Voyage de Benoît XVI en Afrique : un regard vers l’avenir

Pierre-Yves Pecqueux, directeur du Service National de la Mission Universelle de l’Eglise, revient sur un temps fort de la visite du pape en Afrique : la remise de l’Instrumentum laboris en vue du 2e Synode pour l’Afrique. Il invite à être à l’écoute de ce que l’Eglise en France pourrait apprendre de l’Afrique.
Très attendu au Cameroun comme en Angola, deux pays qui représentaient toute l’Afrique, où il se rendait pour la première fois, le pape Benoît XVI a été accueilli dans la joie, « comme un sage qui vient», pour reprendre l’expression de Pierre-Yves Pecqueux, directeur du Service National de la Mission Universelle de l’Eglise. Sur ce continent où la moitié de la population n’a pas 25 ans, le nombre baptisés et de vocations augmente. Très ancrée dans la réalité du terrain, l’Eglise s’investit dans les questions de développement, de démocratie et de santé. Si le pape a exprimé à plusieurs reprises un message d’espérance, il n’a pas hésité à dénoncer la corruption, le pillage des matières premières et rappelé l’urgence de respecter les Droits de l’Homme. « Même si le peuple souffre du sous-développement, c’est une Eglise qui rayonne de joie et qui était heureuse de recevoir le pape. Le message qu’elle a reçu, nous ne l’avons pas entendu » regrette Pierre-Yves Pecqueux. Eclairage.
 

Les temps forts du voyage

La visite du centre pour handicapés à Yaoundé, au Cameroun, a été l’occasion pour Benoît XVI de s’adresser au monde de la souffrance. « A travers cette visite, c’est tout l’engagement de l’Eglise pour la santé qui était honoré par le pape » analyse le directeur de la Mission Universelle.

Autre temps fort, la remise des Instrumentum laboris aux Présidents des Conférences épiscopales en vue du Synode d’octobre 2009 était une façon de dire : « Le travail est encore à faire. On a fait une synthèse de ce que vous avez envoyé après les Lineamenta, mais il y a de grandes questions sur lesquelles vos Eglises doivent se remettre au travail pour préparer ce Synode » précise-t-il.
 

Quatre pistes de travail pour le 2ème Synode africain

Le Synode rassemblera, du 4 au 25 octobre 2009, évêques et cardinaux africains à Rome sur le thème « L’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ».

Pour le Père Pecqueux, la première piste donnée par le pape est de « continuer de faire l’évaluation d’« Ecclésia in Africa », le premier Synode de 1994 » et en particulier de regarder « comment dans les domaines socio-politique, socio-économique et socio-culturel, l’Eglise s’est investie au service des populations ».

La deuxième interroge les « communautés ecclésiales vivantes », ces communautés de quartier qui se retrouvent pour le partage de la Parole de Dieu. Comment fait-on passer la Parole dans la charité et le témoignage au quotidien ? « Il y a toute une interrogation qui se veut dans la continuité d’ « Eglise-famille de Dieu », le thème sorti du premier Synode : Cette « Eglise-famille de Dieu » est-elle vécue comme une diaconie, comme un service ? Comment ce service est-il vraiment signe de justice, de paix et de réconciliation ? » explicite-t-il.

Le besoin des pays africains de se réconcilier constitue la troisième piste. « Tout ce travail en cours vers des essais de démocratisation doit se poursuivre. Le pape dénonce clairement la corruption, l’exploitation des matières premières… » rappelle Pierre-Yves Pecqueux.

Il lance une quatrième piste : « Aujourd’hui l’Eglise doit se poser de nouvelles perspectives, à la fois comme témoin mais aussi comme acteur au sein des institutions qui existent dans les différents pays, depuis ce qui peut se vivre au niveau local et en paroisse, mais aussi au niveau des provinces, au niveau national et au niveau régional inter-pays ». Et de citer en exemple l’engagement de plusieurs évêques dans des instances de réconciliation nationale comme au Congo, au Bénin, en Centrafrique…
 

Les valeurs africaines pour l’avenir

« Le pape engage l’Eglise à honorer les valeurs africaines de la famille, de l’enfant, du jeune, souligne-t-il encore. C’est bien dans le développement de cette jeunesse qu’est l’avenir de l’Afrique. S’il n’y a pas de développement local, ce sera la fuite vers l’Europe ». Dans cet esprit, le pape a invité au « courage » dans son dernier discours à Luanda, le 20 mars 2009.

Bien que de nombreux échanges existent entre les Eglises d’Afrique et l’Eglise en France, le P. Pecqueux interpelle chacun : « Sommes-nous aussi à l’écoute de ce qu’ils vivent, de ce qu’ils sont ? Dans une réciprocité, il y a un regard d’égal à égal ». Il en est convaincu : les Eglises d’Afrique « ont des choses à nous apprendre ! »

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