Prêtres âgés : offrir des solutions pratiques aux diocèses

Pican Pierre - Bayeux Lisieux

Depuis le 18 juin 2012, le nouveau Groupe de travail « Prêtres âgés » est à la disposition des diocèses pour les informer et les accompagner dans leurs démarches pour l’accompagnement des prêtres âgés (1). Par Stéphane Laforge.
 
Les 9 et 10 juin dernier, la maison Marie-Thérèse célébrait les traditionnelles « Journées d’amitié et d’entraide pour les prêtres » des diocèses de Paris, Créteil, Nanterre et Saint-Denis. « Ces journées de fraternité sont fort importantes, juge Mgr Pierre Pican, évêque émérite de Bayeux-Lisieux, en charge de la question. Elles témoignent d’une reconnaissance du service rendu pour tous les prêtres y compris ceux qui n’ont plus de ministère ou n’ont plus de responsabilité pastorale. Ces rencontres posent un acte ecclésial fort envers eux. » Ces journées ont d’autant plus de valeur que, à l’image de celui de la population française, le vieillissement des prêtres diocésains interroge. En 2008, on comptait en France 15 000 prêtres diocésains avec une moyenne d’âge autour de 70 ans : 10 000 avaient plus de 65 ans ; 7000 plus de 75 ans. D’ici dix ans, on estime qu’il restera 10 000 prêtres dont 5000 de plus de 75 ans, 4000 de moins de 75 ans et 1000 avec un âge moyen de 33 ans. « A partir de 70-75 ans, physiquement ou psychologiquement, une fatigue ou une déficience commence à se faire sentir chez les prêtres », observe Mgr Michel Bonnet, président d’honneur de la mutuelle Saint-Martin. En filigrane apparaissent donc les problématiques annexes à l’allongement de la vie, la question de la dépendance et globalement de la prise en compte de ces prêtres.

Eviter le sentiment d’inutilité

L’Eglise diocésaine et donc l’évêque ont, selon le droit canonique, la responsabilité des prêtres auxquels ils doivent assurer « un logement et une subsistance convenables » (canon 538) et leur manifester « une sollicitude particulière (…), défendre leurs droits (…) et veiller à ce qu’ils aient à leur disposition les moyens pour entretenir leur vie spirituelle et intellectuelle » (canon 384). La question qui se pose à l’Eglise est d’abord organisationnelle et financière. Elle doit accompagner ces prêtres à tous les états de leur fin de vie. Sérieuse problématique lorsque l’on sait que le maintien à domicile est aujourd’hui privilégié par l’Etat et que les prêtres vivent souvent seuls et n’ont pas vraiment de domicile stable au cours de leur vie pastorale. Les maisons de retraite traditionnelles sont de plus en plus remplacées par des structures médicalisées pour personnes en grande dépendance. Les autres restent « à domicile ». Les diocèses pourront-ils assumer humainement et financièrement cette évolution ?

L’aspect humain entre aussi en jeu. Après une vie très remplie et chargée en responsabilités, beaucoup de prêtres âgés souffrent d’être contraints de « passer la main ». « Ils n’y sont pas préparés, regrette Mgr Michel Bonnet. Regardons-les à partir de 60 ans, quand ils commencent à être pensionnés, et demandons-leur dans quel état physique et psychologique ils sont pour poursuivre leur mission. Il faut les préparer à comprendre que s’ils sont prêtres à vie, ils n’auront plus autant de responsabilités.» Plus que tout, les prêtres « âgés » doivent être valorisés. « Ils veulent qu’on leur témoigne de la reconnaissance et être entendus, souligne Mgr Bonnet. Si on leur donne une mission dans le lieu où ils vont, ils appréhenderont mieux leur départ. Des prêtres peuvent être désabusés mais capables de rendre des services malgré tout. »
 

Apporter des réponses sociales et médico-sociales

Le 18 juin s’est tenue la première réunion du nouveau Groupe de travail « prêtres âgés ». Cette instance rattachée au secrétariat général adjoint est composée de Mgr Pican, d’un membre de la mutuelle Saint-Martin, d’un économe diocésain, d’une assistante sociale, d’un représentant de la CAVIMAC et de Joël Defontaine, professeur émérite en économie de la santé. Elle s’inscrit dans la continuité d’une rencontre de sensibilisation à laquelle avaient pris part les représentants de chaque diocèse en février 2011. Ce groupe est à la disposition des évêques et des diocèses pour les informer, les écouter et les conseiller. « Nous serons à la fois force de réflexion sur des sujets tels que le vieillissement du clergé ; les prises en charge de la dépendance ; le recours à l’allocation personnalisée d’autonomie ; le recours à l’aide sociale ; le transfert intergénérationnel entre les prêtres, détaille Joël Defontaine. Nous pourrons réaliser sur place un diagnostic et présenter des solutions. » Ce groupe apportera des réponses sociales et médico-sociales face aux différents stades du vieillissement (ordinaire ; entrée dans la dépendance ; dépendance totale) et aux besoins exprimés : service de portage des repas ; soins à domicile ; mise en place d’un EHPAD chrétien ; etc. « Nous sommes redevables envers nos prêtres âgés, on doit leur témoigner une solidarité », insiste le responsable du groupe.

(1) Un premier groupe a rédigé un rapport à l’Assemblée plénière des évêques sur le sujet et a organisé une première rencontre nationale des responsables diocésains en charge des prêtres âgés.

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