Prières de la semaine pour l’unité des Chrétiens

200916 visuels web INSTRAGRAMLa semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens 2021 a été préparée par la Communauté monastique de Grandchamp.[1] Le thème choisi, « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » basé sur le texte de Jean 15,1-17, exprime sa vocation de prière, de réconciliation et d’unité dans l’Église et la famille humaine.

Dans les années 1930, des femmes de l’Église réformée de Suisse romande appartenant à un groupe connu sous le nom de « Dames de Morges » ont redécouvert l’importance du silence pour l’écoute de la Parole de Dieu. En même temps, elles relancèrent la pratique des retraites spirituelles pour nourrir leur vie de foi, inspirées par l’exemple du Christ qui partit dans un endroit isolé pour prier. Elles furent bientôt rejointes par d’autres membres qui participèrent aux retraites régulièrement organisées à Grandchamp, petit hameau au bord du lac de Neuchâtel. Il devint nécessaire d’assurer une présence permanente de prière et d’accueil pour le nombre croissant des hôtes et des retraitants.

Aujourd’hui, la communauté compte cinquante sœurs, cinquante femmes de différentes générations, traditions ecclésiales, pays et continents. Dans leur diversité, ces sœurs sont une parabole vivante de communion. Elles restent fidèles à une vie de prière, à la vie en communauté et à l’accueil des hôtes. Les sœurs partagent la grâce de leur vie monastique avec les visiteurs et les bénévoles qui se rendent à Grandchamp pour un temps de retraite, de silence, de guérison ou qui sont tout simplement en quête de sens.

Les premières sœurs ont éprouvé la douleur de la division entre les Églises chrétiennes. Dans leur lutte, elles ont été encouragées par leur amitié avec l’Abbé Paul Couturier, pionnier de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Par conséquent, dès ses débuts la prière pour l’unité des chrétiens a été au cœur de la vie de la communauté. Cet engagement, ainsi que la fidélité de Grandchamp aux trois piliers de la prière, de la vie communautaire et de l’hospitalité, constituent donc les fondements de ces textes.

Demeurer dans l’amour de Dieu, c’est se réconcilier avec soi-même

Les mots français moine et moniale viennent du grec μόνος qui signifie seul et un. Notre cœur, notre corps et notre esprit, loin d’être un, se dispersent souvent, tiraillés dans plusieurs directions. Le moine ou la moniale désire être un en lui-même et être uni au Christ. « Demeurez en moi comme je demeure en vous », nous dit Jésus (Jn 15,4). Vivre unifié suppose un chemin d’acceptation de soi, de réconciliation avec notre histoire personnelle et nos histoires collectives.

Jésus dit à ses disciples : « Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9). Il demeure dans l’amour du Père (Jn 15,10) et ne désire rien d’autre que de partager cet amour avec nous : « Je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15,15). Nous sommes greffés sur la vigne qu’est Jésus et le Père est le vigneron qui nous émonde pour nous faire grandir. C’est ce qui se passe dans la prière. Le Père est le centre de notre vie qui donne sens à notre vie. Il nous émonde, nous unifie et des êtres humains unifiés rendent gloire au Père.

Demeurer en Christ est une attitude intérieure qui s’enracine en nous au fil du temps. Pour grandir, il lui faut de l’espace. Elle peut être dépassée par la lutte due aux nécessités de la vie et menacée par les distractions, le bruit, l’activité et les défis de la vie. Dans l’Europe tourmentée de 1938, Geneviève Micheli, qui deviendra plus tard Mère Geneviève, la première mère de la communauté, écrit ces lignes qui sont d’une actualité surprenante :

« Nous vivons à une époque à la fois troublante et magnifique, une époque dangereuse où rien ne préserve l’âme, où les réalisations rapides et toutes humaines semblent emporter les êtres (…) Et je pense que notre civilisation va mourir dans cette folie collective du bruit, de la vitesse, où aucun être ne peut penser…

Nous, chrétiens, nous qui savons toute la valeur d’une vie spirituelle, nous avons une responsabilité immense et nous devons la réaliser, nous unir et nous aider à créer des forces calmes, des asiles de paix, des centres vitaux où le silence des hommes appelle la parole créatrice de Dieu. C’est une question de vie ou de mort. »

Demeurer en Christ jusqu’à porter des fruits

« Ce qui glorifie mon Père, c’est que vous portiez du fruit en abondance » (Jn 15,8). Nous ne pouvons pas porter de fruits par nous-mêmes. Nous ne pouvons pas porter de fruits si nous sommes séparés de la vigne. C’est la sève, la vie de Jésus coulant en nous, qui donne du fruit. Demeurer dans l’amour de Jésus, demeurer un sarment de la vigne est ce qui permet à sa vie de couler en nous.

Lorsque nous écoutons Jésus, sa vie coule en nous. Jésus nous invite à laisser sa parole demeurer en nous (Jn 15,7) et tout ce que nous demanderons nous sera accordé. Par sa parole, nous portons du fruit. En tant que personnes, en tant que communauté, en tant qu’Église tout entière, nous souhaitons nous unir au Christ afin d’observer son commandement de s’aimer les uns les autres comme il nous a aimés (Jn 15,12).

Enracinés en Christ, la source de tout amour, notre communion grandit

La communion avec le Christ exige que nous soyons en communion avec les autres. Dorothée de Gaza, moine en Palestine au VIe siècle, l’exprime ainsi :

« Supposez un cercle tracé sur la terre, c’est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. Imaginez que ce cercle, c’est le monde ; le centre, Dieu ; et les rayons, les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les Saints, désirant s’approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu. Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu ».

Se rapprocher des autres, vivre en communauté avec d’autres personnes parfois très différentes de nous peut être difficile. Les sœurs de Grandchamp connaissent ce défi mais l’enseignement du Frère Roger de Taizé [1] leur est très utile : « Il n’y a pas d’amitié sans souffrance purificatrice. Il n’y a pas d’amour du prochain sans la croix. La croix seule donne de connaître l’insondable profondeur de l’amour ».[2]

Les divisions entre chrétiens, qui les éloignent les uns des autres, sont un scandale car elles éloignent également de Dieu. De nombreux chrétiens, attristés par cette situation, prient Dieu avec ferveur pour le rétablissement de cette unité pour laquelle Jésus a prié. La prière du Christ pour l’unité est une invitation à se tourner vers lui et à se rapprocher les uns des autres en se réjouissant de la richesse de notre diversité.

Comme nous l’enseigne la vie communautaire, les efforts de réconciliation nous coûtent et exigent des sacrifices. Nous sommes portés par la prière du Christ qui désire que nous soyons un, comme Lui est un avec le Père… pour que le monde croie. (cf. Jn 17,21)

Enracinés en Christ, le fruit de la solidarité, notre témoignage grandit

Bien que nous, chrétiens, nous demeurions dans l’amour du Christ, nous vivons également au milieu de la création qui gémit dans l’espérance d’être libérée (cf. Rm 8). Nous sommes témoins des souffrances et des conflits qui affligent le monde. En étant solidaires de ceux qui souffrent, nous permettons à l’amour du Christ de couler en nous. Le mystère pascal s’accomplit en nous lorsque nous offrons de l’amour à nos frères et sœurs et nourrissons un regard d’espérance dans le monde.

Spiritualité et solidarité sont indissociables. En demeurant en Christ, nous recevons la force et la sagesse d’agir contre l’injustice et l’oppression structurelles de nos sociétés, de nous reconnaître pleinement comme frères et sœurs humains, et de promouvoir une nouvelle façon de vivre, dans le respect et la communion avec tout le créé.

Le résumé de la règle de vie [3] que les sœurs de Grandchamp disent ensemble à haute voix chaque matin, commence par ces mots : « Prie et travaille pour qu’il règne ». La prière et la vie quotidienne ne sont pas deux réalités distinctes, mais au contraire elles sont appelées à s’unifier. Tout ce que nous vivons est appelé à devenir une rencontre avec Dieu.

Premier jour : Appelés par Dieu – « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15,16a)

1er Jour : Appelés par Dieu

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15,16)

Gn 12,1-4       Vocation d’Abraham

Jn 1,35-51       L’appel des premiers disciples

Méditation

Au début, il y a une rencontre entre l’être humain et Dieu, entre le créé et le Créateur, entre le temps et l’éternité.

Abraham entend l’appel : « Va vers le pays que je te ferai voir ». Comme lui, chacun, chacune de nous est appelé(e) à quitter ce qui lui est familier pour aller vers une terre que Dieu nous a préparée au cœur de notre cœur. En chemin, nous devenons toujours plus nous-mêmes, tels que Dieu nous désire depuis le commencement. En suivant l’appel qui s’adresse à nous, nous devenons une bénédiction pour tous ceux qui nous sont proches et pour le monde.

Dieu, dans son amour, nous cherche. Il s’est fait homme en Jésus en qui nous rencontrons son regard. Dans nos vies, comme dans l’Évangile de Jean, l’appel de Dieu se fait entendre de différentes manières. Touchés par son amour, nous nous mettons en route. Dans cette rencontre un chemin de transformation se vit.

Début lumineux d’une relation d’amour toujours à reprendre à nouveau.

« Un jour tu as compris qu’à ton insu un oui était déjà gravé au tréfonds de ton être.
Et tu as choisi d’avancer à la suite du Christ.
En silence en présence du Christ, tu as saisi sa parole :
« Viens et suis-moi, je te donnerai où reposer ton cœur ».
[1]

Taizé, Les écrits fondateurs

Prière

Jésus le Christ,
tu nous cherches, tu désires nous offrir ton amitié
et nous conduire dans une vie toujours plus pleine.
Donne-nous la confiance pour répondre à ton appel.
Ainsi, tu transformeras ce qui en nous est trouble,
et nous deviendrons témoins de ta tendresse pour notre monde.

[1]. Frère Roger, de Taizé : Les écrits fondateurs, Dieu nous veut heureux, Les Ateliers et Presses de Taizé, 2011, p.38. Cf. introduction p. 6.

Deuxième jour : Mûrir intérieurement – « Demeurez en moi comme je demeure en vous » (Jn 15,4)

2e Jour : Mûrir intérieurement

 « Demeurez en moi comme je demeure en vous » (Jn 15,4)

Ep 3,14-21      Que le Christ habite en nos cœurs

Lc 2,41-52       Marie gardait tous ces événements dans son cœur

Méditation

La rencontre avec Jésus fait naître le désir de demeurer avec lui, en lui : temps de maturation où le fruit se prépare.

Jésus, pleinement humain, a lui aussi vécu un chemin de maturation. Il a vécu une vie toute simple, enracinée dans les pratiques de sa foi juive. Dans cette vie cachée à Nazareth où apparemment rien d’extraordinaire ne se passait, la présence de son Père le nourrissait.

Marie contemplait les actions de Dieu dans sa vie et dans celle de son Fils. Elle gardait tous ces événements dans son cœur. C’est ainsi que peu à peu elle saisit le mystère de Jésus.

Nous aussi, nous avons besoin d’un long temps de maturation, de toute une vie, pour comprendre la profondeur de l’amour du Christ : le laisser demeurer en nous, et demeurer en lui. Sans que nous sachions comment, l’Esprit fait habiter le Christ en nos cœurs. Et c’est par la prière, par l’écoute de la Parole, en partageant avec d’autres, en mettant en pratique ce que nous avons compris que l’être intérieur se fortifie.

« Laisser descendre le Christ jusqu’aux profondeurs de nous-mêmes (…).
Il pénétrera les régions de l’intelligence et celles du cœur,
il atteindra notre chair jusqu’aux entrailles,
en sorte que nous aussi nous ayons un jour des entrailles de miséricorde ».
[1]

Taizé, Les écrits fondateurs

Prière

Esprit Saint,
donne-nous d’accueillir en nos cœurs la présence du Christ,
de veiller sur elle comme sur un secret d’amour.
Nourris notre prière,
éclaire notre lecture de la bible,
agis à travers nous,
afin que patiemment, les fruits de ton amour puissent grandir en nous.

[1]. Ibid., p.134.

Troisième jour : Former un corps uni – « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12)

3e Jour : Former un corps uni

 « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12)

Col 3,12-17                     Revêtez des sentiments de compassion

Jn 13,1-15 ; 34-35         Aimez-vous les uns les autres

Méditation

La veille de sa mort, Jésus se mit à genoux pour laver les pieds de ses disciples. Il savait la difficulté de vivre ensemble, et l’importance du pardon et du service mutuel. « Si je ne te lave pas », dit-il à Pierre, « tu ne partageras rien avec moi. »

Pierre a accueilli Jésus à ses pieds, il a été lavé, a été touché par l’humilité et la douceur du Christ. Il suivra son exemple et pourra être au service de la communion entre les croyants dans l’Église naissante.

Jésus désire que la vie et l’amour circulent entre nous, comme la sève dans la vigne, afin que les communautés chrétiennes forment un seul corps. Mais aujourd’hui comme hier, il n’est pas facile de vivre ensemble. Souvent nous sommes mis devant nos propres limites. Parfois nous n’arrivons pas à aimer ceux qui nous sont proches, dans une communauté, une paroisse, une famille. Il arrive que nos relations se détériorent totalement.

En Christ, nous sommes invités, à travers d’innombrables recommencements, à revêtir des sentiments de compassion. Nous reconnaître aimés par Dieu nous pousse à nous accueillir les uns les autres dans nos forces et nos faiblesses. Alors la présence du Christ transparaît entre nous.

« Avec presque rien, es-tu créateur de réconciliation dans ce mystère de communion qu’est l’Église ?
Soutenu par un entraînement commun, réjouis-toi, tu n’es plus seul,
tu avances en tout avec tes frères (tes sœurs).
Avec eux, tu es appelé à réaliser une parabole de la communauté »
[1]

Taizé, Les écrits fondateurs

Prière

Dieu notre Père,
par le Christ et à travers nos frères et sœurs,
tu nous révèles ton Amour.
Ouvre nos cœurs
pour que nous puissions nous accueillir dans nos différences
et vivre le pardon.
Accorde-nous la grâce de former un corps uni
qui mette en lumière le don qu’est chaque personne ;
et que tous ensemble, nous soyons un reflet du Christ vivant.

[1]. Ibid., p.36.

Quatrième jour : Prier ensemble – « Je ne vous appelle plus serviteurs… je vous appelle amis » (Jn 15,15)

4e Jour Prier ensemble

 « Je ne vous appelle plus serviteurs… je vous appelle amis » (Jn 15,15)

Rm 8,26-27       L’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse

Lc 11,1-4             Seigneur, apprends-nous à prier

Méditation

Dieu a soif de vivre en relation avec nous. Déjà il nous cherchait en cherchant Adam, l’appelant dans le jardin : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9)

Dans le Christ, il est venu à notre rencontre. Jésus vivait la prière, intimement uni à son Père, tout en créant des relations d’amitié avec ses disciples et ceux et celles qu’il rencontrait. Il les a introduits dans ce qui lui était le plus précieux : la relation d’amour avec son Père qui est notre Père. Ensemble, ils chantaient les psaumes, enracinés dans la richesse de la tradition juive. À d’autres moments, Jésus se retirait seul pour prier.

La prière peut être solitaire ou partagée avec d’autres. Elle est émerveillement, plainte, intercession, action de grâce, doux silence. Il arrive que le désir de prier soit là, et pourtant d’avoir le sentiment de ne pas pouvoir prier. Se tourner vers Jésus, et lui dire « apprends-moi » peut ouvrir un chemin. Notre désir est déjà prière.

Se retrouver en groupe est un soutien. À travers les chants, les paroles et les silences, une communion se crée. Si nous allons prier chez des chrétiens d’autres traditions, nous serons peut-être surpris de nous sentir unis d’un lien d’amitié qui vient ce Celui qui est au-delà de toute division. Les formes varient, mais c’est le même Esprit qui nous rassemble.

« Dans la régularité de la prière commune, l’amour de Jésus germe en nous sans que nous sachions comment.
La prière commune ne nous dispense pas de la prière personnelle.
L’une soutient l’autre.
Chaque jour prenons un moment pour nous renouveler dans notre intimité avec le Christ Jésus ».
[1]

Taizé, Les écrits fondateurs

Prière

Seigneur Jésus,
ta vie entière a été prière,
accord parfait avec le Père.
Par ton Esprit, apprends-nous à prier selon ta volonté d’amour :
Que les croyants du monde entier s’unissent dans l’intercession et la louange,
et que vienne ton Règne d’amour.

 

[1]. Ibid., p.84.

Cinquième jour : Se laisser transformer par la Parole – « Déjà vous êtes émondés par la parole… » (Jn 15,3)

5e Jour Se laisser transformer par la Parole

« Déjà vous êtes émondés par la parole… » (Jn 15,3)

Dt 30,11-20       La parole de Dieu est toute proche de toi

Mt 5,1-12           Heureux sois-tu

Méditation

La Parole de Dieu est toute proche de nous. Elle est bénédiction et promesse de bonheur. Si nous ouvrons notre cœur, Dieu nous parle et patiemment transforme ce qui en nous va vers la mort. Il retire ce qui empêche la croissance de la vraie vie, tout comme le vigneron émonde la vigne.

Méditer régulièrement un texte biblique, seul ou en groupe, change notre regard. De nombreux chrétiens prient chaque jour les Béatitudes. Elles laissent entrevoir un bonheur caché dans l’inaccompli et au-delà de la souffrance : Heureux ceux qui, touchés par l’Esprit, ne retiennent plus leurs larmes, les laissent sortir, et reçoivent une consolation. Lorsqu’ils découvrent la source cachée dans leur terre intérieure, alors grandit en eux la faim de justice, la soif de s’engager avec d’autres pour un monde de paix.

Nous sommes sans cesse appelés à renouveler notre engagement en faveur de la vie, par nos pensées et par nos actes. Et il est des heures où nous goûtons déjà ici-bas le bonheur qui trouvera son accomplissement à la fin des temps.

« Prie et travaille pour qu’il règne.
Que dans ta journée labeur et repos soient vivifiés par la parole de Dieu.
Maintiens en tout le silence intérieur
pour demeurer en Christ.
Pénètre-toi de l’esprit des Béatitudes :
Joie, simplicité, miséricorde.
 »

Les sœurs de Grandchamp disent ensemble à haute voix ce texte
au début de chaque journée.

Prière

Sois béni, Dieu notre Père,
pour le don de ta parole dans les Saintes Écritures.
Sois béni pour ton invitation à nous laisser transformer par elle.
Aide-nous à choisir la vie et guide-nous par ton Esprit,
pour que nous puissions vivre le bonheur que tu désires tant partager avec nous.

Sixième jour : Accueillir l’autre – « Que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15,16)

6e Jour : Accueillir l’autre

« Que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15,16)

Gn 18,1-5         Abraham accueille les anges aux chênes de Mamré

Mc 6,30-44        La compassion de Jésus pour les foules

Méditation

Quand nous nous laissons transformer par le Christ, son amour en nous grandit et porte des fruits. L’accueil de l’autre est une manière concrète de partager l’amour qui nous habite.

Tout au long de sa vie Jésus s’est ouvert à ceux et celles qu’il a rencontrés. Il les a écoutés et il s’est laissé toucher par eux sans avoir peur de leur souffrance.

Dans l’Évangile de la multiplication des pains, Jésus est ému de compassion en voyant la foule affamée. Il sait que l’être humain tout entier a besoin d’être nourri et que lui seul peut véritablement les rassasier de pain et étancher leur soif de vie. Mais il ne veut pas le faire sans ses disciples, sans le petit peu qu’ils peuvent lui donner : cinq pains et deux poissons.

Aujourd’hui encore il veut nous associer à cet accueil inconditionnel. Il ne faut pas beaucoup pour que chacun se sente bienvenu : un regard, une écoute attentive, une présence vraie. Lorsque nous offrons à Jésus nos pauvres possibilités, lui-même les multiplie de façon surprenante.

Nous faisons alors la même expérience qu’Abraham : c’est en donnant que nous recevons, et lorsque nous accueillons les autres, nous sommes bénis en abondance.

« Dans un hôte c’est le Christ lui-même que nous avons à recevoir ». 

« Ceux que nous accueillons jour après jour trouveront-ils en nous des hommes, (des femmes) qui rayonnent le Christ, notre paix ?» [1]

Taizé, Les écrits fondateurs

Prière

Jésus le Christ, tu connais notre désir
d’accueillir pleinement les frères et sœurs qui se trouvent à nos côtés.
Tu sais combien souvent nous nous sentons démunis face à leur souffrance.
Toi le premier bien avant nous, tu les as déjà accueillis dans ta compassion.
Parle-leur à travers nos mots, soutiens-les à travers nos gestes,
et que ta bénédiction repose sur nous tous.

[1]. Ibid., pp. 99 et 42.

Septième jour : Grandir dans l’unité – « Je suis la vigne, vous êtes les sarments » (Jn 15,5)

7e Jour : Grandir dans l’unité

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments » (Jn 15,5)

1 Co 1,10-13 ; 3,21-23       Le Christ est-il divisé ?

Jn 17,20-23                        Comme toi et moi sommes un

Méditation

La veille de sa mort Jésus a prié pour l’unité des siens : « Que tous soient un… afin que le monde croie ». Liés à lui comme les sarments le sont au cep, nous partageons la même sève qui nous anime et qui circule entre nous.

Chaque tradition a ses richesses et est appelée à nous conduire au cœur de notre foi : la communion avec Dieu, par le Christ, dans l’Esprit. Plus nous vivons cette communion, plus nous sommes reliés aux autres chrétiens et à l’humanité entière. Paul nous met en garde contre une attitude qui déjà menaça l’unité des premiers chrétiens : donner trop d’importance à sa propre tradition au détriment de l’unité du Corps du Christ. Les différences deviennent alors séparatrices au lieu d’être enrichissements mutuels. Paul a une vision très large : « Tout est à vous, mais vous êtes à Christ et Christ est à Dieu » (1 Co 3,22-23).

La volonté du Christ nous engage sur un chemin d’unité, de réconciliation et nous engage aussi à nous unir à sa prière : « Que tous soient un… afin que le monde croie ».

« Ne prends jamais ton parti du scandale de la séparation des chrétiens confessant tous si facilement l’amour du prochain, mais demeurant divisés.
Aie la passion de l’unité du Corps du Christ. »
[1]

Taizé, Les écrits fondateurs

Prière

Esprit Saint, feu vivifiant et souffle léger,
viens habiter en nous.
Renouvelle en nous la passion de l’unité
pour que nous vivions conscients du lien qui nous unit en toi.
Que tous les chrétiens qui ont revêtu le Christ à leur baptême
s’unissent et témoignent ensemble de l’espérance qui les fait vivre.

[1]. Ibid., p.83.

Huitième jour : Se réconcilier avec tout le créé – « Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11)

8e Jour : Se réconcilier avec tout le créé

« Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite »  (Jn 15,11)

Col 1,15-20       Tout est maintenu en lui

Mc 4,30-32        Aussi petit qu’une graine de moutarde

Méditation

L’hymne au Christ dans l’épître aux Colossiens nous invite à chanter la louange du salut de Dieu, qui englobe tout l’univers. Dans le Christ crucifié et ressuscité, un chemin de réconciliation a été ouvert : même la création est promise à un avenir de Vie et de Paix.

Avec les yeux de la foi, nous voyons que le Règne de Dieu est une réalité toute proche mais encore toute petite, à peine visible comme une graine de moutarde. Cependant, il grandit. Même dans notre monde en détresse, l’Esprit du Ressuscité est à l’œuvre. Il nous pousse à nous engager avec toute personne de bonne volonté, à chercher inlassablement la justice et la paix et à rendre à nouveau la terre habitable pour toutes les créatures.

Nous prenons part à l’œuvre de l’Esprit pour que, dans toute sa plénitude, la création puisse continuer à louer Dieu. Lorsque la nature souffre, lorsque les humains sont écrasés, l’Esprit du Christ ressuscité, loin de nous laisser perdre courage, nous invite à nous engager avec lui dans son œuvre de guérison.

La nouveauté de Vie que le Christ apporte, si cachée soit-elle, est une lumière d’espérance pour beaucoup. Elle est source de réconciliation universelle et contient une joie qui vient d’ailleurs. « Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11).

« Veux-tu célébrer la nouveauté de vie que donne le Christ par l’Esprit Saint,
et la laisser vivre en toi, entre nous, dans l’Église, le monde et dans toute la création ? »
[1]

Taizé, Les écrits fondateurs

Prière

Dieu trois fois saint, nous te rendons grâce de nous avoir créés et aimés.
Nous te rendons grâce pour ta présence en nous et dans la création.
Que ton regard d’espérance sur le monde devienne le nôtre.
Ainsi, nous pourrons œuvrer à un monde où la justice et la paix s’épanouissent,
pour la gloire de ton nom.

[1]. Deuxième engagement pris à la profession dans la Communauté de Grandchamp.

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