Communiqué n°3 de la conférence des évêques catholiques du Burundi concernant les éléctions de 2015

PERSEVERONS DANS LA PRIERE POUR LA PAIX EN FAVEUR DE NOTRE PAYS (cf. Ac.2,42)
Chers fidèles du Christ en communion de foi et de famille,
Chers Burundais et Burundaises.
La paix de Dieu soit avec vous !

l.  Dimanche le l7 Mai 2015, nous avons été heureux et réconfortés d’entendre Sa Sainteté le Pape François qui priait pour que notre Burundi ait la paix. Sur le parvis de la basilique Saint Pierre du  Vatican, le Pape a invité les fidèles du monde entier à prier pour « Ie cher peuple du Burundi, qui  vit un moment délicat ». Il a demandé « que le Seigneur les aide tous à fuir la violence et à agir de  façon responsable pour le bien du pays ». Au nom de L’Église catholique qui est au Burundi, nous Évêques de l’Église catholique, exprimons à cet Apôtre de Dieu notre reconnaissance pour cette sollicitude qu’il ne cesse de nous témoigner en nous portant dans sa prière et en nous prodiguant  ses conseils. Nous profitons aussi de cette occasion pour adresser nos remerciements à toute la  Communauté Internationale, en commençant par les pays de la Sous-Région d’Afrique, qui ne ménage aucun effort pour aider les protagonistes en conflits à trouver une bonne solution à ce  processus électoral conflictuel. Plus un problème est compliqué, plus on a besoin d’une synergie de plusieurs intervenants.

2.  C’est dans cette perspective que, nous-mêmes, Évêques de l’Église catholique, comme tant  d’autres, continuons à donner notre contribution en proposant nos conseils et en priant pour  notre pays, afin qu’il ne dévie pas de la voie de la paix et de la réconciliation que nous avons  empruntée, en poursuivant la démocratie fondée sur le multipartisme. La voie de I’obstination et  de la confrontation violente n’aboutit jamais à une victoire ; mais à une illusion de celle-ci. Par  contre, la voie du dialogue entre les protagonistes qui ne partagent pas une même vision mais qui  acceptent de mettre en avant I’intérêt supérieur de la nation et de tous les citoyens, même si elle est  difficile car elle exige aux uns et autres de se dépasser, c’est la voie qui aboutit à une victoire pour  tous et sans perdant. Nous remercions beaucoup ceux qui accueillent avec bon cœur les conseils que nous donnons comme notre contribution qui édifie.

3. Même tout récemment, nous avons sorti un Communiqué qui contenait nos souhaits et recommandations pour que le processus électoral en cours réponde aux conditions requises pour de  bonnes élections crédibles. Nous en avons profité pour déclarer que si les choses devaient  continuer comme elles étaient, nous allions devoir nous retirer du groupe des intervenants qui  organisent ces élections, vu que I’Église catholique ne peut pas cautionner des élections pleines de lacunes. Nous remercions beaucoup ceux qui nous ont compris dans notre préoccupation de souhaiter que ces élections soient un tremplin pour consolider le système démocratique pluraliste, et poursuivre le processus de paix et de réconciliation initié à partir de I’Accord d’Arusha.

4. Pour nous les Pasteurs de Église catholique, comme nous I’avons toujours rappelé dans nos enseignements et montré à travers nos initiatives, les élections constituent la seule bonne voie pour un renouvellement des institutions dans le système démocratique que nous avons choisi. Nous  réaffirmons ainsi notre soutien à la voie des élections. Comme tous les autres citoyens remplissant  les conditions exigées, le moment venu, nous irons aux élections. A vous aussi nos chrétiens, nous  vous exhortons d’aller, le moment venu, vous acquitter de votre devoir de bons citoyens de voter.  Nous vous demandons de bien voter en toute responsabilité, en respectant la voie de la conscience que Dieu a mise en vous, en écoutant son Esprit et en mettant en avant le bien et I’intérêt de tous. Que personne ne vote par menace ou intimidation de quelle que nature que ce soit, ou parce qu’il a été « acheté » d’une façon ou d’une autre. Aux yeux de Dieu, il serait comme un esclave du mal. Or, cela n’est pas digne d’un enfant de Dieu. Pour ce qui est du travail de l’observation des élections, fait par nos fidèles laïcs, s’ils en ont les possibilités, ils pourront remplir cette mission.

5. Mais, en ce qui conceme les prêtres, il y a une chose que nous n’avions pas dite. Pour que les prêtres puissent aller participer aux démembrements de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) aux niveaux des provinces et des communes, nous avons dû leur donner une  permission spéciale, car sans celle-ci, en tant que clercs, il leur est interdit de remplir ce genre de charges (cf. canon 285). C’est pour cela qu’il nous a fallu signer une Convention avec les responsables de la CENI précisant les conditions de la participation de nos prêtres à ce travail.  Après avoir considéré la manière dont ces élections sont organisées et leur évolution actuelle ; en considérant la mission des prêtres de réconcilier les gens et de les rassembler dans I’unité, nous avons pris le temps d’échanger à cœur ouvert avec les membres de la CENI avec qui nous avons signé la convention. Ils nous ont compris et nous les avons compris. C’est suite à cela que nous, Évêques de Église catholique, après analyse approfondie de la situation, avons estimé qu’il convenait que les prêtres démissionnent et cèdent leur travail à ceux qui peuvent continuer à organiser ces élections.

6.  Avant de terminer, nous constatons qu’il y a des questions importantes qui sont en train de faire sombrer notre Burundi dans des violences et des tueries. Nous rappelons une fois de plus à tous les protagonistes en conflits que la voie d’un dialogue franc et sincère est l’unique bonne voie. Que personne ne se dérobe à cette voie car, quand les gens sont de bonne foi et de bonne volonté et qu’ils se mettent en dialogue, toute question finit par trouver la meilleure solution possible.

7. En terminant, comme nous l’avions dit la dernière fois : « nous demandons aux manifestants d’éviter des violences, des casses et surtout des tueries. Tuer est un mal horrible quel qu’en soit le motif »  (Communiqué n°2). Nous donnons cette même recommandation aux forces de sécurité. Nous exprimons notre proximité spirituelle aux familles qui ont perdu les leurs lors de ces manifestations et au cours de l’exil. Nous réconfortons tous nos frères et sœurs contraints à I’exil et qui sont dans des difficultés diverses. Nous demandons à tous nos concitoyens burundais de ne pas s’intimider mutuellement, d’œuvrer plutôt à rasséréner les cœurs. Aux chrétiens et à tous les croyants, nous les exhortons à persévérer dans la prière pour notre pays, afin que notre pays continue à avancer sur le chemin de la paix et de la réconciliation.

Fait à Bujumbura, ce 26 Mai 2015.

Signé /Tous les Évêques de l’Église catholique du Burundi.

 

Sur le même thème