Je suis Tamar, la femme juste

Gardant ma dignité, j’ai rusé pour restaurer la justice bafouée.
Mon beau-père, Juda, était fils de Jacob et de Léa.
Il me donna à son fils aîné Er, qui déplut à Dieu et mourut.
Veuve et sans enfant, il me donna à Onân, frère cadet de Er,
qui abusa de moi, en me refusant sa semence.
Déplaisant à Dieu, Onân mourut à son tour.
Veuve pour la seconde fois, j’étais toujours sans enfant.
Devant, selon la loi, me donner à Shéla, frère cadet d’Onân,
Juda me renvoya chez moi, arguant de la jeunesse de son fils.
Il craignait que Shéla n’en vienne, par ma faute, à mourir lui aussi.
Mais quelle faute avais-je commise ?
Comment faire valoir mes droits, moi qui n’était qu’une femme ?
J’étais Tamar, la veuve.
Je suis devenue Tamar, la prostituée de Dieu.
Première en chemin, j’ai pris le voile pour dévoiler la justice à Juda.
Alors qu’il se mettait en route pour tondre ses brebis,
je me suis prostituée à lui.
Il me connut, mais ne me reconnut point :
ses yeux ne se sont pas ouverts.
Preste, je lui demandai en gage son sceau, son cordon et sa canne.
Que Dieu, le Juste, soit loué : je conçus un enfant de cette union avec Juda !
Quand il apprit que j’étais enceinte,
il voulut me jeter dehors et me faire brûler vive.
Mais c’est sa descendance que je portais !
Je lui fis porter son sceau, son cordon et sa canne.
Ses yeux s’ouvrirent enfin : il reconnut que j’étais plus juste que lui.
Je suis la femme digne qui veille sur la justice.
Je suis la femme forte qui œuvre pour la vie.
J’enfantai de deux jumeaux,
qui se cherchèrent querelle au sortir de mon ventre.
De leur descendance, naîtra un jour notre Sauveur à tous !

Écrivaine : Charlotte Jousseaume
Illustratrice : KOVA

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