« Donne-nous un cœur nouveau, mets en nous un esprit nouveau » (Ps 50), par Mgr Hamot

Chaque année, nous entendons cet appel de l’Eglise au moment de se mettre en route vers Pâques. « Revenez à moi de tout votre cœur » (prophète Joël). En effet, Pâques est la fête la plus importante dans notre foi catholique. C’est la Victoire du Ressuscité, la Victoire sur le Mal. Dieu a fait irruption dans la vie des hommes par son fils, cet événement s’accomplit dans les évènements de Pâques et de Pentecôte.

Pendant 40 jours, chiffre symbolique…Nous sommes invités à « changer » notre cœur, à nous tourner davantage vers Dieu, à nous convertir. Revenir au Seigneur, c’est l’attitude de l’enfant prodigue, c’est faire un temps d’arrêt, relire sa vie, se remettre en cause dans la réflexion et la prière. Notre vie actuellement est tellement trépidante qu’il y a peu de place pour faire une pause. La situation actuelle : temps de crise, le monde politique, le monde économique est là pour nous pousser à nous interroger sur le sens de la vie, le sérieux de nos projets et ainsi nous pousser au renouvellement.

L’Eglise a fait son examen de conscience, il y a 50 ans. Ce fut le Concile Vatican II, décidé et convoqué par le pape Jean XXII et Jean Paul II nous a rappelé que « le Concile fut un grand moment dans l’Eglise… Que tous ces hommes aient été rassemblés par l’Esprit saint, que pendant le Concile ait été formée une seule communauté où l’on s’écoute, où l’on prie, on pense et on crée ensemble, sont autant d’événements qui revêtent une importance fondamentale pour l’évangélisation… La Concile marque indiscutablement le début d’une ère nouvelle dans l’histoire de l’humanité et dans l’histoire de l’Eglise » (Jean-Paul II « Entrez dans l’espérance. ») Ce fut une démarche de conversion pour l’Eglise elle-même.

Durant ce carême 2012, « revenir au Seigneur » pour nous dans ce diocèse se traduira par « Revenir au Concile ». Découvrir ou redécouvrir le Concile Vatican II sera notre « programme de conversion. »

Tout particulièrement entre la fête de Pâques et celle de la Pentecôte.

Chez Jean XXIII qui meurt à peine quelques mois après la première session et chez Paul VI qui poursuit l’œuvre commencée par son prédécesseur, il faut souligner leur courageuse audace, leur volonté de réforme de l’Eglise, pour une mise à jour dans son dialogue avec le monde de manière à être mieux entendue par les hommes d’aujourd’hui.

Dans notre diocèse nous avons vécu un synode. Oserais-dire que ce fut pour nous, Eglise locale comme un mini-Concile. Analyser les situations, Oui ! Mais surtout faciliter la conversion des mentalités, chercher les moyens de mieux annoncer l’évangile, l’incarner dans les situations concrètes de la vie. Que cette Bonne Nouvelle soit une manifestation de l’amour de notre Dieu, qui a envoyé son Fils pour sauver le monde, redonner espérance aux pauvres, aux opprimés, aux découragés, aux aveugles sur le sens de leur vie. Il n’y a ni conversion des mentalités, ni renouveau chrétien des structures sans conversion personnelle.

Le carême nous met sur la route de la conversion. Nous sommes en marche vers Pâques pour recevoir du Seigneur un esprit nouveau. C’est répondre aux appels qu’Il peut nous lancer.
Pour les parents par exemple, c’est prendre au sérieux ses responsabilités de parents, c’est s’impliquer davantage à tout ce qui fait la vie de leurs enfants, c’est améliorer les problèmes de communication ; c’est aussi prendre le temps de relire sa relation avec Dieu.

Recevoir du seigneur un esprit nouveau, c’est pour les jeunes accueillir la lumière de l’évangile pour favoriser la rencontre de Dieu, répondre à son appel et le servir. L’événement dramatique du Lamentin qui a consterné toute l’île doit être au cœur de notre réflexion et de nos désirs de changement.

Alors, prenons ensemble la route qui monte vers Pâques. N’ayons pas peur de nous retrouver en petites communautés pour partager, à partir de l’évangile (cf. le questionnaire de carême), de regarder notre vie surtout en famille en société et prendre une décision de conversion. Le carême est aussi une excellente occasion pour nous interroger sur la participation à la vie de la communauté, en particulier la paroisse : qu’est-ce que je peux faire pour que les choses aillent mieux, quel concours apporter à la paroisse ne soyons pas des « consommateurs » de religion, mais des acteurs de l’évangélisation.

Mgr Jean Hamot

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