« Europe, allons voter… » par Mgr Bouilleret

Bouilleret Jean-Luc - Amiens

Dans quelques jours, nous serons appelés à élire les députés européens de notre pays. Les instituts de sondages indiquent une force abstention. Les électeurs ont peu l’intention de se déplacer. Ils ne se sentent pas concernés par les décisions qui sont prises par les différentes instances européennes. L’Europe leur semble loin alors qu’ils vivent dedans. Ils sont comme ces poissons qui ne savent pas qu’ils nagent dans l’eau parce celle-ci les entoure de toutes parts et leur permet de vivre. Nous entendons parler de l’Europe de Bruxelles, de Strasbourg ou de Luxembourg trop rarement de l’Europe de Paris.

L’Europe s’est fondée après le traumatisme des deux guerres mondiales. Pour préserver la paix, il était nécessaire de tisser des liens qui empêcheraient une nouvelle barbarie. Telle était la grande intuition des pères fondateurs. Plus de cinquante après la réunion des premiers pays, la paix a été préservée sur la majeure partie du territoire européen.

Aujourd’hui, les nouvelles générations n’ont plus la mémoire de ces temps obscurs. Il convient de construire un nouveau projet européen pour les générations futures. Les Etats nations sont souvent frileux quant à la dévolution de leurs prérogatives royales. Puisse l’Europe ne servir que ses propres intérêts nationaux, tel est le souhait de chaque pays !

N’oublions pas que le Parlement Européen est « la plus importante institution au monde directement élue par les citoyens ». De tous les continents, nous sommes regardés comme une expérience unique de vaste construction démocratique. De l’Afrique à l’Asie en passant par l’Amérique du Sud, de nombreuses alliances entre Etats se construisent en s’appuyant sur l’expérience européenne.

Les crises financières et économiques que le monde vit ne peuvent que nous inciter à une plus grande régulation entre Etats. Pouvoir commencer cette régulation au niveau européen est une chance pour notre avenir. Le politique reprend la main sur l’économique.

Il serait illusoire de croire que nous pourrions nous refermer sur notre territoire. Les inter-actions entre pays sont nécessaires pour le bien de tous. Elles demandent de solides régulations pour éviter un libéralisme exacerbé.

L’histoire nous enseigne que le développement des peuples s’accomplit par les alliances qu’ils savent passer en eux. Ses alliances perdurent quand tous les partenaires sont sur un même pied d’égalité. C’est la richesse de l’Union Européenne. Ne la perdons pas !
 

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