Message de la mission en monde rural à propos de la crise laitière

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La révolte des éleveurs laitiers est le témoin d’une profonde crise agricole. Cette crise va bien au-delà de ce secteur. Etre amené à détruire sa production, nourriture pour les hommes, est une action douloureuse et extrême. Elle démontre la détresse des paysans.

La Mission en Monde Rural invite chacun à se faire proche comme a su le faire le Samaritain de l’Evangile, de ceux qui sont en souffrance et risquent une atteinte grave à leur équilibre de vie professionnelle et familiale.La Mission en Monde Rural s’interroge sur la logique de contractualisation entre producteurs et transformateurs, encouragée par l’Europe pour être en accord avec l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), sans intervention des états. La contractualisation nécessite des rapports de force dans les marchés. Les petites et moyennes exploitations, que sont les entreprises familiales ne font pas le poids. Tout les pousse à se regrouper en très grosses structures (de passer de 100 à 1000 vaches par exemple). N’est-ce pas la mort de l’entreprise familiale ?

Nous ne sommes pas insensibles à des voix comme M. André Pflimlin, chargé de mission Europe à l’Institut de l’élevage qui déclare : « Il est urgent de revenir à une politique européenne qui garantisse notre sécurité alimentaire, la valorisation de tous les territoires et une nouvelle dynamique rurale… » La Croix 09/09.
Cette crise nous invite donc de nouveau à nous réinterroger sur la souveraineté alimentaire. Déjà, l’Eglise affirmait dans le document épiscopat N° 7/2008, « …que le défi majeur de l’agriculture de demain était de concilier la modernisation avec une activité économique rémunératrice, le respect de l’environnement, la mission de bien nourrir la population et la gestion de l’espace rural… »
Pour relever ce défi n’est-il pas nécessaire que l’Europe cesse de considérer les biens d’alimentation comme n’importe quelle marchandise ? « Ils sont à la base de nombreux liens sociaux et au final un facteur de paix, de démocratie de développement. L’Union Européenne devrait se souvenir de ses origines. » CMR (Chrétiens Monde Rural).

C’est tout l’espace rural qui est concerné par cette crise agricole. La non reprise d’exploitations et la concentration d’autres ne risquent-elles pas d’affecter gravement tout un réseau d’économie rurale : artisans, commerçants ? Avec le MRJC (Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne) nous sommes d’accord pour dire : « avec les cessations d’activités à venir, les exploitations non reprises…ce plan social des campagnes met en jeu la vitalité des territoires ruraux, l’entretien des paysages et l’aménagement de nos territoires. » communiqué de presse du 18/09/09.
Monsieur Michel Mercier, ministre de l’espace rural et de l’aménagement du territoire disait dans La Croix du 17 septembre 2009. «… En Europe, la France est le pays de la ruralité et c’est un atout pour la nation ». Avec la disparition des entreprises agricoles familiales comment cela va-t-il se faire ?

Cette crise nous concerne donc tous et pas seulement les éleveurs laitiers. Ce qui est en question est bien la souveraineté alimentaire, le devenir de l’entreprise familiale, l’avenir de l’espace rural. Quelle place du politique dans ces questions ?

N’hésitons pas à en débattre…
et à nous faire proche de ceux qui sont dans les difficultés au cœur de cette crise.

« Un Samaritain qui était en voyage arriva près de l’homme,… le conduisit à une auberge et prit soin de lui… » Luc (10, 33-34)

Père Jean Vivien, délégué national à la Mission en Monde Rural
Josette Chamant, présidente du Carrefour de l’Eglise en Rural
Le 7 octobre 2009