Père Marc Lambret : « S’opposer au projet de loi dite bioéthique »
« S’opposer au projet de loi dite bioéthique », le Père Marc Lambret, curé de Sainte-Clotilde (7e arrondissement de Paris) et aumônier parlementaire réagit dans une tribune au projet de loi dite « bioéthique ».
Le projet de loi dite « bioéthique » est en discussion à l’Assemblée. Notamment pour les raisons que vient d’exposer l’Académie de médecine, déjà développées il y a un an par l’Académie des sciences morales et politiques, ce projet est contestable. Il importe que les citoyens dont la conscience est éclairée à ce sujet se manifestent pour le signifier aux autres.
La « PMA pour toutes », mesure phare du projet, éclipse les autres pourtant aussi importantes et plus réellement « bioéthiques ». Il s’agit de permettre à toute femme en désir de maternité d’obtenir satisfaction autrement que par les voies habituelles en bénéficiant des techniques disponibles. Et pourquoi pas, si elle en a envie et que c’est possible ? La simple façon de défendre cette revendication en réfutant par avance toute objection signale la nature du problème et sa gravité.
La focalisation sur l’individu comme sujet de volontés immédiates, forcément légitimes dans la mesure où elles ne contrarient pas d’autres volontés tout aussi immédiates et légitimes, occulte ou estompe toute autre considération. Sous le couvert d’une compassion compréhensible, c’est l’individualisme hédoniste qui s’impose en force. Cette idéologie est aujourd’hui aussi inaperçue et impensée qu’hégémonique. Elle ignore et bafoue la nature sociale et historique de l’humanité, en particulier la solidarité entre générations. Elle nous prépare de terribles affrontements entre les parents et les enfants qui leur jetteront au visage leur égoïsme irresponsable dont ils subiront les conséquences. Nous voyons les prémices de ce drame imminent en ces adolescents qui nous reprochent de leur léguer une planète invivable.
Car la même logique est à l’œuvre dans l’irrésistible entraînement à consommer toujours plus dont nous savons dénoncer les conséquences, mais que nous sommes incapables de freiner, pris que nous sommes dans le mécanisme implacable de la course à la croissance selon l’impératif de maximisation du profit dénoncé par Laudato si’. La société n’est perçue que comme un ensemble de contraintes, de ressources et de conditionnements dont l’individu doit se servir librement pour se réaliser lui-même.
Au centre de ce rétrécissement du champ de conscience anthropologique règne la myopie conceptuelle de ceux qui prétendent exercer le magistère de la raison, alors qu’ils la réduisent à la rationalité instrumentale. Quand il n’a plus de considération que pour les moyens d’arriver à ses fins, l’homo technicus régresse spirituellement au stade de la toute-puissance illusoire du nourrisson. Le drame est que lui a vraiment les moyens de contraindre la réalité à servir ses passions à courte vue, quitte à la détruire.
L’urgence est à la réflexion pour enrayer au plus tôt ces mécanismes désastreux. Sur le sujet, emmenés par un pape visionnaire et courageux, les catholiques se trouvent un peu plus lucides que la moyenne. Prenons garde à ne pas sembler défendre des positions partisanes et réactionnaires quand nous assumons un rôle de veilleurs au service de tous. C’est pour nous un devoir de charité aussi envers ceux qui s’imaginent que nous ne les aimons pas, alors que nous presse l’amour de Dieu pour chacun des enfants des hommes, comme pour chaque société et pour l’humanité entière. Que notre manière de témoigner soit aussi douce que forte, comme la vérité elle-même qui ne s’impose que par sa capacité propre à pénétrer les esprits.
Père Marc Lambret