« Goûter la joie de la rencontre avec des personnes handicapées »

Partager un temps de fête, oser la rencontre au-delà des handicaps, changer de regard. La 4e nuit du handicap est confirmée : rendez-vous pour tous le 12 juin en différentes villes en France pour prendre joyeusement et ensemble une belle leçon de vie. Rencontre avec Florent Bénard, responsable communication de l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH). Par Florence de Maistre.

Comment l’idée de La nuit du handicap est-elle née ?

La Nuit du handicap est née en 2018. Pour célébrer les 50 ans du magazine Ombres et lumière, l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) avait prévu deux temps forts de rencontre et de rassemblement autour des plus fragiles. À Paray-le-Monial, en lien avec la communauté de l’Emmanuel, les personnes handicapées ont été placées au cœur d’une belle “session pour tous”. L’OCH a également souhaité offrir un évènement pour rejoindre, au-delà de l’Église, ceux qui ne sont pas forcément croyants mais qui sont concernés par le handicap. Une initiative donc pour aller sur les parvis, selon les mots du Pape, rencontrer ceux que nous ne connaissons pas mais avec qui nous avons malgré tout beaucoup en commun. La première Nuit du handicap s’est ainsi tenue en juin 2018, avec ce souhait : permettre de goûter la joie de la rencontre avec des personnes handicapées. À l’OCH, nous en sommes témoins : les personnes handicapées ont le don de la relation, qui est source de joie. Voilà l’intuition originale. Depuis La Nuit du handicap est devenue une association indépendante pour permettre à l’évènement de prendre son essor en lien avec d’autres associations.

Qu’est-ce qui caractérise l’évènement ?

Il y a autant d’évènements différents que d’équipes locales et de villes participantes ! L’originalité de la manifestation s’appuie sur ce partenariat entre les municipalités, les associations locales et les bénévoles qui donnent de leur temps et leur énergie pour que la fête puisse exister. Mais de Toulouse à Lille, on retrouvera ces trois piliers. Il s’agit de mettre en valeur les personnes handicapées et leur permettre de révéler leurs talents. L’évènement se tient sur la place publique, non pas caché comme cela pourrait être la tendance, mais en plein air, d’où le partenariat avec les municipalités. Et enfin la gratuité permet d’élargir le public.

Que réserve cette quatrième édition ?

Une vingtaine de villes est en route. Nous étions le double au départ mais beaucoup ont été contraints de passer leur tour à cause du contexte sanitaire. Les participantes sont tout autant de grandes villes (Marseille, Paris, Strasbourg, etc.) comme de plus modestes (Buhl, Villeneuve-sur-Lot, Vierzon, etc.). Quant à la programmation, chacune est singulière. Cela va du spectacle avec des comédiens handicapés au challenge handisport. Nombreuses sont les villes qui proposent des démonstrations et offrent aussi la possibilité d’essayer le basket en fauteuil ou le judo adapté. Tout le monde peut expérimenter une activité sportive telle qu’elle est pratiquée par une personne handicapée en se mettant à sa place. Il y a aussi souvent des stands de petite restauration tenus par des personnes handicapées. À Boulogne-Billancourt, où je serai, ce sont les membres de l’Esat d’Issy-les-Moulineaux qui préparent les collations et feront le service de la buvette dans la dynamique de la restauration solidaire qui se développe actuellement. Des concerts sont également prévus, de tous les styles de musique : tout est possible, tant que ce sont les personnes handicapées qui en sont actrices. C’est la dimension de fête qui prime avant tout ! À noter, Les Frangines sont les marraines de l’édition 2021. Déjà sensibles au sujet du handicap à la suite d’expériences enrichissantes au sein d’association, elles sont très heureuses de faire connaître la démarche. Nous sommes également heureux du soutien et du parrainage de Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.

Qu’est-ce qui vous touche particulièrement ?

Je ressens beaucoup de joie à voir le nombre d’équipes qui se sont mises en route et qui ont persévéré malgré les confinements successifs. Elles se sont organisées, ont travaillé sans baisser les bras. Des incertitudes planaient encore il y a peu sur la faisabilité de l’évènement. Déjà le couvre-feu s’étend à 23 h 00, nous grappillons du temps en début de soirée. Initialement, La Nuit du handicap était prévue comme une soirée de fête avec sa dimension nocturne un peu magique, pour faire dans cette obscurité briller les talents… Mais il nous faut composer avec les réalités locales. Nous avons de beaux témoignages de participants touchés par ce qu’ils ont vu, observé et échangé avec les personnes rencontrées. C’est un visage souriant du handicap qui est dévoilé, alors qu’on évoque souvent plutôt sa face sombre ou que l’on agit à leur place. Ce sont les personnes handicapées qui nous invitent à leur fête, elles nous prennent par la main.

Ce matin, j’intervenais dans une école avec Maureen dont le fils est autiste. Elle expliquait à quel point il attend cet évènement ! C’est l’occasion pour lui de vivre un temps fort dans lequel il sera accueilli tel qu’il est, avec d’autres jeunes comme lui ou avec d’autres différences. Et il peut inviter des amis, des voisins, des cousins. De nombreux jeunes handicapés vivent dans des foyers ou des écoles spécialisées, ils manquent de rencontres. Je retiens encore des éditions précédentes la beauté de cette communion, le même jour, à la même heure, dans ces différents lieux les personnes handicapées permettent la rencontre. Ceux qui sont d’habitude mis de côté, les plus fragiles, nous invitent à les rejoindre le temps d’une fête. De façon très personnelle, ces fêtes me donnent un avant-goût du royaume. Je repense au festin de l’Évangile où les pauvres et les boiteux sont invités. Je crois qu’il y a quelque chose de cet ordre-là à goûter : c’est la joie de l’Évangile.

Qu’attendez-vous de cette édition 2021 ?

J’espère qu’un grand nombre de participants sera au rendez-vous. L’intuition première était aussi que l’évènement puisse être un lieu de dialogue avec les personnes engagées dans le handicap mais qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. La Nuit du handicap est aconfessionnelle et apolitique, de façon à permettre une aventure commune, sans frein ou retenue les uns par rapport aux autres, autour des plus fragiles. Il s’agit de créer des liens entre les associations d’ordinaire très segmentées selon le type de handicap, de se réunir autour de ce projet. Et de faire vraiment la fête !

À lire

L’ouvrage Mon frère est un extra-terrestre est un récit autobiographique dans lequel Florent Bénard revient sur sa relation avec son frère, Samuel, qui souffre d’autisme. Éd. L’Iconoclaste, 2020, 235 p., 17 euros.

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