Soudan du Sud :  » C’est une nation en souffrance qui a besoin de soutien »

Le Père Christophe Boyer, bénévole au Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM) au sein de la Conférence des évêques de France, a vécu sept ans de 1994 à 2001 chez les Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs) au Soudan avant que le pays ne connaisse une scission en 2011 et ne devienne un pays  part entière, le Soudan du Sud. Il nous parle des défis que le pape François doit relever lors de sa visite Soudan du Sud du 3 au 5 février 2023. Témoignage.

« En tant que jésuite, le pape François a une vision stratégique de sa visite au Congo et au Soudan du Sud. Si la proportion musulmane en Afrique du Nord avoisine les 98%, le reste de l’Afrique, le nombre de catholiques restent important sur le territoire africain comme le montre les courbes démographiques.

Le Soudan du Sud est l’état le plus récemment indépendant (2011) avec une population à peine évangélisée en très grand besoin de formation chrétienne. Le pape est mû surtout par l’Evangile à annoncer aux populations de périphéries et des zones de fracture. « Évangéliser implique un zèle apostolique. Évangéliser présuppose dans l’Église la parrhésia [l’audace] de sortir d’elle-même. L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l’existence : celles du mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice, celles de l’ignorance et de l’absence de foi, celles de la pensée, celles de toutes les formes de misère. »

Le Soudan du Sud est en proie à la guerre civile pour ses ressources minières et pétrolières. Il y a seulement 8% de musulmans au Soudan du Sud mais on y parle un arabe vernaculaire et l’indépendance s’est faite depuis les années 1950 au prix de deux guerres civiles contre le nord musulman. C’est une nation en souffrance qui a besoin de beaucoup de soutien et de médiation pour y rétablir la justice et la paix.

Le Pape apporte son leadership dans le sens de l’unité catholique dans deux pays profondément divisés. Les multinationales et les grandes puissances se battent pour les ressources minières et naturelles avec la complicité de chefs locaux corrompus aux dépens de la masse des pauvres. Au Soudan du Sud, les multinationales occidentales ont quitté le pays paradoxalement sous la pression des ONG des droits humains. Il reste des compagnies pétrolières chinoises, indiennes et malaisiennes. L’Égypte, le Soudan du Nord et l’Ouganda sont aussi impliqués militairement. La Mission au Soudan du Sud des Nations Unies s’interpose entre les factions rivales.

L’approche œcuménique est utile au Soudan du Sud car l’église catholique est minoritaire. Il y a cependant plus de 260 congrégations religieuses catholiques installées (Jésuites, Salésiens, Franciscaines missionnaires). Elles se sont entraidées pour que l’Église catholique s’implante au Soudan du Sud notamment via la « Solidarité avec le Soudan du Sud »  une organisation qui intervient au niveau des écoles et des hôpitaux en lien avec Caritas. Une cinquantaine de congrégations religieuses catholiques ont des communautés actives sur le terrain. Il y a notamment les Comboniens. Il existe un réseau de radios catholiques au Soudan du Sud.

La population n’a pratiquement pas été scolarisée depuis 70 ans et toutes les infrastructures sont à construire. La population est très jeune et pleine d’espoirs. Il y a un très grand potentiel de développement si la guerre et la corruption étaient surmontés. Après trois guerres civiles, c’est la nation qui possède le plus bas indice de développement humain du monde (IDH). Après un accord de paix signé en 2018 le gouvernement n’arrive pas à négocier la paix avec son opposition qui semble se préparer à de nouveaux combats militaires.

Le pape François entre vraiment dans la démarche du « Bon Samaritain » qui va hors de son chemin pour aider un peuple en danger. »

Juba
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Crédit photo : Peter Jeffrey

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