en partenariat avec le quotidien La Croix. Interrogés sur la faim dans le monde, les Français estiment à 58% que la situation se dégrade. Ils sont autant à penser qu’on ne viendra jamais à bout de ce fléau, un pessimisme qui s’intensifie. Pour 83% d’entre eux, l’agriculture paysanne, qui permet de produire en conservant la diversité et les emplois locaux, est le modèle de production le plus efficace pour lutter contre la faim dans le monde. Seulement 9% sont favorables au développement de l’agriculture industrielle.

 

Interview de Joël Thomas, président du CCFD

Pourquoi les chrétiens s’engagent-ils pour lutter contre la faim dans le monde ?

Cette responsabilité leur a été confiée par l’Eglise, par la conférence épiscopale, en 1961, à la demande même du pape Jean XXIII. Il y avait eu appel de la FAO, relayé par le pape qui avait invité les chrétiens à se mobiliser pour combattre la faim. En France, les chrétiens, les mouvements et organisations, les services d’Eglise, se sont regroupés à l’instigation de la Conférence des Evêques de France, pour mettre en place le CCFD. Nous avons mis en place tout ce qui concerne le développement, comme étant une réponse au problème de la faim. Il ne s’agit pas simplement d’aller apporter des sacs de nourriture, il s’agit également que des hommes et des femmes soient en capacité de développement pour leur permettre de résoudre le problème de la faim.

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