Lettre au CFCM à l’occasion du Ramadan 2020 : quelques éléments de contexte
Alors que le ramadan débute le 23 avril 2020, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a adressé une lettre à Mohammed Moussaoui, président du CFCM. Le père Vincent Feroldi, directeur du Service National pour les relations avec les musulmans au sein de la Conférence, donne son éclairage sur cette lettre.
À la suite des élections organisées au sein des mosquées françaises, les 10 et 11 novembre 2019, et au terme de négociations difficiles entre les différentes composantes de l’islam de France, a été constitué, le 19 janvier 2020, un nouveau bureau du Conseil français du culte musulman, créé le 28 mai 2003 et régi par la loi du 1er juillet 1901.
Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France (UMF, fédération marocaine), en assure la présidence du 19 janvier 2020 au 18 janvier 2022, M. Chems Eddine Hafiz, nouveau recteur de la Grande mosquée de Paris (tendance algérienne), lui succèdera du 19 janvier 2022 au 18 janvier 2024, et M. Ibrahim Alci, président du Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF), du 19 janvier 2024 au 18 janvier 2026.
L’arrivée à la présidence de M. Mohammed Moussaoui qui avait déjà occupé ce poste de 2008 à 2013 se fait au cours d’une période marquée par des appels pressants des pouvoirs publics. Ces derniers souhaitent en effet que la communauté musulmane s’organise en tenant compte de la diversité actuelle d’une communauté de cinq à six millions de fidèles dont les trois-quarts sont de nationalité française et où une jeunesse, très nombreuse, cherche sa voie pour pratiquer sa foi musulmane entre un « islam du juste milieu » modéré, un islam plutôt identitaire et un islam mystique.
Ces nombreux défis ont amené M. Mohammed Moussaoui à pratiquer, dès son élection, une politique d’ouverture à l’intérieur même de sa communauté. Ainsi, le 6 mars 2020, les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM) et M. Hakim El Karoui, président de l’Association musulmane pour l’islam de France (AMIF), une initiative privée qui veut aider à structurer le deuxième culte français en surveillant les flux financiers, se sont mis d’accord pour créer en commun une nouvelle structure, à savoir une « association unifiée de financement du culte musulman transparente et professionnelle ».
Cette alliance est le bienvenu car elle survint au moment même où l’ensemble de l’humanité est confronté à la pandémie du COVID-19. Elle permet ainsi à l’ensemble des forces vives de la communauté musulmane française de faire face, unies, aux conséquences de l’urgence sanitaire décrétée en France par les autorités civiles. Comme pour les autres communautés croyantes (juifs, chrétiens, bouddhistes, etc.), il s’agit en effet d’organiser le culte dans une période de grandes fêtes religieuses, de répondre aux attentes des personnes malades ou en fragilité et d’accompagner les familles endeuillées confrontées à un cadre très restrictif pour l’organisation des obsèques, vu la violence de l’épidémie.
Mais quand un virus oblige la moitié de l’humanité à rester confinée et immobilise, en très grande partie, l’économie mondiale, il est évident qu’il est utile de réfléchir collectivement aux mesures à prendre et aux comportements collectifs et individuels à avoir. Ainsi, dès l’annonce en France des premières mesures par suite du développement de l’épidémie, des contacts ont été pris entre les différents représentants des cultes, avant que le Président de la République ne les réunisse en audioconférence le lundi 23 mars pour faire un état de la situation, et conviennent ensemble de la « création d’une cellule d’écoute, à la disposition des soignants pour orienter les familles ou les personnes les plus isolées ou démunies à la gestion de la maladie ». Deux jours plus tard, en réponse au Message des évêques de France aux catholiques et à tous nos concitoyens[1] du 18 mars 2020 pour les inviter à avoir un geste commun de fraternité au soir de la fête du 25 mars, Mr Mohammed Moussaoui a adressé un message aux chrétiens de France à l’occasion de la fête de l’Annonciation[2]. Le 7 avril, le CFCM publia un tweet : « À l’occasion de la fête des Rameaux, le Conseil français du culte musulman présente ses vœux les plus chers de santé et de bonheur aux chrétiens de France et les assure de son soutien et de sa solidarité fraternels ». Enfin, ce 15 avril 2020, à l’approche du début du Ramadan, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, a adressé au Président du CFCM la lettre fraternelle ici publiée.
À l’occasion de la fête des Rameaux, le conseil français du culte musulman présente ses vœux les plus chers de santé et de bonheur aux chrétiens de France et les assure de son soutien et de sa solidarité fraternels.
— CFCM (@CfcmOfficiel) April 7, 2020
En ce printemps 2020, la Conférence des évêques de France et le Conseil français du culte musulman témoignent d’une fraternité et d’une solidarité au service du bien commun, mettant ainsi en œuvre — et de belle manière – le Document sur la Fraternité Humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signée le 4 février 2019 à Abu Dhabi par le pape François et le Grand Imam d’Al-Azhar, cheikh Ahmad Al-Tayyib.
Père Vincent FEROLDI
Directeur du Service National pour les relations avec les musulmans
[1] https://eglise.catholique.fr/espace-presse/communiques-de-presse/495268-covid-19-message-eveques-de-france-aux-catholiques-a-nos-concitoyens/
[2] https://www.cfcm-officiel.fr/2020/03/25/message-du-cfcm-aux-chretiens-de-france-a-loccasion-de-la-fete-de-lannonciation/
Sur le site du SNRM
animateurs pastoraux ?
En dialogue : la lettre du SNRM
Sur le site du SNRM
Ressources
Compendium
"De Paul VI au Pape François : 50 ans de fécondité dans le dialogue, la rencontre et le partage"