1) Les travaux entrepris depuis 2018 sous l’égide de la CIASE à la demande de la CEF (Conférence  des évêques) et de la CORREF (Conférence des religieux et religieuses de France), outre leurs  apports spécifiques, ont ouvert la voie à une dynamique d’enquête qui s’est retraduite dans les  projets voulus par l’Arche, la province dominicaine de France et la congrégation de Saint-Jean afin de faire la lumière sur les agissements des frères Thomas et Marie-Dominique Philippe.  Ces travaux, menés entre 2019 et 2023, ont documenté des actes d’abus et de violence sexuelle commis sur des femmes majeures par les frères Philippe, mais aussi sur des mineurs par  certains de leurs disciples, et ont montré l’incapacité durant des décennies des institutions  ecclésiales, à tous les échelons, à repérer et à s’opposer à ces agissements.

2) L’apport de ces enquêtes a également fortement souligné que les abus commis par les frères  Philippe n’étaient pas le fait d’individus isolés mais au contraire d’individus qui entretenaient et diffusaient des convictions favorisant la reproduction et la transmission des mêmes actes. Profondément insérés dans certains réseaux et cadres de pensée de l’Église catholique du  XXe siècle, les frères Philippe, d’une part, ont assuré la naissance et l’essor, sous des formes  différentes, de groupes (Eau vive, Arche, Saint-Jean) et, d’autre part, ont su étendre leur  influence au-delà de ces fondations. La centralité de leur position dans une partie du  catholicisme français, depuis les années 1960 en particulier, en lien avec leurs fondations mais  aussi au-delà d’elles, dans des communautés dites nouvelles ou plus traditionnelles, dans des  organismes et des associations, auprès d’instances diverses, à tous les échelons, doit être  analysée en tant que telle afin de comprendre ce qui l’a rendu possible et quels en ont été ou  en sont encore les effets. Nous ne connaissons, pour le moment, que certains pans de cette  histoire. Pour avancer dans la compréhension du phénomène, difficile à appréhender mais  d’ampleur, qu’est l’influence des frères Philippe et ce qu’elle révèle de défaillances ou de  vulnérabilités des institutions ecclésiales, la CEF et la CORREF souhaitent encourager un travail  d’histoire confié à une commission interdisciplinaire indépendante.

3) Liberté qui lui est reconnue à cette commission de définir, dans le cadre de cette lettre de  mission, ses propres objectifs scientifiques et les moyens pour y parvenir. La CEF et la CORREF  appuieront Les demandes d’accès aux archives jugées nécessaires à l’enquête. Le résultat enquête historique, une fois qu’elle aura été menée à son terme, c’est-à-dire d’ici deux ans, sera remis à la CEF et à la CORREF, en vue d’être mise à la disposition du public.

4) La direction de l’enquête est confiée à l’historien chercheur Tangi Cavalin qui s’organisera  comme il le souhaite avec son équipe.

5) A partir d’un budget prévisionnel établi avec ce dernier, la CEF et la CORREF s’engagent à  apporter les fonds nécessaires à cette mission.

A Paris, le 18 octobre 2023,

Mgr Eric de Moulins-Beaufort, Président de la Cef,
Sr Véronique Margron, Présidente de la Corref,