« Jeanne, une jeune engagée dans la société de son temps »

Les festivités de « Jeanne d’Arc 2012 » ont débuté le 6 janvier. Mgr Jean-Paul Mathieu, évêque de Saint-Dié, détaille l’ambition des célébrations du 6e centenaire de la naissance de Sainte Jeanne d’Arc (1412-1431).
 

Avez-vous été gêné par la présence du monde politique lors du coup d’envoi des célébrations du 6e centenaire de la naissance de Jeanne d’Arc ?

Il ne faut pas confondre le coup d’envoi du site de Domremy et la célébration du 6 janvier au soir avec une visite d’un autre ordre qui a eu lieu le matin. La venue du Président de la République est une démarche qui lui appartenait et qui ne constituait pas, à nos yeux, le coup d’envoi de l’année consacrée au jubilé de Sainte Jeanne d’Arc.
Il est très courant, et depuis longtemps, que Jeanne d’Arc intéresse les courants politiques, les courants d’opinion quels qu’ils soient. Elle est une icône d’un certain patriotisme voire même d’un certain nationalisme. Qu’elle intéresse beaucoup de monde n’est pas une mauvaise chose, tout dépend de l’usage qui en est fait. Pour nous, ces célébrations sont l’occasion de rappeler que le témoignage de Jeanne d’Arc délivre un message : celui d’une jeune avec les fragilités de son âge, enracinée dans son terroir, dans sa foi.
 

Le personnage de Jeanne d’Arc n’est-il pas trop lointain ?

Il est d’autant plus lointain qu’il est enrobé d’un tas d’hypothèses farfelues, de fables, qui à côté du travail d’historiens obscurcissent le témoignage de Jeanne. Or, celui-ci est très réel et l’on finira toujours par repérer ce qu’il y a d’intéressant, de positif et de vrai dans ce témoignage.
 

En quoi son témoignage est-il contemporain ?

Sur le site Internet du diocèse, j’ai publié une sorte d’adresse à Jeanne : « Tu es une fille de chez nous, tu as été formée très tôt par ta mère à prêter l’oreille à la Parole de Dieu. » Son témoignage est pour chacun, y compris les jeunes, l’occasion de comprendre à quoi on est appelé. Il faut du temps pour cela. Pour Jeanne, cela a pris quatre ans, de ses 13 ans à ses 17 ans. Une fois mieux assurée, elle a continué d’écouter Dieu car sa Parole continuait de lui être transmise. Elle y a prêté attention tout au long de son parcours. Je pense que son témoignage donne un sens à la vie et aide à prendre la place qui est la sienne dans l’Église, dans la société et dans le monde. Son témoignage n’est pas seulement celui d’une chrétienne. Il est aussi celui d’une jeune, engagée dans la société de son temps. Il ne faut pas oublier les raisons de sa mise en route. Pour Jeanne, libérer la France signifiait aller au secours du Dauphin, mais aussi libérer la France des affres de la guerre. Elle n’était pas une « va-t-en-guerre », mais d’abord quelqu’un qui, à chaque fois que le conflit militaire approchait, s’adressait à la partie adverse pour inviter à la paix sans user des armes.
 

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Les festivités de Jeanne d’Arc 2012 dans le diocèse de Saint-Dié

De nombreux événements vont animer le 6e centenaire de la naissance de Jeanne d’Arc. Des célébrations, une conférence d’Olivier Bouzy, directeur du centre Johannique d’Orléans, la représentation d’une pièce de théâtre sur la rencontre de Sainte Jeanne d’Arc et de Sainte Thérèse, un colloque universitaire sont prévus ainsi que la célébration de la fête nationale de Sainte Jeanne d’Arc, le 13 mai. Le diocèse de Saint-Dié propose aussi cinq fiches pour vivre le temps de Carême et cheminer vers Pâques avec Jeanne d’Arc. Elles se composent des Évangiles des dimanches de carême, de paroles de Jeanne lors de son procès, d’une prière ou d’un psaume, et de questions.

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