Une journée pour faire connaître le Service Civique aux mouvements et associations d’Eglise

portrait Soeur Nathalie Becquart

Mission de volontariat au service de la collectivité et de l’intérêt général, le Service Civique est un nouveau dispositif proposé par l’Etat pour encourager l’engagement des jeunes dans la société. Acteur majeur dans les domaines de la solidarité et de l’éducation, l’Eglise soutient cette initiative et souhaite la faire connaître. Le 27 mai à Paris, une journée est ainsi organisée pour informer les mouvements et associations d’Eglise sur le dispositif et favoriser les échanges d’expérience. Interview de Sr Nathalie Becquart.
 

Pourquoi l’Eglise catholique s’intéresse-t-elle au Service Civique ?

Parce que c’est un dispositif nouveau et ambitieux, lancé par Martin Hirsch et le Haut Commissariat à la Jeunesse, essentiellement destiné aux jeunes de 16 à 25 ans, pour répondre à leur soif d’engagement. Derrière lui, c’est tout un projet de société : plus de cohésion sociale, plus de solidarité entre les générations, plus de citoyenneté. Ce projet citoyen rejoint tout à fait ce pour quoi œuvre l’Eglise au service du lien social et de la fraternité. Par ailleurs, à travers toutes ses actions, ses propositions jeunes, ses mouvements et organisations de jeunesse, l’Eglise en France aujourd’hui est un acteur majeur de la politique jeunesse car elle est en lien avec eux par de nombreux biais. On peut citer que 50% des jeunes passent aujourd’hui par l’enseignement catholique, près de 70.000 jeunes français iront aux Journées Mondiales de la Jeunesse en Espagne, avec les diocèses et les communautés.
 

Quels sont les enjeux pour l’Eglise ?

Les premiers enjeux sont de faire connaître aux jeunes ce dispositif et de leur proposer. Car l’expérience de l’Eglise sur le volontariat montre que cette initiative peut être réellement un plus, un atout, un enrichissement pour les jeunes. Les objectifs du gouvernement sont très ambitieux puisqu’il s’agit dès 2010 d’avoir 10.000 jeunes en Service Civique, pour atteindre 75.000 en 2014, soit 10% d’une classe d’âge. Cela ne pourra se faire sans des relais forts et les « prescripteurs » que peuvent être des animateurs, aumôniers, accompagnateurs… Je pense que l’Eglise a un rôle important à jouer pour le proposer, non seulement par des campagnes de communication mais aussi et surtout de manière interpersonnelle, et par des témoignages de volontaires, grâce aux contacts qu’elle entretient avec les jeunes, à travers de multiples organismes. De par ses nombreuses actions, l’Eglise joue un rôle dans la société, notamment dans les domaines de la solidarité et de l’éducation. Elle a donc aussi la possibilité de proposer des missions de Service Civique. Elle en a d’ailleurs déjà une bonne expérience à travers les dispositifs précédents de volontariat civil. Le Secours catholique, les Scouts et Guides de France, le MRJC (Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne), l’Arche, le Rocher, le réseau Lasallien, notamment, ont déjà une expérience de volontariat en France sur de petits effectifs et souhaitent augmenter le nombre de missions proposées à des jeunes. De plus, il y a une dimension pastorale, de permettre ce type d’aventure et d’y accompagner les jeunes. On le voit bien sur le volontariat international avec la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération) : pour beaucoup, c’est le lieu d’une expérience humaine et spirituelle forte, qui permet d’avancer sur le chemin de la rencontre avec le Christ et de devenir davantage acteur dans la société et dans l’Eglise.
 

En quoi consiste la plateforme de concertation qui réunit certaines structures d’Eglise ?

Elle rassemble tous ceux qui ont déjà l’expérience du volontariat selon les modalités précédentes et tous ceux qui ont déjà exprimé l’envie de se lancer dans l’aventure du Service Civique. Aujourd’hui cette plateforme, en plus des acteurs déjà cités, réunit la JIC (Jeunesse Indépendante Chrétienne), l’Enseignement catholique et la Facel (centres de loisirs et patronages dans le diocèse de Paris) et pourra s’ouvrir à d’autres. Cette plateforme de concertation a pour objectif de partager les expériences, les savoir-faire ou les questions autour du Service Civique, de voir comment mutualiser les forces, en termes d’action et de communication. Elle pourrait aussi devenir l’interlocuteur ecclésial pour l’Etat sur la question du Service Civique. Certaines associations ont d’ailleurs participé aux consultations préalables au vote de la loi puisque Martin Hirsch a souhaité l’élaboration de ce dispositif se fasse avec elles. Lancée en décembre, sous l’égide du SNEJSE qui porte le dossier au sein de la Conférence des évêque, la plateforme s’est réunie à plusieurs reprises et a contribué à informer et sensibiliser les évêques sur les enjeux du Service Civique. C’est elle qui propose la journée d’information et de réflexion du 27 mai 2010, à la Maison de la Conférence des évêques de France à Paris. La plateforme est en lien avec le Service national pour l’Evangélisation des jeunes (SNEJSE) qui a apporté une information et une réflexion aux évêques. Tout le monde s’accorde à dire que l’Eglise ne peut pas être indifférente au déploiement du Service Civique et doit réfléchir à la manière de s’y engager.
 

En quoi consistera la journée du 27 mai 2010 à Paris ?

Cette journée est très largement ouverte ! Sont conviés tous ceux qui sont intéressés, qui veulent en savoir plus, ou sont prêtes à partager leur expérience, qui se demandent s’ils peuvent mettre en place le Service Civique dans leur association, mouvement, organisme local… C’est d’abord une journée pour mieux connaître le dispositif et ses perspectives. Le but est d’en balayer les tenants et aboutissants, la manière dont on va pouvoir le mettre en œuvre. Le dispositif vient unifier et simplifier des cadres de volontariat existants, dans l’optique d’un déploiement. Il y aura donc des témoignages de volontaires et d’associations d’Eglise qui proposent des missions de volontariats. Cette journée s’inscrit dans la logique de partage de l’Eglise. Certains ont mis en place des outils, ont une expertise dans le recrutement, l’accompagnement. Que chacun ne reparte pas de rien. Il y a aussi un enjeu de qualité, celles des missions et de l’accompagnement proposés.
 
Les domaines prioritaires pour le Service Civique
La solidarité et la lutte contre l’exclusion, l’éducation, l’environnement, le sport et la culture, le développement international et l’action humanitaire, mémoire et citoyenneté, santé.

Sur le même thème

  • Enfants et jeunes

    L’amour n’empêche pas l’exercice de l’autorité, au contraire : l’enfant a besoin d’autorité pour se construire. Tout petit, les interdits et les règles l’aident à canaliser son énergie et à franchir des étapes importantes : les séparations, l’apprentissages des rythmes, la découverte de la vie en groupe… À partir de deux ans, les parents doivent […]

  • Vivre en chrétien

    La Lettre de saint Jacques nous rappelle qu’il ne peut y avoir de foi sans actes (Jacques 2,17). Croire, ce n’est pas seulement affirmer ou se référer à une doctrine, c’est en même temps s’engager, à la manière dont le Christ l’a fait et comme le montrent les Evangiles. Ainsi toute vie chrétienne qui nous […]

  • Solidarité

    La solidarité est une exigence sociale naturelle. C’est le lien qui unit les êtres humains entre eux dans un réseau de relations qui est devenu planétaire. Le lien peut se rompre et des hommes et des femmes se retrouvent démunis, en difficulté, dans la solitude, la maladie, la rupture. Pour répondre à ces besoins, des […]