Quel avènement en Centrafrique ?

Au début du temps de l’Avent 2013, Mgr Nzapalainga, archevêque de Bangui, interpelle l’Eglise, les politiques, les institutions judiciaires et la communauté internationale dans un vibrant plaidoyer pour la paix et la réconciliation en République Centrafricaine (RCA).
 
Adressé pour le temps de Noël à la communauté chrétienne, aux hommes et aux femmes de bonne volonté, le message de Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, est une exhortation à la conversion.

Après avoir expliqué le sens de l’Avent, temps pendant lequel Jean Baptiste invite à « vivre de manière nouvelle », il dresse un bilan désastreux de l’état de la République Centrafricaine (RCA), « pays enserré par les liens de la haine et de la mort ».

Succession d’images de mort, le tableau de ses visites pastorales représente « un pays où le peuple marche dans les ténèbres ». Dans un contexte marqué par une crise sécuritaire grave et des tensions sociales « très perceptibles », l’archevêque de Bangui met en garde contre les amalgames entre religion et politique : « Restons vigilants ! Beaucoup de personnes de mauvaise foi et volonté voudraient voir éclater un conflit intercommunautaire et interreligieux en Centrafrique ».
 

Avent signifie « avènement »

« Quel avènement attendons-nous ? poursuit Mgr Nzapalainga. La violence ? La guerre civile ? L’embrasement social ? Le génocide ? Un véritable bain de sang ? Un autre avènement n’est-il pas possible ? Et s’il avait pour noms Justice ? Paix ? Réconciliation ? Fraternité et Pardon ? »

Relisant l’histoire du peuple de l’Alliance et son expérience d’un Dieu Libérateur, il rappelle la victoire du Christ sur la violence et la haine. En enseignant à aimer ses ennemis (Matthieu 5, 43-45), le Christ donne une « nouvelle morale », celle du « dépassement de soi et des normes traditionnelles de vie en société ».

Mgr Nzapalainga identifie quatre acteurs clé pour la construction de la paix en Centrafrique. Il demande de promouvoir le dialogue interreligieux au sein de l’Eglise, encourage les consacrés à sortir des sacristies et des couvents, et les laïcs à s’investir en politique. Au monde politique, il redit la nécessité d’un dialogue avec le peuple. « Il ne peut exister de paix sans justice » affirme-t-il en soulignant l’importance des institutions judiciaires. Tout en remerciant la communauté internationale de sa « sollicitude », il suggère la mise en place d’une commission « vérité et réconciliation », voire « d’une commission d’enquête » chargée de juger et de condamner les « criminels de guerre ».

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