« Noël, espérance pour l’humanité » , par Mgr Raffin

Raffin Pierre - Metz

Le nouveau-né de Bethléem n’est pas seulement le messie qu’attendait depuis plusieurs siècles le peuple d’Israël, car Jésus ne vient pas seulement pour son peuple, mais pour toute l’humanité.

Ce n’est pas pour rien que l’Evangile a placé, peu après la naissance de Jésus, la venue des mages. Ces mages sont les prémices des nations païennes qui accueilleront le messie promis à Israël.
« Grâce à l’Evangile, commente l’apôtre Paul, les païens sont associés au même héritage, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus » (Ep 3, 6).
Noël a donc d’emblée une portée universelle, l’événement concerne toute la famille humaine.

En sommes-nous conscients ?

Les apôtres, que Jésus ressuscité enverra porter l’Evangile à toutes les nations, accompliront ce qui est annoncé au moment de sa naissance et de son épiphanie. L’Eglise, à leur suite, ne cesse de redire le même Evangile à toute la famille humaine.
Rien n’est plus contraire à l’Evangile que ces barrières qui empêchent les hommes de communiquer, d’échanger et de partager. Rien n’est plus contraire à l’Evangile que les inégalités et les injustices qui maintiennent les peuples les plus faibles sous la dépendance économique et politique des plus forts. Aussi, dans sa doctrine sociale, l’Eglise ne cesse-t-elle pas de faire appel à un ordre économique, fondé sur le partenariat et l’échange des dons, qui permette au plus grand nombre d’avoir accès aux biens de la création, au sein d’une humanité solidaire.

En comprenons nous le bien fondé ?

En 2003, dans son Exhortation sur l’Eglise en Europe, le pape Jean-Paul II interpellait les nations européennes à propos des migrations, et il les invitait à promouvoir une culture de l’accueil, qui régule les flux migratoires en tenant compte de « l’égale dignité de toute personne et du devoir de solidarité à l’égard des plus faibles » (n° 101). Ces appels ont été par la suite souvent repris tant par le pape et les évêques des pays européens que par de nombreux mouvements laïcs. 2 Dans son message pour la 97ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié (16 janvier 2011), Benoît XVI écrit : « Le phénomène de la mondialisation, caractéristique de notre époque, n’est pas seulement un processus socio-économique », il met en effet en avant « une humanité de plus en plus interconnectée, dépassant les frontières géographiques et culturelles… Tous appartiennent à une unique famille, migrants et populations locales qui les accueillent, et tous ont le même droit de bénéficier des biens de la terre, dont la destination est universelle ».

Sommes-nous ouverts à ces perspectives, même si elles sont souvent difficiles à atteindre ?

Pour mettre en œuvre ce programme, il faut « des hommes droits, des acteurs économiques et des hommes politiques fortement interpellés dans leur conscience par le souci du bien commun » (Caritas in veritate, n° 71). Noël ne peut être aujourd’hui espérance pour l’humanité que si les hommes se laissent interpeller et transformer par ce message et en font leur programme de vie, tant dans le gouvernement du monde, la direction des entreprises et des finances, que dans l’humble labeur de chaque jour.

Serons-nous de ceux-là ?

Joyeux Noël dans l’espérance !
fr. Pierre RAFFIN, o.p.
Evêque de Metz

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