Jean-Paul II et la prière
Jean-Paul II et Sainte Véronique
A mon avis, Jean-Paul II est comme Sainte Véronique. Il a compati avec le Christ, jusqu’à embrasser sa Croix. Comment oublier les images télévisées de son dernier Chemin de Croix ? On le voyait sur le fauteuil dans sa chapelle privée, avec la Croix dans les bras et le visage appuyé sur le bois, au pied du Christ en Croix.
Jean-Paul II, pèlerin et mendiant de l’absolu
Pour lui, prier n’était pas seulement un précepte donné par le Rédempteur – « Il faut toujours prier » (Luc 18,1) – prier n’était même pas uniquement un conseil. C’était une exigence qui venait du cœur du Christ et s’adressait à son cœur.
C’était du cœur que ce Pape commença et poursuivit le « colloque » entre le fils et le Père, pour le louer, le remercier, l’adorer, lui dire son amour, pour apprendre à connaître sa volonté et lui demander les aides nécessaires pour l’accomplir.
Jean-Paul II, roc de prière
Jésus le Christ, Parole de Dieu faite chair, ne prend pas la forme d’opinions, de discussions, d’affirmations purement doctrinales. Le Christ est un événement et celui qui prie expérimente ce caractère de « fait », auquel adhérer, comme à un roc.
Quand je le voyais prier, ce pape me donnait toujours l’image qu’il était un roc de prière, un bloc vivant de la présence de Dieu.
« Les mains sont le paysage du cœur » (titre d’une poésie du Pape)
Quand on regardait Jean-Paul II prier, on était d’abord touchés par sa manière de faire. Toute sa personne montrait recueillement et amour, simplicité et abandon : une immersion en Dieu. Quand après avoir prié, il retournait au quotidien, il avait dans les yeux la lumière de la Présence de Dieu, qu’il avait vue.
Pour Jean-Paul II, la prière n’était pas une chose à faire parmi d’autres. Elle était le contenu de sa vie, de son cœur, dont les mains sont le paysage.
Que le futur Bienheureux nous intercède la grâce d’avoir des mains comme les siennes : jointes dans la prière et ouvertes pour l’accueil.
Mgr Francesco Follo
Observateur Permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO
* »Il y a plusieurs définitions de la prière. Mais on l’appelle le plus souvent un colloque, une conversation, un entretien avec Dieu. En conversant avec quelqu’un, non seulement nous parlons, mais aussi nous écoutons. La prière est donc aussi une écoute. Elle consiste à se mettre à l’écoute de la voix intérieure de la grâce. A l’écoute de l’appel. Et alors, comme vous me demandez comment le Pape prie, je vous réponds: comme tout chrétien, il parle et il écoute. Parfois, il prie sans paroles, et alors il écoute d’autant plus. Le plus important est précisément ce qu’il « entend ». Et il cherche aussi à unir la prière à ses obligations, à ses activités, à son travail. Et à unir son travail à la prière. De cette manière, jour après jour, il cherche à accomplir son « service », son « ministère », qui lui vient de la volonté du Christ et de la tradition vivante de l’Eglise ».
*Dialogue de Jean-Paul II avec les jeunes à Paris, le 1er juin 1980