Les célébrations des funérailles dans ce contexte de pandémie

La pandémie de Covid 19 qui sévit actuellement a fortement ébranlé tous les secteurs de nos sociétés. Les plus vulnérables en seront durablement affaiblis. Dans ce contexte, comment l’Eglise vient en aide aux familles qui affrontent un deuil ?

Interview du P. Thierry Gard, membre du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS), chargé du dossier des funérailles

 

Quelle est la place de la pastorale des funérailles au sein des communautés chrétiennes ?

père Thierry GardComme tout domaine de la pastorale, les funérailles sont vécues avec la communauté. Quelques-uns de ses membres sont délégués pour faire équipe voire pour conduire la célébration en l’absence de ministres ordonnés. Ils accueillent les familles, participent à la célébration et, selon les pratiques locales, se rendent au cimetière pour prier lors de l’inhumation. L’ensemble de la communauté prie pour les défunts de la semaine lors de la messe le dimanche. Et les chrétiens du quartier ou du village du défunt sont invités à manifester leur compassion à la suite des funérailles (c’est d’ailleurs un chantier en cours de l’équipe « veille des funérailles » pour le promouvoir davantage auprès des équipes diocésaines de funérailles !).

En cette période de confinement, la vie paroissiale s’organise différemment. La pastorale des funérailles tient une large place, d’autant plus que l’événement de la mort continue à frapper les familles et davantage pour les régions particulièrement touchées par ce virus.

Quel accompagnement est proposé aux familles touchées par le décès d’un proche atteint du Covid-19 ?

L’accompagnement est assuré, en premier lieu, par un prêtre ou un diacre, en vue de la célébration des obsèques. Ce sont les ministres ordonnés qui sont en première ligne, à la demande de beaucoup d’évêques ; surtout que la plupart des laïcs faisant équipe ainsi que ceux délégués pour officier ont plus de 70 ans et sont donc tenus au confinement total. Un premier contact est établi par les Pompes Funèbres ou la famille pour établir le mode de célébration : à l’église (avec au maximum 20 personnes, personnels de la paroisse et des Pompes funèbres compris) ou au seulement au cimetière (dans les cas où la famille proche du défunt mort du virus ne peut être présente car confinée ou ne se sent pas prêtre à vivre dans l’église les gestes-barrière). Ensuite, un dialogue est vécu avec la famille par téléphone en vue de la célébration : évocation du défunt et du contenu de la célébration pour préparer les proches à vivre ce passage avec foi et dans l’espérance. Le lien avec les familles ne s’arrête pas à la célébration ! Il sera proposé, au sortir du confinement, des messes pour les défunts. Ce qui est important, c’est de poursuivre l’accompagnement par un coup de téléphone ou un message électronique jusqu’à ces futurs moments de célébration : et là, les paroissiens des équipes de funérailles, quel que soit leur âge, peuvent prendre le relais.

Le déroulement des funérailles est-il différent ?

Nous continuons à célébrer selon le rituel, c’est-à-dire à l’église pour vivre la principale station puis au lieu de l’inhumation pour la dernière station. Cependant, comme le prévoit Dans l’espérance chrétienne, ce guide de célébrations pour les défunts édité en 2008, la station à l’église est parfois omise en ce temps de pandémie et celle au cimetière est alors développée : liturgie de la Parole et dernier adieu en plus de la prière litanique et de l’oraison devant la tombe.

Avec le confinement, la pratique du rituel a été quelque peu modifiée dans sa forme en mettant en application les gestes barrières : le goupillon n’est utilisé que par le président voire plus du tout, les autres membres de l’assemblée font le signe de croix avec leur main droite sur le cercueil ou se signent. Le symbole de la lumière est toujours utilisé (même dans les célébrations uniquement au cimetière) mais les proches ne rallument plus la flamme autour du cercueil.

Que sera-t-il proposé plus largement après le déconfinement pour faire mémoire des victimes du Covid-19 et des autres défunts et pour mieux vivre le deuil, plus largement que pour la famille proche qui aura pu s’associer aux funérailles en petit comité ?

Les paroisses ont déjà envisagé de célébrer la messe pour tous les défunts décédés au cours de cette pandémie. Le SNPLS propose deux types de célébrations : pour chaque défunt (ou ceux d’un même village ou d’une période donnée) afin de rassembler tous ceux qui veulent lui/leur dire adieu ; pour tous les défunts avec les familles et la communauté comme nous le vivons chaque année le 2 novembre. L’équipe de « veille des funérailles » que j’ai mise en place travaille à l’élaboration d’un schéma pour chacune d’elles afin de proposer aux paroisses un support par l’intermédiaire des diocèses.

En plus de cela, il y aura aussi une attention particulière à inventer pour rejoindre ces familles chez elles ou par le biais d’une invitation communautaire par la paroisse. Avec ce temps spécifique, de nouvelles formes d’accompagnement peuvent surgir : c’est une situation qui appelle la créativité !

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Par-delà le confinement, que fait l’Église pour accompagner les familles en deuil ?

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