L’avenir de la société passe par la famille

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Ingénieur des Mines, marié et père de trois grands enfants, Antoine Renard, 60 ans, est Président de la Confédération nationale des Associations Familiales Catholiques (AFC) depuis 2007. Dans les deux ans à venir, il souhaite augmenter le nombre d’adhérents et développer les AFC au plan international. Interview-bilan la veille l’Assemblée générale des AFC.
 

A travers des prises de parole ou la publication de documents, les AFC sont mobilisées sur les questions de bioéthique. Quels fruits recueillez-vous de ces actions ?

Ce sujet a sérieusement intéressé tout le monde. C’est très bon signe. Il se trouve que les évêques avaient pris de l’avance. Dans leur sillage, des chrétiens se sont beaucoup exprimés, avec intelligence et pertinence. J’observe que l’écoute du côté de la société en général a été bonne. Mais le bilan du texte, tel qu’il a été voté par l’Assemblée nationale en février, est forcément mitigé. Nous avons évité le pire mais pas forcément obtenu le meilleur. Et il subsiste naturellement quelques zones d’ombre. Parmi les points extrêmement positifs : le maintien du principe d’interdiction de la recherche sur l’embryon. Il reste un principe dérogatoire mais il est intéressant que le principe d’interdiction ait été confirmé. Il y avait tout de même un peu d’inquiétude. Nous saluons l’intérêt exprimé pour la recherche sur le sang de cordon et les crédits supplémentaires pour la recherche sur les causes d’infertilité. Ce qui nous inquiète, c’est par exemple l’autorisation du don d’ovocyte pour des femmes qui n’ont pas été mère et la possibilité d’accéder à l’AMP (Assistance Médicale à la Procréation) sans condition de stabilité pour des couples composés d’un homme et d’une femme, quelque soit le statut. Cela nous paraît conforter le droit à l’enfant, sans considération de l’intérêt de l’enfant. Cela montre une confusion. Nous allons maintenant attirer l’attention des sénateurs à ce sujet. Je suis assez impressionné par les réactions de parlementaires qui ont exprimé le désir de nous rencontrer. Ils ont voulu aller un peu plus loin. C’est la première fois qu’il y a un tel écho.
 

Avec « Familles 2011 », les évêques de France ont souhaité valoriser la famille tout au long de l’année. Comment vous inscrivez-vous dans cette démarche ?

Nous situons notre action sur le terrain politique. Nous sommes un mouvement politique, de militantisme en faveur d’une politique familiale. Nous le faisons en étant membre d’une institution qui est l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF). Nous participons à un certain nombre d’organes qui conseillent le gouvernement sur la politique familiale. Que constatons-nous aujourd’hui ? Premièrement, la famille est l’aspiration des jeunes. Dans les sondages, « réussir sa vie de famille » est l’objectif numéro un. Pour autant, la société leur répond que c’est presque un rêve et c’est que quasiment impossible. On nous répète tous les jours qu’un couple sur deux divorce. Ce qui signifie aussi qu’un sur deux tient le coup ! Donc tous les messages envoyés sont un peu négatifs. Deuxièmement, la famille est reconnue comme cellule de base de la société par un certain nombre de textes fondamentaux. Y compris par la Charte sociale européenne. Les chrétiens ne sont pas les seuls à le dire. Il existe un consensus général. Pour autant, on observe d’abord un certain retrait des pouvoirs publics vis-à-vis de la famille comme institution et vis-à-vis de la famille instituée par le mariage, parce qu’on voudrait la cantonner à la sphère privée. Notre impression est que tout ceci est renforcé par le fait que les unions entre hommes et femmes sont fondées sur le sentiment et non plus sur l’intérêt. Du coup, c’est une réalité subjective dont l’Etat se désengage. Ensuite, notre politique familiale est devenue compliquée… au point qu’on ne comprenne plus l’intérêt d’en avoir une. C’est d’autant plus ennuyeux que l’Europe entière nous l’envie… La natalité n’est pas la seule raison d’encourager les familles. Nous, chrétiens, défendons l’idée : « à chacun selon ses besoins ». Les besoins d’une famille ne sont pas les mêmes que ceux d’un individu. Il y a donc, au nom de la justice, une répartition de la richesse produite qui doit tenir compte du fait familial. Je ne vois pas comment la société peut concevoir son avenir s’il ne passe pas par les familles. Elles sont le lieu d’accueil de la vie, des premiers apprentissages et notamment celui de la solidarité.
 

Vous lancez un pèlerinage en Terre Sainte pour les familles cet été ?

Ce n’est effectivement pas dans l’habitude des AFC parce que nous ne sommes pas un mouvement pastoral. C’est tout à fait exceptionnel. Ce pèlerinage coïncide avec « Familles 2011 » pour l’Eglise en France, l’élection présidentielle où, à l’évidence, les sujets de société vont prendre encore une importance accrue et la perspective de la Rencontre mondiale des familles, à Milan, en 2012. Notre démarche est originale puisque c’est un pèlerinage de familles. Mais c’est difficile parce que c’est très loin, donc très cher. Nous pensons qu’à l’échelle d’une association locale, il y a un intérêt pour tous à ce que quelques familles y aillent. Que tous participent au financement de leur voyage pourrait être une bonne idée.
 

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Fête des familles avec les AFC

Outre la préparation des principaux colloques « Familles 2011 » et le pèlerinage en Terre Sainte cet été, les AFC organiseront la Fête des familles, le 9 octobre 2011. Un événement populaire et festif en écho au colloque de clôture à Paris, le 1er et 2 octobre prochains.

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