L’Homme au cœur des enjeux de l’écologie

M. Jean-Louis Borloo a partagé ses convictions et ses interrogations au cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, en présence de plusieurs évêques, le 23 février à la maison de la Conférence des Evêques de France. Il a notamment invité l’Eglise à mieux communiquer sur la sauvegarde de la Création.
A l’origine de ce rendez-vous, une rencontre entre le cardinal Philippe Barbarin et Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, au cours de laquelle le ministre a exprimé son souhait de s’entretenir avec des évêques.

L’objectif était de « voir comment l’Eglise pouvait associer sa voix à la défense de l’écologie dont les enjeux sont avant tout au service de l’Homme » relit Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen et Président du Conseil Famille et Société. Ce temps était d’autant plus attendu par le responsable politique que ce dernier estime qu’il y a une véritable « urgence », à l’approche du sommet de Copenhague sur les changements climatiques, fixé par les Nations Unies en décembre 2009. Pour Jean-Louis Borloo, rapporte Mgr Descubes, « si tout le monde ne s’unit pas pour prendre conscience des enjeux de l’écologie, c’est le sort de l’Homme dans les prochaines années qui est en danger ».

Une conviction qui va de pair avec une certaine « souffrance », selon le cardinal Barbarin. « C’est une responsabilité nationale avec une dimension planétaire évidente. L’enjeu est considérable, analyse à chaud l’archevêque de Lyon. « Réactions d’égoïsme » et « règlement de compte entre les riches et les pauvres », voilà ce que craint Jean-Louis Borloo au sommet de Copenhague. Cet événement international pourrait être « le début de la Troisième Guerre Mondiale » comme « le plus grand accord qu’on ait jamais vu sur la planète ».

Mais qu’attend-il de l’Eglise ? « Je n’ai pas l’impression de vous entendre » a dit le Ministre en substance, citant pourtant les initiatives œcuméniques et l’implication des papes Jean Paul II et Benoît XVI sur la sauvegarde de la Création. Ce à quoi le cardinal Barbarin répond : « Nous sommes prêts à agir parce que nous savons que le premier acte d’amour de Dieu, c’est de créer le monde. On lit dans la Bible, Dieu créa le monde et dans le Credo, « Je crois en Dieu, Le Père Tout-Puissant, Créateur » : c’est cela qui est sûr et premier. Ce dogme est en premier, tous les autres suivent. La position chrétienne s’enracine là. Nous sommes pour agir dans ce domaine ».

 

« Un bon exemple du dialogue Eglise et société »

« Je pense qu’il est extrêmement important qu’il y ait une rencontre régulière des différents courants religieux et des responsables de la société dans tous les domaines, pour que notre réflexion, qui n’a pas pour but de donner des solutions pratiques mais de soulever des enjeux fondamentaux, puissent aider à la recherche de solutions. C’est un bon exemple de ce que peut être le dialogue Eglise et société » conclut Mgr Descubes.

« C’est pour moi une invitation à réfléchir davantage encore au mystère de la Création, retient Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry-Corbeil-Essonnes et membre du Conseil Famille et Société. C’est probablement avec cette réflexion sur la Création que nous pourrons donner un sens positif, bien au-delà de la peur, à la question de l’écologie. Je crains beaucoup une civilisation qui serait fondée sur la peur. Si nous réfléchissons à la Création, nous en sommes les gestionnaires. Cela nous ouvre à quelque chose de positif ».

 

La protection de l’environnement, priorité oecuménique
Du 19 au 23 février à Estergom (Hongrie), s’est tenue la rencontre annuelle du Comité Conjoint de la Conférence des Eglises Européennes (KEK) et du Conseil des Conférences Episcopales d’Europe (CCEE). Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et vice-président du CCEE, était présent. Les Eglises ont reconnu devoir faire des efforts pour alléger leur empreinte écologique. La Journée de la Création, déjà célébrée par les Orthodoxes, pourrait prendre de l’ampleur. Même si elles ne sont pas invitées, le Comité encourage les Eglises de toute l’Europe à « exercer leur influence auprès de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de Copenhague ». Le Saint-Siège, lui, aura voix au chapitre.

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