« Dans la lumière du Christ partagée au monde dans la beauté de la communion de l’Église »

Message de la Corref (Conférence des Religieux et Religieuses de France), à l’occasion de la Journée de la vie consacrée, du 2 février 2013.
 

Jean-Pierre LONGEAT

La Fête de la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février, a été choisie par le Pape Jean-Paul II comme un jour de l’année mettant l’accent de manière particulière, sur la vie consacrée. Quel est donc le rapport entre cette fête et l’engagement de ces hommes et de ces femmes qui suivent le Christ dans cette vocation spécifique de la vie consacrée ?

Ce jour porte en Orient, le beau nom de « Fête de la Rencontre ». En effet en entrant pour la première fois au Temple de Jérusalem, Jésus encore enfant, est déjà reconnu comme la Lumière du monde rencontrant l’humanité. C’est bien ce que l’Evangile de saint Jean évoque par ailleurs dans son Prologue : « le Verbe était la vraie lumière éclairant tout homme, en venant en ce monde. » Ainsi Jésus rencontre deux vieillards, Siméon et Anne, tout entier dans l’attente de la venue du Messie ; il rencontre les scribes qui sont subjugués par la pertinence de ses interventions ; il rencontre le Temple lui-même, ce monument où est manifestée de manière si puissante la Révélation divine.

Jésus vient : les réalités anciennes à la rencontre desquelles il se rend, peuvent désormais lui faire place car tout est juste en lui ; il sera reconnu comme Parole du Père aux affaires duquel il se doit.

A ce titre, le vieillard Siméon, prenant Jésus dans ses bras et chantant son Cantique, « Maintenant, ô maître souverain, tu peux laisser ton Serviteur s’en aller dans la paix, selon ta Parole. » a de quoi impressionner : Siméon reconnaît la nouveauté radicale de Jésus comme Lumière venant en ce monde et s’efface pour que s’opère librement sa croissance ici-bas. De même la prophétesse Anne, à plus de quatre-vingts ans, elle qui passait sa vie dans le Temple, s’effacera aussi. Comme le dira Jean le Baptiste au sujet du Christ : « Il faut qu’il croisse et que moi, je diminue. »

Ainsi les religieux et religieuses, les membres des Sociétés de vie apostolique, des Instituts séculiers, les Vierges et les Veuves consacrées, pour être vraiment des témoins de l’Evangile, sont invités à une rencontre avec celui qui se manifeste comme la lumière du monde. Mais loin de l’accaparer pour eux-mêmes, ils s’effacent et en transmettent la clarté. Cela peut se traduire de bien des manières mais cette attitude passe toujours par une véritable écoute d’autrui, une obéissance mutuelle dans l’amour, une joie profonde à recevoir le mystère du Christ au plus intime de soi-même pour le transmettre au monde ; une forme d’humilité et de simplicité qui rendent libres de tout repli sur soi, un dépouillement bienheureux pour vivre des richesses du Royaume.

Ainsi visités au plus profond d’eux-mêmes, ceux qui ont reçu vocation à mener une vie consacrée dans l’Eglise deviennent réellement des guetteurs, des passeurs et des éveilleurs. Leur souci n’est plus de préserver des acquis aussi précieux soient-ils, mais de les transmettre quelle que soit la forme sous laquelle ils se développeront par la suite. Les anciens résumaient cette disposition en une belle formule dont ils faisaient voeu : « conversion de sa vie » (conversatio morum). Oui, c’est bien là que la vie consacrée peut être la plus évangélique et la plus prophétique : elle permet une rencontre où tout est renversé. L’échelle des valeurs qu’elle emprunte invite à une dépossession afin de laisser croître en soi, la lumière du Christ partagée au monde dans la beauté de la communion d’une Église qui avance à tâtons à la clarté des mille et mille chandelles de l’Amour.

Frère Jean-Pierre Longeat, président de la Corref

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