Israël-Palestine : « Le vivre ensemble est possible »
Le Père Jamal Khader était en France il y a quelques semaines. Le 27 juin 2011, à Paris, ce prêtre du Patriarcat Latin de Jérusalem a tenu une conférence intitulée « Etre chrétien en Palestine – Une vocation pour la paix, la justice et le dialogue ». Une rencontre initiée par l’association Chrétiens de la Méditerranée.
Le Père Jamal Khader est tourné vers l’avenir. Désireux de ne pas aborder le passé, il a d’abord tenu à préciser certains points de la situation au Moyen-Orient, loin d’une vision occidentale. « On parle des chrétiens Palestiniens, membres d’une minorité, pris entre les juifs et les musulmans, mais ils sont d’abord des Palestiniens qui partagent la joie et la souffrance de ce peuple, insiste-t-il. Ils ne font pas partie d’une minorité, ils sont présents dans la vie sociale, politique, etc. » Le prêtre du Patriarcat Latin de Jérusalem, également professeur à l’université de Bethléem, a évoqué les relations avec les différentes communautés. Sans détour. « Les relations avec les musulmans sont bonnes même si des difficultés existent surtout avec le fondamentalisme musulman qui n’est pas propre au monde palestinien, estime le P. Khader. Nous avons un dialogue avec les chefs politiques et religieux, les élites intellectuelles. » Evidemment, en raison de la situation politique, les relations avec la communauté juive sont presque inexistantes. « La question est politique. Il s’agit d’un rapport d’occupation et d’oppression des Israéliens sur les Palestiniens », constate le prêtre. Et de dénoncer la présence du mur construit en 2003 : » séparation géographique et psychologique entre les deux peuples. Dans l’imaginaire palestinien, le juif est associé au militaire ou au colon. »
Un mouvement non-violent contre les exclusions
« Nous croyons que le vivre ensemble est possible ! » La question de l’avenir des Palestiniens reste le point central de l’intervention du P. Khader. L’ambition du prêtre se nourrit d’espérance. Il appelle à une résistance non-violente face à « l’injustice » de l’occupation perçue comme « un pêché contre les êtres humains ». Le prêtre prône ainsi la justice, la paix et la réconciliation dans un message évangélique. « L’amour de l’ennemi fait partie du commandement de l’amour pour que chacun vive en paix et en sécurité, explique-t-il. C’est la culture de la vie contre celle de la mort. C’est un futur pour tous contre toutes les exclusions. » Appuyant son propos sur le « Kairos Palestine » (lire encadré), le prêtre et universitaire défend un mouvement pour la paix sans volonté de nuire à Israël. « La création d’un Etat palestinien apportera la paix et permettra à Israël de grandir », estime-t-il.
Qu’est-ce que le « Kairos Palestine » ?
En 2009, des théologiens des Églises chrétiennes de Palestine ont signé le « Kairos Palestine », document destiné à interpeller les responsables politiques des sociétés palestinienne et israélienne, les chefs religieux juifs et musulmans, la communauté internationale et leurs « frères et sœurs dans nos Eglises » dans le monde sur la nécessité urgente d’une paix accompagnée de justice en Israël et Palestine.