« Or il arriva en ces jours que Jésus vint de Nazareth en Galilée et qu’il fut baptisé dans le Jourdain par Jean » (Marc, I,9). L’évangile de Marc ne précise pas quel fut le lieu exact du baptême de Jésus par Jean le Baptiste dans le Jourdain. Cependant l’évangéliste Jean précise « Cela se passa à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait. » (Jean I, 28).
L’expression « Au-delà du Jourdain » indique que Jean baptisait sur la rive orientale du Jourdain (côté jordanien). Dès le IIIème siècle, la tradition chrétienne situa le baptême du Christ en face de Jéricho, au pied des monts de Moab (Mont Nébo) au niveau du gué de Hajla. C’est aussi par ici que le peuple d’Israël traversa le Jourdain pour entrer en terre de Canaan (Josué 3) et que le prophète Elisée reçut le manteau d’Elie lorsqu’il disparut sur son char de feu (2 Rois 2). L’endroit devint à l’époque byzantine un important lieu de pèlerinage où l’empereur Anastase fit construire une grande basilique sur des arches aujourd’hui détruites.

Le 10 mai 2009, le pape Benoît XVI, pèlerin comme son prédécesseur Jean Paul II en l’an 2000, y posera la première pierre d’une nouvelle église melkite et d’une église latine.
Cet événement manifeste la bonne santé des chrétiens en Jordanie : pas seulement des pèlerins étrangers, mais principalement des chrétiens arabes du pays qui, bien que minoritaires (3 à 6 % de la population), possèdent des paroisses vivantes (32 paroisses latines), des vocations sacerdotales, des écoles.

La veille, le 9 mai, le Pape a posé aussi la première pierre d’une université catholique à Madaba. On peut estimer à près de 180 000 le nombre de chrétiens en Jordanie, répartis en diverses églises orientales (grecs, arméniens, chaldéens (réfugiés d’Irak depuis quelques années…) dont 120 000 catholiques de rite byzantin (melkites) mais aussi 30 000 de rite latin. Les chrétiens jouissent dans ce petit mais stable royaume du Proche Orient d’une liberté religieuse sereine vécue en bonne intelligence avec les musulmans.

Le mont Nebo est l’un des principaux lieux saints de la Jordanie. Situé dans les monts de Moab, il domine le nord de la mer morte et la vallée du Jourdain. Au terme du long séjour au désert, depuis ces sommets, Moïse conduisant le peuple d’Israël put contempler la terre promise qui s’ouvrait à l’ouest au-delà de la vallée du Jourdain et de l’oasis de Jéricho. Le livre du Deutéronome se ferme sur la mort de Moïse dans ces monts de Moab (Dt 34, 1-7).

De là, le Pape Benoit XVI comme son prédécesseur Jean Paul II, portera son regard sur les collines de Judée apercevant au loin les faubourgs de Jérusalem et de Bethléem.

« Le Seigneur dit à Moïse: monte sur cette montagne des avarim, sur le mont Nébo, au pays de Moab, face à Jéricho et regarde le pays de Canaan que je donne pour domaine aux enfants d’Israël… Alors partant des steppes de Moab, Moïse gravit le mont Nébo, sommet du Pisga, en face de Jéricho » (Dt 32, 48-49).
C’est sur ce beau sommet (710 m) que les chrétiens de l’antiquité ont situé le lieu, inconnu pour la Bible, où les anges déposèrent le corps de Moïse (Dt 34, 6).

Les vestiges les plus anciens de ce sanctuaire datent de la fin du 4° siècle et le récit de visite d’une pèlerine de Galice, Ethérie, atteste qu’en 395 existait déjà la petite chapelle du tombeau.