Bernard Planche, recteur de la cathédrale Notre-Dame du Puy

Construite sur les hauteurs de la ville, la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation domine Le Puy-en-Velay. Avec ses 600 000 visiteurs annuels, elle est l’une des cathédrales les plus visitées de France et le point de départ des pèlerins pour Saint-Jacques de Compostelle. Le Père Bernard Planche, recteur de la cathédrale Notre-Dame du Puy nous dévoilait les coulisses en 2016. Il est aujourd’hui conseiller ecclésiastique de l’ambassade de France près le Saint-Siège.

REPORTAGE

Père Bernard Planche - Le PuyHuit heures du matin, comme tous les jours pendant la pleine saison, la messe du pèlerin vient de se terminer à la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation du Puy-en-Velay. Le Père Bernard Planche, recteur de la cathédrale accueille ce jour-là 75 jacquets. Tous sont prêts à partir sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Avant de tamponner la créanciale, – le certificat du pèlerinage – pour la Compostela, il leur remet un Évangile selon Saint-Luc, une intention de prières et la coquille de Compostelle. Du haut des marches, les pèlerins ont une vue imprenable sur la ville du Puy-en-Velay. Ils n’ont plus qu’à descendre la ruelle pavée, commencer leur périple sur le GR65 et marcher sur les traces de Mgr Godescalc, premier évêque du Puy.

La bénédiction des pèlerins

« Tous les matins, une centaine de pèlerins environ viennent pour la bénédiction du pèlerins », estime le Père Bernard Planche. En cette fin du mois de septembre, la fréquentation commence à baisser avec l’éloignement des vacances et l’avancée de l’automne. « Nous gardons la messe matinale toute l’année. En décembre ou en janvier, nous n’avons que deux à trois personnes dans le mois à cause des conditions climatiques et des hébergements fermés sur la route de Saint-Jacques. »

17 000 pèlerins par an

IMG_5452« Les pèlerins de Saint-Jacques ne sont qu’une petite partie des visiteurs qu’on accueille », précise-t-il. Ils représentaient 17 000 personnes en 2018. « Il est difficile de faire la part des choses entre un touriste et un pèlerin », reconnait-il. Le Père tient un registre à la messe matinale qui lui permet d’avoir une comptabilité exacte et de connaitre le nombre de Français ou de ressortissants étrangers parmi les pèlerins. « Le pèlerinage au Puy-en-Velay existe depuis le Ve siècle. Le tombeau de Saint-Jacques de Compostelle a été découvert au IXe siècle. La ville du Puy existait depuis quatre siècles quand on a redécouvert les reliques de Saint-Jacques de Compostelle », raconte-t-il. Le Puy, c’est aussi un lieu de pèlerinage à la Vierge Marie. Au sein de la cathédrale trône sur l’autel la Vierge Noire et sur le rocher Corneille se dresse la sculpture Notre-Dame de France. Au total, la ville du Puy-en-Velay attire 600 000 visiteurs par an.

La cathédrale du Puy-en-Velay a reçu en 2018 plus de cinquante nationalités différentes. « Les Allemands, les Belges et les Suisses sont très représentés », se réjouit-il. « Depuis quelques années, les pèlerins néo-Zélandais et Australiens ainsi que les Coréens, Chinois et Japonais est en forte hausse », constate-t-il. « L’ambassadeur de la République de Corée en France a réalisé le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Dans un livre il y a raconté son pèlerinage et il multiplié les conférences à la Télévision nationale coréenne (NHK). Cela peut expliquer le succès grandissant auprès de la population coréenne. »

L’accompagnement spirituel des visiteurs et des pèlerins

Le Père Bernard Planche peut compter sur les membres de la cathédrale pour accueillir les pèlerins. L’équipe permanente est composée de trois religieuses, de trois prêtres et d’une dizaine de bénévoles. Pour les grandes processions religieuses comme celles du 15 août, le Père Bernard Planche fait appel à du renfort logistique.

IMG_5392« Une collaboration étroite a été engagée avec tous les diocèses traversés par le chemin de Saint-Jacques ». Leur objectif : se coordonner et mettre en place une pastorale du chemin. L’accompagnement spirituel passe aussi par le dialogue avec les personnes en partance pour le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. C’est souvent au moment de tamponner la créanciale que la discussion peut s’ouvrir. « Nous essayons de faire perdurer la dimension spirituelle pour qu’il ne reste pas que le folklore, soulève-t-il. Malheureusement, on ne dit pas en France qu’on a une quête spirituelle. C’est plutôt mal vu. Il y a un tabou de la foi et de la religion qui n’existe pas avec les pèlerins anglo-saxons. Malgré tout, on se rend compte ici qu’on ne choisit jamais tout à fait le chemin de Saint-Jacques comme on choisirait le Tour du Mont-Blanc ou la traversée de la Corse. C’est un chemin qui a une histoire et une dimension spirituelle. Il y a toujours quelque chose malgré tout ! »

Par ailleurs, « nous essayons d’apporter un côté missionnaire et d’entamer le dialogue avec les visiteurs », explique-t-il. C’est ainsi qu’est proposé chaque été des visites-découverte de la cathédrale, des prières régulières pour les laudes ou les vêpres, ainsi que des concerts et des animations sur le parvis. Dernière nouveauté de l’année : une religieuse spécialiste de slackline a accroché sur la place une corde entre deux arbres. Funambule, elle invite les passants à engager la conversation avec elle et à s’exercer à cette discipline. « L’Église de France s’efforcera toujours de garder le côté spirituel du Chemin de Saint-Jacques », conclut-il.

L’autel du Saint-Sacrement et la Vierge Noire

La Vierge NoireQuelle est cette statue de la Vierge Noire qui siège sur l’autel du Saint-Sacrement ? La Vierge de la cathédrale – actuellement visible des pèlerins – est une copie du XVIIe siècle apporté en remplacement. L’original ayant brûlé pendant la Révolution Française. L’histoire de « cette statue ne restera à jamais mystérieuse », regrette-t-il. On ne connait ni ses origines, ni sa provenance et encore moins le commanditaire. « La légende court qu’elle aurait été apportée par Saint-Louis mais aucun récite ne l’atteste », relate le Père Bernard Planche. Néanmoins, des récits racontent sa venue au Puy. « Certains spécialistes d’histoire de l’art qui se sont appuyés sur des gravures et des textes pensent qu’elle a des origines coptes éthiopiennes ». L’équipe du sanctuaire a gardé l’habitude d’habiller la Vierge avec un manteau. « A l’époque médiévale, cela montrait qu’on vénérait la statue. Nous avons perpétré cette tradition ». Chaque manteau a une histoire. Ils ont été offerts par des familles en forme de remerciements suite à la naissance d’un enfant de personnes déportées pendant la Seconde Guerre mondiale. Une quarantaine de vêtements à la sacristie qu’ils essaient de changer en fonction de la couleur liturgique.

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Attention : ne pas confondre diocèse et évêché.
L'évêché est le lieu de résidence de l'évêque.
Le diocèse prend le nom du lieu où se trouve la cathédrale.