Homélie du dimanche 12 février

Dimanche 12 février 2023
6éme dimanche du Temps ordinaire année A

Références bibliques :

Lecture de Ben Sirac : 15. 15 à 20 : « Étends la main vers ce que tu préfères. »
Psaume 118 : « Ouvre mes yeux que je contemple les merveilles de ta Loi. »
Lettre de saint Paul aux Corinthiens : 1 Cor 2. 6 à 10 : « Nous proclamons la sagesse de Dieu. »
Évangile selon saint Matthieu : 5. 20 à 37 : « Quand vous dîtes oui, que ce soit oui. Quand vous dîtes non, que ce soit un non. »

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C’est dans le coeur de l’homme que se joue sa fidélité à Dieu et son ouverture aux autres. Et c’est que nous avons à assumer et traduire la pensée de Dieu que nous découvrons dans le « vécu » de Jésus-Christ.

RECHERCHER

Sur les bords du Jourdain, André et Philippe recherchaient quel était celui dont les prophètes avaient parlé. Ils ne voulaient pas en rester au simple commentaire des scribes ni même ceux plus élaborés des docteurs de la Loi.

Ils avaient quitté le monde clos de Jérusalem où ces doctes personnes jasaient sur des textes, que des scribes transcrivaient en même temps qu’ils les explicitaient par de savants commentaires.

Ils ne voulaient pas en rester là. Ils voulaient voir clair. Ben Sirac avait dit : « Étends la main. Regarde et choisis. »

Sur les bords du Jourdain, André et Philippe ont découvert une voix qui se faisait entendre. Elle était l’écho de celle des prophètes. Elle ne proclamait pas une sagesse de ce monde. Elle voulait, humblement, proclamer la pensée de Dieu qu’il avait découvert.

Jean-Baptiste était venu pour rendre témoignage à la lumière, celle qui venait dans ce monde pour illuminer les hommes. (St Jean. 1. 3 et 4)

DÉCOUVRIR

Mais la sagesse est un mystère de Dieu. « Ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles. »

Les grandes discussions que nous pouvons avoir en nous-mêmes comme avec nos proches, seront toujours partielles et bien souvent partiales si elles n’en restent qu’à une discussion sur le rituel de nos gestes sociaux ou moralisateurs.

Les profondeurs du mystère ne peuvent se mesurer. La morale naturelle ne contredit pas la pensée de Dieu, mais elle n’est pas toute la pensée de Dieu que Jésus nous a révélée.

Et qui peut atteindre cette pensée s’il n’y a pas un immense amour, un amour attentif à accomplir toute la loi, dans un comportement intérieurement vécu, plus radical aussi d’ailleurs parce que Jésus appelle chacun de nous à se dépasser lui-même comme à dépasser la lettre, pour mener une vie de foi authentique.

C’est d’abord la loi de Dieu qui doit être la nôtre, que nous avons à connaître, que nous avons à faire connaître, que nous avons à traduire dans nos gestes quotidiens pour Dieu, comme pour nos frères. « Ouvre mes yeux que je contemple les merveilles de ta Loi »… et pas seulement la lettre.

LE TRADUIRE DANS NOS VIES

« N’en restez pas là… moi je vous dis… » La Loi est sans doute une merveille, mais elle doit être vécue comme le Christ l’a vécue. Car pour lui, tout se joue désormais au niveau du cœur humain qui doit être à l’image et à la ressemblance du coeur de Dieu.

Interdite la colère contre un frère parce qu’elle porte en elle le germe d’un véritable meurtre. Interdite la convoitise, parce qu’elle porte en elle comme le vol d’une richesse intime. Interdits les serments vrais ou faux, parce qu’ils détruisent la force de la vérité.

Nous avons à nous en tenir à la seule parole, celle du « oui », celle du « non », celle de la vérité et du respect profond de la personnalité de notre frère à qui nous devons la vérité

Et nous qui croyions que l’Évangile n’était que douceur, piétisme émotionnel, consolation, indulgence, nous voici confrontés à des exigences sans précédent. Alors bien souvent nous réagissons comme les apôtres : « Mais, qui peut être sauvé? » (Mc 10,26).

La réponse de Jésus nous la connaissons, mais nous avons crainte de nous y engager parce qu’en effet elle est très exigeante. « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire! » (Jn 15,5).

Nulle morale chrétienne n’est possible sans le support d’une vie spirituelle, disons même, mystique: celle de notre union avec le Christ, de notre greffe sur sa propre personne, source du vouloir et du faire.

Posé sur nous, son regard de tendresse nous fait découvrir que, sans lui, nous ne pouvons rien faire, mais qu’avec lui et en lui, tout devient possible.

Posé sur nos frères, notre regard, s’il est celui-là même de Dieu qui est amour, ce regard nous donne la réponse car alors nous nous demandons comment le Christ agirait en pareille circonstance, et comment désormais doit être pour chacun d’entre nous la manière personnelle d’accomplir la Loi.

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« C’est à nous que Dieu, par l’Esprit, a révélé cette sagesse, car l’Esprit voit le fond de toutes choses et même les profondeurs de Dieu. » (1ère aux Corinthiens. 15. 20)

année liturgique B