Eclairage de Mgr Perrier : Comment bien vivre la naissance d’un enfant ?

Dans la langue courante, on entend des expressions comme « avoir un enfant » ou « faire un enfant ». Ces manières de parler ne sont pas très heureuses : l’enfant n’est pas un bien de consommation qui s’achète comme une voiture ou un ordinateur. L’enfant n’est pas davantage un produit qui se fabrique.
Pour parler de la naissance des enfants, la langue chrétienne utilisait, jadis, un mot qui était riche de sens. Avant de l’écrire, je prends encore quelques précautions. Aujourd’hui, ce mot, s’il était employé, paraîtrait comme une offense faite aux femmes, les réduisant à leur fonction reproductrice. J’ose, cependant, écrire ce mot parce qu’il est riche de sens, même s’il est aujourd’hui mal compris : « pro-créer ». J’espère que les lignes qui vont suivre lèveront les ambiguïtés.
Dieu seul crée. « Il dit et cela est ». Créer, c’est faire surgir du nouveau. A la pointe de sa création, il suscite l’homme. Il a pour lui une attention particulière. Dans son langage imagé, la Bible nous montre Dieu réfléchissant avant la création de l’homme : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance » (Genèse 1, 26).
Les parents sont associés à l’oeuvre créatrice de Dieu. Ils ne sont pas les créateurs de la Vie mais cette vie particulière, la vie de ce nouvel être humain, n’existerait pas, si l’union des parents ne l’avait permise. C’est ce qu’exprime le mot « procréer » pour ceux qui acceptent de l’entendre dans son vrai sens.

L’acte humain le plus élevé

Le monde animal se reproduit à l’identique. Accueillir un enfant, c’est, au contraire, faire venir au monde un esprit, une liberté. Un enfant sera toujours surprenant. C’est peut-être par crainte du dérangement que nos contemporains préfèrent avoir auprès d’eux des animaux qui finiront par leur ressembler que d’élever des enfants qui leur échapperont. Dieu lui-même, en nous créant, accepte que nous le refusions.
Faire venir au monde un enfant est l’acte humain le plus élevé. Il résulte de l’union la plus concrète qui soit de l’homme et de la femme et, en même temps, il révèle, plus que tout autre aspect de la vie, la différence masculin/féminin.
Autre paradoxe. Jamais l’homme et la femme ne se sont autant engagés que quand ils mettent au monde un enfant. Dans tous les sens du mot, cet enfant viendra du plus profond d’eux-mêmes. Et cependant, dès sa naissance (et même dès sa conception), cet enfant s’impose à eux. Ils doivent le respecter. L’enfant naît de la puissance de vie qui habite ses parents mais, alors qu’il est plus faible qu’eux, totalement dépendant, ce sont eux, les parents, qui se sentent faibles devant lui.
Par tous ces traits, l’accueil d’un enfant est peut-être le moment de leur vie où un homme et une femme sont les plus près du sacré. Qu’ils soient religieux ou non, ils sont confrontés à ce qui les dépasse. « Que sera donc cet enfant ? », disaient les gens autour du berceau de Jean-Baptiste. Tout être humain qui naît ouvre sur un mystère. Il peut ouvrir ses parents sur le Mystère, celui du Dieu vivant. La foi commence toujours par l’étonnement : rien n’est plus étonnant qu’un enfant.

Source: Simples questions sur la vie

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