Les mouvements et les groupes ecclésiaux sont une part essentielle de la vie de l’Église. Leur message « paraît aux limites du monde » (Psaume 18,5). Or la représentation de l’Église peut se limiter à celle d’un clocher, avec la messe et les services pour la communauté, les diocèses, la hiérarchie et, à l’horizon, le Vatican qui donne la mesure. L’intention que nous propose le pape pour ce mois de mai est précieuse pour compléter cette image.

Arrêtons-nous un instant sur la richesse de ces mouvements et groupes. C’est par milliers qu’ils se comptent. Il y a des mouvements de vie spirituelle comme l’Action Catholique, les familles franciscaine, carmélitaine, dominicaine, ignatienne, les sensibilités charismatiques. Les services missionnaires tels le Réseau Mondial de Prière du Pape, les Œuvres Pontificales Missionnaires, la Délégation Catholique pour la Coopération. L’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Les mouvements de jeunes comme l’ACE, le MEJ, le scoutisme. Les œuvres de solidarité avec le Secours Catholique, le CCFD-Terre solidaire, l’ACAT, AED ; celles au service des malades, des prisonniers, de l’éducation, de la formation, de la famille. Les mouvements présents à la vie économique et professionnelle, et ce qui naît aujourd’hui pour répondre à de nouvelles attentes.
Voilà l’Église des baptisés présente et agissante dans le monde. Résonne la parole de l’évangile :

« J’étais nu, malade, en prison… et vous êtes venus… – Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim… ? » (Matthieu 25, 35- 37)

Le bien ne fait pas de bruit ! Tout cela naît de personnes touchées par le Christ au cœur de leur vie et sensibles aux besoins du monde. Notre prière est d’abord une immense action de grâce.

Les mouvements et groupes ecclésiaux agissent aussi avec leurs limites humaines. Ils peuvent parfois céder à la tentation de s’en tenir à leur service et, par peur de faire du prosélytisme, passer sous silence leur enracinement évangélique. « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4,4). Telle est la mission évangélisatrice : ne pas cacher que cette présence aux autres vient d’un amour divin qui souhaite se donner à tous. Chacun doit pouvoir entendre résonner dans sa vie ce message qui se transmet à travers le service ou la parole. Si la rencontre de Dieu en Jésus Christ est un trésor – et elle l’est -, elle a besoin d’être présente au monde, d’enrichir la vie spirituelle de tous et d’être partagée. La mission pour les chrétiens est de donner à la mesure de ce qu’ils accueillent de Dieu. Beaucoup témoignent qu’en retour du service accompli, ils reçoivent plus qu’ils n’ont donné : « une mesure tassée, secouée, débordante » (Luc 6,38).

Daniel Régent sj., directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France