Documents épiscopat : « Scouts et guides de France, 100 ans d’Évangile »

le scoutisme

Édito de Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges, évêque accompagnateur des mouvements de scoutisme à propos du Documents épiscopat Scouts et guides de France, 100 ans d’Evangile (n°5-2020) intitulé : « Vitalité et lumière évangélique ».

Mgr Pierre-Antoine BozoÉdito de Mgr Bozo

L’espérance de vie augmente, la France compte de plus en plus de centenaires. L’actualité pandémique atteste pourtant que l’addition des années de vie n’est pas un objectif en soi, encore faut-il qu’elles soient remplies d’humanité, de sens. Vivre vieux n’est pas un but. C’est vivre vraiment qu’il faut désirer, ce qui est beaucoup plus que vivre « biologiquement ».

Parmi les nouveaux centenaires, on compte donc les Scouts et Guides de France et l’on peut considérer plus généralement que ce centenaire est aussi celui du scoutisme catholique en France.

Mais le scoutisme catholique survit-il ou vit-il pleinement ? Ce numéro de Documents Épiscopat devrait répondre à cette question et je remercie vivement tous les acteurs du scoutisme pour sa réalisation ainsi que le Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations. Ma petite expérience d’évêque accompagnateur du scoutisme, ma plus longue d’aumônier, mais plus objectivement les données statistiques et surtout les articles de ce numéro plaident en faveur de la seconde proposition. Quel est le secret de cette jouvence scoute ?

Nous nous souvenons du centenaire du scoutisme « tout court », célébré dans le monde entier en 2007, un siècle après le premier camp de Lord Baden-Powell et de ses vingt-deux éclaireurs sur l’île de Brownsea, en août 1907. Sur ce tronc plein de promesses et de vitalité, où l’art d’apprendre aux hommes à faire la guerre était devenu, par le génie et la charité de « BP », un art d’apprendre aux garçons à faire la paix, se greffait donc, en 1920, sa version catholique, les Scouts de France. Cette assimilation magnifique des intuitions de Baden-Powell à la lumière de l’Évangile et des principes de l’Église catholique, pressentie avant-guerre en tâtonnant par quelques abbés précurseurs, fut unifiée et organisée par les talents conjugués du père Jacques Sevin, du chanoine Cornette et d’Édouard de Macédo parmi les principaux acteurs. Ce furent les débuts de la grande aventure des Scouts de France, puis des Guides de France.

Baden Powell

Ce numéro de Documents Épiscopat ne vise pas à retracer par le menu l’histoire de cette étonnante épopée, dont l’héritier en ligne directe s’appelle aujourd’hui les Scouts et Guides de France. Il veut plutôt en montrer la fécondité, l’actualité, la capacité d’adaptation, l’ancrage évangélique. Il ne passera pas sous silence les différents choix pédagogiques qui ont donné successivement naissance aux Guides et Scouts d’Europe et aux Scouts unitaires de France. Leur compréhension évite les inutiles anathèmes que s’envoient, potaches, les jeunes scouts aux couleurs variées (mais parfois aussi leurs aînés) et favorise la communion de ces frères et sœurs scouts qui servent à leur manière et dans une fidélité différemment interprétée, les idéaux de Baden-Powell et du père Jacques Sevin.

Il me semble que la vitalité actuelle du scoutisme catholique dans notre pays tient à la fécondation mutuelle d’une pédagogie pensée autour de la nature, de l’action, du jeu, de la fraternité, de la responsabilité, du service d’une part et de la lumière évangélique qui en éclaire et dilate chacun des aspects d’autre part.

On a pu dire que le scoutisme était une traduction folklorique mais fidèle du Décalogue. Il est surtout, selon l’expression du chanoine Cornette, « l’Évangile ad mentem adolescentium ». La loi scoute, retraduite en langage contemporain par le mouvement des Scouts et Guides de France, ou restée plus proche de l’original chez les autres, trouve dans le Sermon sur la montagne à la fois son fondement et comme un accomplissement. Il y a une sorte de connaturalité entre les deux.

Le scoutisme, complément d’éducation à la famille et à l’école, participe à faire du scout « un bon citoyen des républiques de ce monde et du Royaume de Dieu » (P. Sevin). Les défis de la famille aujourd’hui mais également certaines limites de l’éducation scolaire rendent d’autant plus précieux ce complément, « tiers-lieu » attrayant et stimulant, pour le bénéfice conjugué des enfants et des parents.

Le scoutisme est aussi un lieu important d’appel à une vocation particulière

Comment ne pas mentionner dans cette préface ce que le scoutisme doit depuis cent ans à l’admirable dévouement de générations de chefs, de cheftaines, d’aumôniers qui se sont donnés et se donnent aujourd’hui sans compter au service des jeunes ? Lesquels trouvent là des modèles attirants qui expliquent que les enfants de chefs scouts prennent souvent le relais de leurs parents.

Le scoutisme est aussi un lieu important d’appel à une vocation particulière pour de nombreux jeunes. À l’aube de ce deuxième centenaire, nous pouvons sans rougir rendre grâce à Dieu – malgré d’inévitables échecs et aussi ce qu’il faut de divisions et de rivalités dont aucune institution humaine, sur la durée, n’est hélas jamais indemne– pour les innombrables fruits d’un siècle de scoutisme catholique en France. Nous pouvons également prier pour que la sécularisation galopante et le désir légitime d’adaptation qui en résulte, pour rejoindre les franges les plus éloignées de l’Église, n’occulte jamais le ferment évangélique ni la référence catholique qui ont depuis un siècle porté le scoutisme à un très haut accomplissement.

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