Unplanned

Fiche de l’Observatoire Foi et Culture (OFC) du mercredi 23 septembre 2020 sur le film « Unplanned ».

UnplannedLe film Unplanned diffusé en 2019 aux USA par une société de production évangélique reprend l’histoire vraie d’une jeune femme, Abby Johnson1, directrice d’une clinique du planning familial étatsunien qui devient un jour une militante anti-avortement. Ce film dramatique met en scène son spectaculaire retournement et dure 1 h 45.

Quelques remarques sur le film

Ce film ne prétend pas faire le tour de la question sur l’avortement. Il se concentre essentiellement sur la conversion d’une femme qui a subi elle-même deux avortements, l’un médicamenteux et l’autre chirurgical, et qui petit-à-petit de bénévole dans une clinique devient salariée puis directrice de l’établissement.

Le point de vue du film se concentre essentiellement sur le personnage d’Abby Johnson et de son environnement immédiat. Les différentes femmes qui demandent l’avortement sont présentes comme pour faire une typologie des demandes mais le metteur en scène ne creuse pas les aspects si complexes qui conduisent les femmes à se décider pour ce geste. Abby Johnson est finalement présentée comme une femme un peu naïve et pleine de générosité, voulant aider les femmes, et qui découvre brusquement la réalité de l’avortement au moment où elle doit pallier l’absence d’un personnel en salle d’opération. Lorsqu’elle voit l’enfant se faire aspirer tout en entendant les commentaires froids du médecin, elle est bouleversée et prend la décision de démissionner.

L’environnement d’Abby Johnson est constitué de sa famille, du monde professionnel du Planning familial (Planned Parenthood) ainsi que de différents types de militants Pro life qu’elle croise régulièrement à l’entrée de la clinique.

• Son mari et ses parents constituent le cadre stable dans lequel sa décision pourra mûrir.
• Le monde professionnel immédiat est contrasté. D’une part, il y a ses collègues avec qui elle vit le quotidien et les solidarités du travail mais, d’autre part, il y a aussi ses relations avec les autorités qui lui assurent ses promotions, la nomme meilleure employée de l’année et qui sont aussi présentées comme cupides, sans égard pour les femmes et pour qui l’avortement est perçu comme un produit sur lequel, « comme pour les frites dans un fast-food », on fait le plus de marges.
Il y a différents modes d’action des militants Pro Life. Parmi eux, un couple cherche régulièrement la discussion avec Abby Johnson sans jamais jouer la carte de la violence ou de la culpabilité. C’est vers eux qu’elle se tournera lorsqu’elle ouvrira les yeux sur la réalité crue de l’avortement.

Les scènes montrant les différents types d’avortement sont extrêmement violentes et ne sont certainement pas à mettre sous les yeux des mineurs.

Analyse

Le titre du film, Unplanned, renvoie, bien sûr, à cette réalité douloureuse qu’aucune femme ne planifie a priori dans sa vie. Mais à un second degré il décrit, ce qui était encore moins prévisible, le retournement d’une directrice de clinique du Planning familial aux Etats-Unis.

La thèse du film est de montrer que la vie est du côté de l’amour et de la douceur alors que l’avortement, l’idéologie qui l’accompagne et le monde économique qui tourne autour de cette réalité sont d’une très grande violence et d’un cynisme à peine dissimulé. Cette vision simplificatrice passe sous silence les difficultés auxquelles sont parfois confrontées les femmes qui décident courageusement de garder leur enfant. Enfin, comme souvent sur ce genre de sujet, la place des hommes n’est pas prise en compte. Mais peut-on reprocher à un film de ne pas tout dire, surtout quand il se concentre sur un moment de la vie d’une femme ? En tout cas, il faut être lucide sur cet aspect des choses.

Le film ne peut être, à lui seul, un moyen pédagogique pour aider les jeunes adultes et leurs aînés à réfléchir sur la réalité de l’avortement. Il faut absolument un accompagnement par des personnes averties et prudentes capables de gérer non seulement le décalage social et culturel entre les Etats-Unis et la France, les émotions des spectateurs, mais aussi les réactions des jeunes gens, hommes et femmes, qui auraient déjà traversé de telles épreuves sans parler des militants pro-avortement qui ne supportent pas qu’on puisse émettre la moindre réserve sur ce sujet. A ce titre il est important de bien prendre en compte le texte de présentation réalisé par SAJE.

Le dossier pédagogique de Saje Production

Diffusion et publicité

Il appartient, en fait, à chaque « diffuseur local » de vérifier si les conditions d’accompagnement sont rassemblées pour gérer les émotions que le film suscitera inévitablement. De plus, il nous paraît prudent de rappeler que dans le contexte français les diffuseurs locaux doivent avoir conscience que des mouvements proches du Planning Familial ne manqueront pas de faire connaître leur hostilité, voire de la manifester à l’occasion de ces projections.
Il est clair que l’Eglise catholique reste fermement opposée à la pratique de l’avortement et, au contraire, demeure très attachée au respect de la vie des enfants dès leur conception. « Il est déjà un homme celui qui va le devenir » affirmait Tertullien 2 dans son Apologétique.
L’Evangile de la vie de Jean-Paul II n’ignore rien de la complexité de la vie des femmes lorsque la venue d’un enfant non désiré s’annonce 3. Cependant, c’est bien au service de la vie que nous sommes appelés. Nous sommes plein de gratitude pour toutes les associations qui aident les femmes et les couples à accueillir ces enfants 4. Nous encourageons aussi les associations qui accompagnent les personnes qui n’ont pas trouvé les ressources pour ne pas céder aux différentes pressions qui les ont conduites à se décider pour l’avortement 5.
Concluons en rappelant que toutes les conversions au service de la vie sont les bienvenues et tout ce qui y contribue mérite une grande attention. En France, l’avortement reste un fléau qui concerne chaque année plus de 200 000 femmes et couples. Le travail éducatif, à tous les âges, sur le sens des relations affectives et sexuelles garde toute son actualité et constitue, sans doute, la meilleure des préventions contre l’avortement.

Monseigneur Feuillet, évêque auxiliaire de Reims, Président du Conseil famille et Société,
Monseigneur Hubert Herbreteau, évêque d’Agen, Président de l’Observatoire Foi et Culture,

  1. https://en.wikipedia.org/wiki/Abby_Johnson_(activist)
    2. Tertullien, Apologétique, IX, 87, vers 200.
    3. Jean-Paul II, Evangelium vitae, n° 18.99, 1995.
    4. La Maison de Marthe et Marie, les aumôniers des hôpitaux, Mère de Miséricorde, CLER Amour et famille.
    5. Agapa, les accompagnateurs spirituels, les conseillers conjugaux et familiaux.

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