Une Eglise missionnaire au Vietnam

Président de la Conférence Episcopale du Vietnam et évêque de Dalat, Mgr Pierre Nguyên Van Nhon présente les enjeux de l’Année sainte, lancée le 24 novembre 2009, et ses espoirs pour les catholiques vietnamiens.
 

Comment envisagez-vous cette Année sainte ?

Nous voulons rendre grâce au Seigneur, aux missionnaires et aux actuels témoins de la foi. Cette Année sainte constitue un retour à la source avec le culte des ancêtres, spécifique à la culture vietnamienne. Les Vietnamiens sont attachés à la famille et aux ancêtres. En tant que catholiques, nous ne pouvons pas apporter la Bonne Nouvelle si nous menons une vie différente d’eux. L’Année sainte sera aussi un moment de pénitence à l’égard de Dieu, de nos frères et sœurs catholiques, et de nos compatriotes. Nous avons lancé cette année très solennellement dans le diocèse de Hanoï, lieu historique où fut installé le premier diocèse. Quelque 100 000 personnes étaient présentes. La fête s’est déroulée dans la joie, dans la paix et dans l’espérance. Par ailleurs, chacun des 26 diocèses du Vietnam a célébré localement cette ouverture. Nous vivons l’événement en communion.
 

Qu’espérez-vous pour les communautés catholiques du Vietnam ?

Cette Année doit nous permettre de nous recentrer sur le Christ et sur ce que son Église devrait être : une « Église communion » à l’intérieur de laquelle tous ses membres se retrouvent, une « Église de service » qui travaille pour le bien des autres, une « Église mystère », fondée par Dieu. Chaque catholique vietnamien est convié à vivre à l’image du Christ, là où il est. Cet événement est une invitation à une vie de prière, de piété, de justice, et une vie de service. Il faut que chacun mette en pratique ces vertus dans son quotidien pour rendre plus pieuses sa vie et ses relations avec les autres.
 

Se recentrer sur le Christ signifie aussi témoigner de sa foi. Les catholiques vietnamiens en sont-ils libres ?

La cérémonie du 24 novembre 2009 est déjà un élément de réponse. Si l’on marche dans la voie de l’apostolat, l’action de l’Esprit Saint nous rend libre et nous pousse à témoigner. C’est une chose que l’on ne peut pas arrêter. Nous avons aujourd’hui plus de liberté, fruit d’une meilleure connaissance. Le gouvernement voit qu’il n’y a rien à craindre de la religion, car elle est là pour servir. Des difficultés subsistent dans certaines régions où la connaissance mutuelle entre le gouvernement et l’Église n’est pas encore suffisante. Le gouvernement local soupçonne encore l’Église d’être contre lui. Toutefois, je pense que, tant que les catholiques vietnamiens annoncent l’Évangile tel qu’il est, il n’y a rien à craindre.
 

Comment définir les liens qui vous unissent aujourd’hui à la France d’où sont venus de nombreux missionnaires ?

2010 est aussi l’année de célébration du 50e anniversaire de l’établissement de la hiérarchie de notre Église. Celle-ci est aujourd’hui bien établie et nous n’avons donc plus la même dépendance que lorsque nous étions un vicariat apostolique. Notre Église est florissante et comprend beaucoup de vocations. Au Vietnam, on dit souvent : « Quand on mange le fruit, il faut toujours se souvenir de l’arbre. » Nous nous reportons aux Pères de la Mission. Nous ne pouvons pas oublier, nous gardons un sentiment de reconnaissance très profond. Nos relations ne sont pas administratives mais elles sont réelles, très fortes. C’est quelque chose qui pénètre nos cœurs. Nous continuons dans les diocèses l’œuvre entreprise par les missionnaires. Dans le diocèse de Dalat d’où je suis originaire, le prêtre fondateur missionnaire a été curé de la paroisse de 1920 à 1946. C’est lui qui a lancé la construction de la cathédrale en 1931. On peut dire qu’il a eu une vision prophétique. On comptait entre 300 et 400 catholiques à l’époque. Ils sont 6000 aujourd’hui et se retrouvent toujours dans la même cathédrale. Les liens qui nous unissent résident dans l’esprit missionnaire et la poursuite de ce qui a été initié par les fondateurs.
 

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