Une délégation de l’Eglise au Vietnam en visite à la maison des évêques

Une délégation de la conférence épiscopale du Vietnam conduite par Monseigneur Pierre Nguyen Van Nhon, évêque de Dalat et président de la conférence épiscopale du Vietnam, s’est rendue à la conférence des évêques de France le jeudi 16 juillet. Ils ont été accueillis par le père Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, le père Gildas Kerhuel, secrétaire général adjoint à la mission universelle de l’Eglise et Bertrand Jegouzo, permanent à la mission universelle.
Rentrant d’une visite ad limina à Rome, où 29 évêques vietnamiens ont rencontré le pape Benoît XVI, le passage de la délégation à Paris a permis d’évoquer la situation de l’Eglise catholique au Vietnam. Interview du président de la conférence épiscopale vietnamienne, Monseigneur Pierre Nguyen Van Nhon.
Qu’avez-vous retiré de votre visite à Rome ?
Notre visite ad limina a été l’occasion de discuter et de rendre compte de l’état de la liberté religieuse au Vietnam. Le Vatican porte beaucoup d’attention à notre situation. Nous avons évoqué la question de la restitution des biens de l’Eglise et celle des grands séminaires. L’Eglise au Vietnam compte 26 diocèses et 32 évêques, dont 29 étaient présents à Rome. La communauté catholique se compose de 6,5 millions de fidèles pour une population de 83 millions d’habitants. Nous avons 3 000 prêtres et 12 000 religieuses.

Quelles sont les difficultés auxquelles doit faire face votre Eglise ?
Après 1975, toutes les religions ont perdu leurs terrains et leurs biens, ainsi que les organisations qui géraient des écoles, des hôpitaux ou des dispensaires. Tous ces biens ont été récupérés par l’Etat qui a le monopole de l’éducation et de la santé. Les biens confisqués ne sont pas utilisés pour les biens publics mais pour des particuliers. L’Etat vietnamien a cependant pris conscience de ces questions, et la situation devrait s’améliorer dans l’avenir.
Nous avons aussi la situation des grands séminaires. Avant 1975, tous les diocèses avaient leur propre séminaire, mais ils ont fermé en 1975. Ce n’est qu’en 1987 que l’on a pu rouvrir deux grands séminaires : l’un à Hanoï pour les diocèses du nord et l’autre à Saigon pour les diocèses du sud. Chaque diocèse dispose d’un quota de cinq à sept séminaristes par cycle d’études qui dure six ans. Ce quota est fixé par l’Etat. Pour la rentrée 2009-2010, chaque séminaire pourra fixer son propre quota. Nous avons actuellement sept séminaires. Cependant, les difficultés persistent, car le régime communiste est athée, et nous n’avons pas de relais dans les médias, qui sont contrôlés par l’Etat.
Nous avons également des difficultés concernant l’activité externe de l’Eglise. Nous n’avons pas le droit de travailler dans l’éducation ou la santé. Caritas a été reconnu par l’Etat l’année dernière. 13 diocèses ont désormais un bureau de Caritas. A partir de 1975, les religieuses pouvaient soigner les malades dans le sud. Les maisons étaient tenues par les religieuses, mais elles n’en ont plus la direction. Elles ont pu y rester pour enseigner. Un film a été diffusé sur ce sujet, Histoires des gens honnêtes, par le réalisateur Tran Van Thuy.

Quels sont les points d’amélioration ?
La visite du cardinal Roger Etchegaray en 1989 a inauguré une ère nouvelle dans les relations avec les autorités vietnamiennes. Depuis cette visite, nous avons eu 19 autres visites officielles du Vatican, signe d’une ouverture, même si c’est très lent. Depuis le renouveau, en 1993, l’Eglise a pu envoyer des prêtres en formation, à Paris notamment. Sept d’entre eux sont devenus évêques.
Nous avons également obtenu tout récemment le droit à l’ordination des séminaristes et à la nomination des évêques. Nous avions jusque là l’obligation de demander l’autorisation aux autorités.

De nombreux séminaristes viennent se former en France. Qu’attendez-vous de ces séminaristes ?
Les séminaristes qui sont rentrés de France ont l’esprit ouvert et se donnent pleinement dans leur mission. La formation des séminaristes en France est plus difficile que dans les autres pays. C’est pourquoi nous devons bien préparer nos séminaristes avant de les envoyer en France. La langue française est aussi plus difficile que l’anglais, et le niveau intellectuel de l’enseignement est plus exigeant.

Quelle est la place des laïcs dans votre Eglise ?
Les laïcs ont toujours eu une grande place dans l’Eglise du fait qu’il y avait peu de prêtres à cause des persécutions. Au nord du Vietnam, beaucoup de catholiques, de prêtres et d’évêques sont partis en 1954. Les laïcs ont tenu une très grande place pour faire vivre l’Eglise. Nous avons 53 000 catéchistes bénévoles. Les chorales sont également très nombreuses et très vivantes. Ce sont les deux forces de notre Eglise.

Quelles relations avez-vous avec l’Eglise catholique en France ?
La 1ère visite des évêques de France fut celle de Monseigneur Duval en 1996, qui fut très émouvante. La dernière remonte à deux ans avec le cardinal Ricard, Mgr Aubertin et Mgr Lalanne.
Nous allons lancer une invitation aux évêques de France pour 2010, où nous fêterons le 50e anniversaire de l’érection de la hiérarchie catholique au Vietnam et le 350e anniversaire de la création du 1er vicariat apostolique tenu par les missions étrangères de Paris. Nous souhaitons inviter le cardinal Etchegaray pour l’ouverture de ces festivités, ainsi que le cardinal Vingt-Trois et le père supérieur des missions étrangères de Paris.
 

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