Réflexions à propos des élections régionales de 2010, par Mgr Lacrampe

Lacrampe André - Besançon

Il y a près de quarante ans, à l’occasion du 80ème anniversaire de l’encyclique « Rerum novarum », le Pape Paul VI attirait l’attention des chrétiens sur leur « responsabilité politique », en les invitant à « prendre vraiment conscience des problèmes, maîtriser les mutations et discerner les options et engagements qu’il convient de prendre ».

Cette invitation reste tout à fait d’actualité. Comme citoyens, nous sommes invités à voter les 14 et 21 mars prochains : il nous sera demandé de nous prononcer sur la réforme des collectivités territoriales et la mise en place de conseillers siégeant dans les deux assemblées locales : le conseil général et le conseil régional.

Cela concerne directement l’avenir de chacun et de notre région : les deux assemblées ne sont pas désignées pour servir des intérêts particuliers ou partisans mais l’intérêt général et renforcer le lien social. Les dossiers ne manquent pas pour vivre le présent et préparer l’avenir dans les domaines du développement économique, de l’éducation, de la formation professionnelle, des infrastructures des transports, de l’environnement et de l’écologie…, pour que la vie de chacun et de tous soit véritablement humaine.

Jadis, on demandait parfois aux évêques de donner des consignes de vote. On y a renoncé, heureusement. L’Eglise n’a pas à prendre position sur l’organisation de la cité. C’est l’affaire de tous les citoyens, qu’ils croient en Dieu ou non.

Si l’Eglise n’a pas de solution technique à offrir, elle a une mission de vérité à remplir en faveur d’une société à la mesure de l’homme. Le Pape Benoît XVI, rappelle, dans sa première encyclique « Dieu est amour », que « L’Eglise ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible. Elle ne peut ni doit se mettre à la place de l’Etat. Mais elle ne peut ni doit non plus rester à l’écart dans la lutte pour la justice. » (N° 28)

S’il faut reconnaître une légitime variété d’options chez les chrétiens, et des possibilités d’engagements différents, la foi qui nous habite pousse chacun d’entre nous à rechercher une cohérence entre ses options humaines et l’Evangile : s’informer des enjeux d’un vote, y réfléchir ensemble, participer à des débats publics, donner son avis personnel, respecter celui des autres, partager les responsabilités, rechercher le « bien de tous », c’est finalement semer l’espérance d’une société de justice et de paix.

Je souhaite que chacun d’entre nous comprenne et respecte la finalité de la politique qui est d’améliorer le « vivre ensemble », pour construire, chacun à sa place et selon ses responsabilités, un monde digne de l’homme, qui ne soit pas dominé par l’individualisme et la recherche du profit… mais par la justice et la fraternité universelle. Elles sont comparables à « la petite graine de moutarde qu’un homme a jetée dans son jardin. Elle pousse, elle devient un arbre, et les oiseaux du ciel font leur nid dans ses branches ». (Luc 13, 18). Ce passage d’évangile met l’accent est mis sur le temps nécessaire à la croissance cachée, à la création, à la capacité d’innovation. Leçon de patience, de confiance et d’espérance.
 

Mgr André Lacrampe, archevêque de Besançon
Le 5 février 2010

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