Chantal Nguyen, engagée au service de toutes les femmes

Porter le projet de l’Action catholique des femmes et développer une vision d’avenir, telle est la mission de la nouvelle présidente du mouvement. Portrait de Chantal Nguyen. Par Florence de Maistre

“Au sein des équipes de l’Action catholique des femmes, chacune est accueillie et écoutée quel que soit son parcours. Nous ne sommes pas jugées, c’est très important pour moi et c’est ce qui m’a le plus touchée quand je suis arrivée en 2006”, confie Chantal Nguyen. C’était tout juste après le décès de son mari. Le prêtre qui l’avait alors accompagnée lui avait conseillé de se rapprocher de ce mouvement d’Église. Ce dernier compte près de 2 350 membres (chiffres 2019) en France : des femmes qui partagent en petites équipes locales le quotidien de leurs vies à la lumière de l’Évangile. “J’étais assez éloignée de la religion. L’ACF m’a permis de me reconstruire et de me ressourcer en partageant une parole libre”, indique Chantal, l’émotion encore perceptible dans la voix. D’un engagement à l’autre, de responsable départemental à déléguée régionale puis membre du bureau national, la voilà fraîchement élue en septembre dernier, à 64 ans, présidente de l’Action catholique des femmes pour trois ans. Un mandat renouvelable trois fois.

Nul doute que son expérience professionnelle et ses qualités personnelles lui permettront de mener à bien sa mission. Native du Maine-et-Loire, “dans la région du côteau du Layon, connue des amateurs de bons vins”, précise-t-elle dans un sourire, Chantal a travaillé plus de trente ans à Paris dans le commerce, la grande distribution et la restauration. Elle a occupé des postes à responsabilité, exercé son sens du management et même dirigé un supermarché. De retour dans l’Anjou, où elle se sent bien, elle accompagne les derniers jours de son époux, puis entre chez Pôle emploi. À Nantes, elle intervient sur une plateforme téléphonique au service des employeurs. “J’aime bien entreprendre, bâtir des projets et les mener à terme. Je sais aussi écouter. Quand je travaillais chez Pôle emploi, mes collègues connaissaient mon engagement en ACF. Ils avaient tendance à venir se confier, homme ou femme, en cas de problème. C’est mon côté social et humain, que les gens sentent rapidement. D’ailleurs ma fille est comme moi, c’est dans les gênes, ça se transmet !” Complices, toutes deux partagent beaucoup et s’encouragent dans l’aventure de la vie. “Ma fille s’est mariée il y a deux ans en Thaïlande pour la beauté du pays, selon le rite bouddhiste. J’ai donc fait le voyage, quelle belle expérience !” Autres dépaysements, toutes deux se passionnent pour les livres. Chantal est ainsi récemment devenue fan des romans policiers de la Suédoise Camillia Läckberg, qu’elle dévore !

Accueillir toutes les femmes

La nouvelle présidente de l’ACF débute son mandat dans les conditions particulières et difficiles de la crise sanitaire. Les femmes craignent pour leur santé, celle de leurs proches. Les rencontres s’annulent à tour de bras, les projets sont remis en cause, les adhésions en chute libre. Pourtant, Chantal, convaincue de la pertinence de la proposition pour les femmes d’aujourd’hui, ne baisse pas les bras. Elle a choisi l’ACF et s’y consacre pleinement. Le principal point d’attention du mouvement ? Les violences faites aux femmes. Une maison d’accueil pour les victimes et leurs enfants devait logiquement voir le jour. Mais dans un premier temps, c’est une antenne d’écoute, en lien avec d’autres associations, qui devrait ouvrir prochainement. Les idées ne manquent pas pour répondre aux besoins de toutes. La présidente d’imaginer aussi une structure d’habitat intergénérationnel pour les smicardes qui peinent à trouver un logement et les retraitées aux maigres pensions. “Bien entendu, nous pourrions bénéficier de subventions pour monter une telle maison, mais il faut veiller à la pérennité du projet, trouver un équilibre financier, s’organiser !”

Et d’une action engendrer de nouveaux fruits. Car Chantal poursuit sa réflexion sur les façons de rejoindre les femmes qui recherchent un endroit pour s’exprimer, certes, mais qui souhaitent également participer à des actions de solidarité, concrètes et ponctuelles. D’où la proposition de bénévolat et les permanence d’écoute ou encore l’animation au sein de l’habitat intergénérationnel. “Ce serait une nouvelle façon de créer des liens et de faire vivre l’ACF. Je vois l’avenir un peu comme ça. Ma fille, par exemple, n’est pas croyante. Mais elle serait tout à fait partante pour s’occuper d’une bibliothèque partagée ou donner des cours de cuisine”, souligne la présidente en confiant aussi dans un souffle : “Mon gendre et elle admirent mon engagement pour l’ACF et s’y intéressent. Ça compte beaucoup pour moi”.

Heureuse dans sa mission

Former les femmes pour qu’elles deviennent accompagnatrice d’équipe, avec les spécificités de la pédagogie de l’ACF, fait partie des joies de Chantal. “C’est très intéressant de décortiquer les grands textes d’Église, pour en permettre une meilleure compréhension par toutes. C’est un grand bonheur”. De même, elle a beaucoup apprécié les échanges qu’elle a dernièrement eu, en visio, lors d’une intervention auprès des services de la pastorale familiale des diocèses de l’Ouest au sujet des signes de violences faites aux femmes et les réponses à envisager. Chantal se réjouit également de travailler avec une très bonne équipe, où chacune a sa place, sans oublier le P. Frédéric Da Silva, prêtre du diocèse de Soissons, aumônier national de l’ACF depuis l’an dernier. “Il a moins de 50 ans, il est convaincu par l’action catholique et la cause des femmes. Il nous permet d’approfondir et d’ouvrir notre réflexion. Par ailleurs, les aumôniers d’équipes locales sont nombreux à nous dire qu’être au milieu de nous est pour eux comme une bouffée d’oxygène. C’est assez extraordinaire et c’est important. On s’aperçoit qu’ils sont très bien avec nous.”

De partager enfin quelques mots du pape François, extraits de l’audience générale du 26 février 2020, qui la saisissent tout simplement : Regardons nos vies : combien de choses inutiles nous entourent ! Nous poursuivons mille choses qui semblent nécessaires et qui en réalité ne le sont pas. Comme cela nous ferait du bien de nous libérer de tant de réalités superflues, pour redécouvrir ce qui compte, pour retrouver les visages de ceux qui sont à nos côtés ! 

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DSE doctrine sociale