Luc Champagne : « La pastorale de la santé n’est pas celle de la maladie »

Le nouveau responsable du département santé au sein du Service National Famille et Société (SNFS) a l’expérience du milieu hospitalier, dix ans de syndicalisme à son actif et une licence en théologie. Au conseil de la pastorale de la santé du diocèse de Lyon pendant une dizaine d’années, Luc Champagne en anime l’Antenne Sociale.
Marié à Paulette Souchon, infirmière, lui-même infirmier puis cadre dans les hôpitaux de Lyon, Luc Champagne a aussi passé trois ans en Afrique, auprès de tuberculeux et de réfugiés. Permanent syndical, il a été responsable départemental dans le domaine sanitaire et social. Contacté au début de l’Avent 2009, Luc Champagne s’est interrogé sur la raison de cet appel et s’est senti « tiré en avant ».

Avec quelles convictions abordez-vous cette responsabilité ?

Pour moi, la pastorale de la santé est une pastorale dans le monde sanitaire et social. Ce n’est pas une pastorale de la maladie. Nous devons aborder le monde de la santé dans sa réalité objective pour l’humaniser, voire peut-être l’évangéliser. La santé est un bien-être. Nous avons ecclésialement à dire quelque chose à ce sujet. Il s’agit donc de poser un acte politique en nous exprimant lorsque des textes paraissent, pour accompagner la santé et la promouvoir. Il faut aussi un regard évangélique sur les textes qui vont accompagner ceux qui ont une santé altérée.
 

Sur quel bagage vous appuyez-vous ?

J’accorde une forte attention à la pensée sociale chrétienne. Elle a nourri ma vie professionnelle et ma vie d’engagé syndical. Je dois reconnaître que des formateurs de la Catho de Lyon, notamment, m’ont beaucoup aidé à comprendre et à vivre de cette pensée sociale. Elle nous renvoie à la compréhension de l’Evangile et à celle du monde avec une lecture chrétienne. Je trouve qu’il est précieux aujourd’hui de lier les aspects évangéliques avec les aspects sociaux-économiques et politiques. C’est un véritable enjeu dans un monde qui a beaucoup de richesses, au niveau européen, par ses aspects économiques mais aussi culturels. L’Eglise a une parole à dire dans ce monde-là. Elle ne peut pas le faire uniquement de façon normative : elle doit aussi la vivre dans un accompagnement. C’est une chance pour la pastorale. Ce lieu permet à la fois de donner des horizons – l’Eglise est dans son rôle quand elle ouvre des horizons d’espérance, de perfectionnement – et de prendre en charge la réalité concrète, des uns et des autres, avec les joies et les difficultés de la vie. L’accompagnement, la prévention, l’appel à la vigilance sont à développer. La tension entre le pastoral et l’horizon me semble un beau projet pour l’Eglise.
 

Avec quels désirs arrivez-vous ?

Depuis la réorganisation des services de la Conférence des Evêques de France, le Service National Famille et Société a rassemblé des unités qui étaient « indépendantes ». Je pense que le département santé peut dialoguer avec le « département famille » mais aussi avec les autres services nationaux, comme celui pour les jeunes ou celui pour la catéchèse. Je souhaite entendre des autres services quels sont leurs points d’attention et leur dire ceux que nous pourrions induire dans leur activité. Je suis attaché au travail de réseau, en interne -intra ecclésial – mais aussi extra ecclésial. Nous voulons aussi communiquer sur notre intention à exister dans le débat social. Pour moi, c’est déterminant. Nous désirons faire connaître à la société nos horizons d’espérance. Ils permettent de dépasser la gestion quotidienne des problèmes. C’est une des chances de l’Evangile que de nous tirer en avant.
 
Le Service National Famille et Société (SNFS)

Il est dirigé depuis septembre 2009 par Monique Baujard. Chaque département a un directeur et une activité propre: Famille, Economie, politique et questions sociales, Environnement et modes de vie, Santé, Droits, libertés et paix, Recherche et innovation.

Le département santé comprend l’aumônerie des établissements de santé et la pastorale des personnes handicapées, et fait le lien avec les paroisses par le biais du Service Evangélique des Malades (SEM). Au sein du Conseil Famille et Société, Mgr Michel Guyard, évêque du Havre, accompagne plus particulièrement le département santé.

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