Les défis de la catéchèse

Ouverture à la pluri-culturalité, diminution globale de la pratique religieuse, mobilité des personnes, vieillissement de la population, augmentation du temps consacré aux loisirs, désintérêt pour l’écrit et le « scolaire » au profit du visuel et de l’interactif… ; de nombreuses mutations de la société concernent, aujourd’hui, la catéchèse. Les diocèses tentent de répondre à tous ces défis avec pragmatisme et inventivité, en particulier lorsqu’ils forment les responsables de pastorale qui accompagnent les enfants et les parents sur ce chemin d’annonce de l’Evangile.
Voici deux de ces nouveaux visages de la catéchèse, l’un dans un département très rural en crise démographique, la Haute-Marne et l’autre dans le département très urbanisé et dynamisé par la proximité de Paris, la Seine Saint-Denis.

A Langres, des accompagnateurs de catéchèse

Pour toutes ses activités, y compris la catéchèse, l’Eglise de Haute-Marne doit répondre à deux défis majeurs, l’un géographique, l’autre démographique.
« L’espace est grand et la population très peu dense. Nous atteignons à peine les 180.000 habitants. Nous sommes l’un des départements français qui en perd encore. Dans les villes, une population de fonctionnaires et de militaires bouge beaucoup. Quant aux jeunes partis étudier ailleurs, ils ne reviennent pas souvent. Cette tranche d’âge des 18 à 25 ans nous manque dans l’animation et la dynamisation », précise d’emblée Monique Bildstein, responsable du service diocésain de la catéchèse. Autre appauvrissement auquel le diocèse a dû s’adapter : le vieillissement d’un noyau stable de catholiques relativement bien formés.

Faire chemin ensemble
Le diocèse donc a fait le choix d’une présence forte de laïcs envoyés en mission, 15 personnes (des mi-temps en majorité), entre 40 et 60 ans, qui accompagnent les bénévoles (parents ou non). L’accent est mis sur leur formation de base et une formation continue donnée dans le diocèse ou à l’extérieur. « Les adultes ont d’abord à faire un chemin ensemble et pour eux-mêmes avant de rencontrer les enfants. On ne valide pas une personne qui s’autoproclame catéchiste sans participer aux échanges. C’est une manière de faire vivre une Eglise communauté », déclare Mme Bildstein. Si les enfants viennent souvent d’eux-mêmes, tout un travail d’ « apprivoisement du visage de l’Eglise » reste à mener avec des parents en démarche de recherche. Le parcours choisi est celui de l’Association Pour la Catéchèse en Rural. Et les rencontres proposées en secteurs, souvent mensuelles et liées aux célébrations paroissiales pour unir les forces, ressemblent donc plutôt à « des catéchèses d’adultes qu’à des rencontres techniques ». D’où la nécessaire polyvalence des laïcs en mission.

« Petit-à-petit, explique Mme Bildstein, les mi-temps spécialisés s’élargissent. Ainsi la dernière personne a été recrutée pour un service d’assistance à toute l’annonce de la foi y compris auprès des adultes. Dans ce dispositif où tous les âges ont leur place, on parle logiquement plus d accompagnateurs de catéchèse » que de « catéchistes » ».

Si, dans le Sud du département, le taux d’enfants catéchisés atteint 40%, dans le Nord il n’est que de 10%, à peine 20% en moyenne. « Comme nous sommes face à une situation de crise, nous avons parfois le sentiment d’être un laboratoire d’expériences, en avance même pour l’ensemble de l’Eglise et nous saisissons comme une véritable chance l’entrée dans la Nouvelle Orientation pour la Catéchèse », conclut Mme Bildstein.
 

Saint-Denis, les nouveaux visages de la catéchèse

« Avec humilité et confiance », la devise épiscopale de Mgr Pascal Delannoy s’applique particulièrement à la catéchèse, la Seine Saint-Denis ayant une population assez jeune, très « arc-en-ciel » et à la pratique religieuse faible.
« Notre diocèse, précise Jacqueline Rossi, l’ancienne responsable diocésaine de la catéchèse, est relativement peu christianisé et compte un tiers de population d’origine musulmane », La moyenne d’un animateur pour huit à dix enfants y est donc tout à fait honorable. L’an dernier 6000 enfants ont été catéchisés. Parmi eux, de nombreux enfants nés en France mais élevés dans une double culture, asiatique, africaine, antillaise ….ayant la particularité d’être très attachée à des formes de religion populaire. De plus en plus de groupes deviennent ainsi pluriculturels.

Ainsi à Villepinte, plus de la moitié des enfants du catéchisme sont d’origine diverse « Bien adaptés, ils nous aident à être médiateurs vis-à-vis de leurs parents. C’est très intéressant », témoigne Jacqueline Rossi.

Des formes de catéchèse
Dans cette banlieue aux portes de Paris, la plupart des couples travaillent. En plus « beaucoup de ménages n’ont pas de voiture ou dans certains quartiers, hésitent à sortir le soir ». La catéchèse a donc dû s’adapter en proposant plus de temps en soirées et le dimanche pour que les parents puissent y être associés. « En fait, commente Jacqueline Rossi, il nous faut parler de formes de catéchèse au pluriel ».

Le but de la catéchèse ne change pas mais ce sont les postures et les moyens qui s’adaptent à la réalité sociale. Un bulletin de liaison « catéchange », permet à chacun d’apporter sa pierre. Un référent existe dans chaque ville, disponible pour répondre aux besoins de formation sur place et faire le lien avec le service diocésain. Quant aux formations, elles sont diverses : des « mardi de la foi » en lien avec d’autres services diocésains (service de formation liturgie, plate-forme des 15 à 18 ans, catéchuménat…), trois matinées en collaboration avec l’enseignement catholique pour que les professeurs des écoles soient formés, des temps diocésains tels qu’une journée sur la pédagogie d’initiation en partenariat avec l’enseignement catholique, trois soirées pour l’éveil à la foi, deux après-midi de « caté-découverte » axés sur les moyens pédagogiques, des formations à l’utilisation de la revue « Points de repère », un service de prêt (livres, revues, jeux, cassettes vidéos, DVD).
« L’audiovisuel ainsi que les jeux de société, marchent bien », observe Jacqueline Rossi, d’où une journée particulière avec le service de l’audiovisuel du diocèse, notamment pour apprendre à utiliser et décoder les images.
 

Tout un diocèse en marche
Les orientations diocésaines ont été publiées en octobre 2008. Presqu’un an après, le samedi 5 septembre 2009, s’est tenue une assemblée synodale regroupant tous les conseils, des représentants de chaque ville, les services diocésains catéchèse, catéchuménat, liturgie dans leur entier, pour faire le point. A partir de différents témoignages sur des expériences dans différents domaines (caté-dimanche enfants- parents, préparation au mariage, groupes de réflexion dans les cités, ….), les participants ont réfléchi et partagé sur la pastorale à insuffler sur leurs lieux.

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