Des paroissiens français en lien avec leurs frères irakiens

Du 10 au 17 septembre 2009, Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes et président de Pax Christi France, s’est rendu en Irak à la rencontre des communautés chrétiennes. Il leur a rappelé qu’elles n’étaient pas oubliées en Occident. En France, trois paroisses sont jumelées avec des communautés catholiques irakiennes. Pour chacune d’elles, des attentes et surtout une envie de découvrir leurs frères irakiens.
C’est à la suite de l’opération Pâques avec les chrétiens d’Irak, organisée en France de janvier à juin 2008, que Pax Christi a proposé à des paroisses de se jumeler avec des communautés chrétiennes irakiennes. Trois paroisses ont répondu à l’appel du mouvement catholique international pour la paix.

La paroisse Notre-Dame du Rosaire de Saint-Maur des Fossés, dans le diocèse de Créteil, a été la première à répondre à Pax Christi. Elle est jumelée avec la paroisse Saint-Joseph d’Ankawa, située dans le nord de l’Irak, constituée de personnes qui pour beaucoup, originaires de Bagdad, se sont repliées dans leur village d’origine. Le père Stéphane Aulard est à l’origine de cette initiative. « Je suis personnellement touché car je connais des familles turques qui vivent de l’autre côté de la frontière et sont eux aussi de rite chaldéen, qui est un des plus anciens au monde. J’ai également été sensibilisé à travers un certain nombre de rencontres avec des familles basées à Sarcelles, à l’église Saint-Thomas. J’ai dit aux chrétiens de ma paroisse que nous ne pouvions pas être indifférents à ce qui se passe en Irak, et leur ai demandé d’étudier la possibilité d’entrer en contact avec eux ».

Plongée dans l’Orient

Le père Aulard contacte alors Pax Christi. Il rencontre la délégation ainsi qu’une jeune femme irakienne vivant en France depuis dix ans. Emmanuel Hourcade, l’un des quatre Français qui a passé les JMJ 2008 en Irak avec une délégation de Pax Christi est venu témoigner à l’aumônerie des lycées. Dès lors, quelques jeunes de l’aumônerie s’intéressent au projet et créent un blog (http://adlsm.canalblog.com), où Français et Irakiens s’échangent des nouvelles, présentent ce qu’ils sont et ce qu’ils font.

« J’essaye de montrer dans les paroisses qu’il est important de se soucier de nos frères chrétiens, qui vivent une situation de persécution dans une des plus vieilles chrétientés. En mai, une délégation de lycéens s’est rendue à Notre-Dame de Chaldée dans le 18e arrondissement à Paris pour participer à une messe. « Pour nos jeunes, c’était une plongée dans l’Orient en allant à Paris. Nous avons maintenant le projet que les chrétiens de cette paroisse, emmenés par Mgr Petrus Yousif, recteur de la mission chaldéenne en Ile-de-France, se rendent dans notre paroisse pour y célébrer un office commun », conclut le père Aulard.

S’ouvrir aux dimensions internationales de l’Eglise

A la paroisse de Nuits-Saint-Georges en Côte d’Or, dans le diocèse de Dijon, l’accord est intervenu le 7 septembre 2009. Tout remonte au début de l’année, lorsque le père Yves Frot présente aux paroissiens la proposition de jumelage de Mgr Stenger. Un premier contact s’établit fin juillet avec une sœur irakienne de Kirkuk. Si pour l’instant, le jumelage ne passe que par des contacts épistolaires et un soutien dans la prière, il est important de faire savoir aux communautés chrétiennes d’Irak que « les chrétiens d’Europe sont avec eux et qu’on ne les laisse pas tomber », explique Jean-Claude Chipilot, qui mène l’équipe de jumelage dans la paroisse.

Les paroissiens ayant répondu à l’appel expriment tous leur désir de mieux connaître leurs frères d’Orient et leur porter assistance. « Je souhaite par cet échange découvrir l’Eglise catholique romaine universelle. Nous voulons nous ouvrir aux dimensions internationales de l’Eglise universelle », souligne Jean-Claude Chipilot. Le père André Cabes, curé de la paroisse d’Ossun, dans le diocèse de Tarbes et Lourdes, ne dit pas autre chose, lorsqu’il déclare : « Je souhaite que ces échanges enrichissent notre vie d’Eglise, car nous ne voyons souvent que nos problèmes. Cet échange peut nous permettre d’ouvrir notre cœur, et découvrir ces chrétiens qui l’ont été bien avant nous ».

Découverte des traditions orientales et de l’histoire des églises d’Orient
La paroisse d’Ossun est elle aussi nouvellement jumelée. Elle est en lien avec un groupe de catéchèse de la paroisse de Qaraqosh, au nord de l’Irak. Commencées il y a un an, les démarches de jumelage ont été officialisées en septembre. Durant ce temps, la paroisse a reçu la visite d’un des jeunes membres de Pax Christi qui a passé les JMJ 2008 en Irak. Elle a organisé une rencontre témoignage avec une famille irakienne réfugiée en France pendant le Carême. Là encore, les échanges sont pour le moment épistolaires : le père Cabes est en contact électronique avec le prêtre de Qaraqosh, qui a par ailleurs vécu en France et étudié à Toulouse. « J’ai vécu deux ans au Maroc où j’ai pu côtoyer l’Eglise catholique d’Orient et suis d’origine russe orthodoxe. Je souhaite découvrir par cet échange la réalité de ce pays. Je suis intéressé par les traditions orientales, j’ai étudié l’araméen et je découvre l’histoire de toutes ces Eglises ». Le père Cabes compte s’appuyer sur une petite équipe Solidarités et quelques jeunes pour développer ces échanges. « Mais nous n’en sommes qu’aux balbutiements ».

 

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